Bataille pour un siège sénatorial

La conquête de ce siège aura été le plus cher de l'histoire sénatoriale américaine. Les deux adversaires ont dépensé, ensemble, 70 millions de dollars pour tenter de se faire élire. Pour la candidate démocrate, l'enjeu essentiel consistait à ramener aux urnes les électeurs traditionnellement démocrates qui les avaient boudées il y a deux ans, permettant à l'opposant républicain de créer la surprise. Pari réussi là encore : près d'un million d'électeurs supplémentaires se sont cette fois déplacés. Ce résultat confirme, là encore, la tendance constatée dans de nombreux Etats où la mobilisation électorale s'est accrue.

Sa victoire constitue aussi un succès important pour la gauche démocrate, qui a fait d'elle une de ses égéries après son départ de la Maison Blanche. Proposée pour prendre la direction de l'Agence de défense des consommateurs de la finance, un organisme public de protection des petits actionnaires et investisseurs boursiers contre les pratiques jugées outrageantes de la haute finance, Mme Warren avait fait l'objet d'un tir de barrage continu des républicains au Sénat.

Elizabeth Warren avait promis aux démocrates de "rapatrier" le siège de sénateur du Massachusetts qu'avait occupé durant près de quatre décennies Edward Kennedy et qu'avait, presque indûment capturé en 2010, aux yeux des démocrates, Scott Brown, un républicain modéré de dix ans son cadet. Menée presque constamment depuis mars dans les sondages locaux, Mme Warren n'est passée devant qu'au début octobre.

Mais elle a réussi son pari. Et avec une marge plutôt inattendue, en obtenant 53 % des suffrages contre 47 % pour Scott Brown. Ce faisant, elle conforte une tendance qui a vu les démocrates préserver avec une relative facilité leur majorité au Sénat, que leurs adversaires ont longtemps cru possible de leur ravir.

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