Bataille Dans La Galaxy Islamiste (Le Monde)
Recherche de Documents : Bataille Dans La Galaxy Islamiste (Le Monde). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar samsouma • 12 Mars 2013 • 856 Mots (4 Pages) • 1 531 Vues
Bataille dans la galaxie islamiste
LE MONDE | 21.09.2012
Sur l’affaire du film islamophobe et des réactions en chaîne qu’il a déclenchées dans le monde arabe, la vérité est dans les chiffres. Au Caire, cette mégalopole de 17 millions d’habitants, habituée à manifester par dizaines voire centaine de milliers, les heurts de la semaine passée, devant les murs de l’ambassade américaine, n’ont pas rassemblé plus de quelques milliers de personnes.
A Tunis, vendredi 14 septembre, la journée de mobilisation la plus forte, qui s’est soldée par quatre morts et des dégradations dans la cour de la représentation américaine, les protestataires n’étaient que quelques centaines. Même affluence limitée à Sanaa, au Yémen, où la mission des États-Unis a subi là aussi quelques dommages.
Les deux seuls rassemblements massifs, celui de Khartoum, le 14 septembre – 10 000 personnes – et celui de Beyrouth, le 17 septembre – plusieurs dizaines de milliers –, sont aussi ceux qui ont été les moins spontanés. Tant Omar Al-Bachir, le président du Soudan, poursuivi pour génocide par la Cour pénale internationale pour son rôle au Darfour, qu’Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, fragilisé par son soutien au régime syrien, avaient besoin de mobiliser leurs troupes.
OPPOSITION ENTRE COURANT RÉFORMISTE ET LITTÉRALISTE
Que le film anti-islam ait indigné une bonne partie du monde musulman est une évidence. Qu’il l’ait mis tout entier en ébullition est un contresens. « La véritable info, c’est qu’il n’y avait pas grand monde dans les manifestations du Caire », martèle le chercheur Stéphane Lacroix, spécialiste du monde arabe. Dans ce fameux « monde musulman », une expression générique qui ne fait pas justice à la diversité des opinions qui s’y expriment, nombreux sont ceux qui ont ressenti davantage de mépris que de colère à la vue de ce « naveton » islamophobe.
Beaucoup se sont offusqués du fait que les délires d’un petit escroc copte, Nakoula Basseley Nakoula, l’auteur présumé du film, suscitent plus de protestation que les massacres perpétrés par la machine de guerre syrienne.
Davantage qu’un nouvel épisode d’une improbable guerre des cultures, ce qui se joue dans les rassemblements contre le film est une bataille interne à la galaxie islamiste. Elle oppose le courant réformiste, emmené par les Frères musulmans, grand vainqueur des consultations post-révolutions, au courant littéraliste incarné par les formations salafistes, qui tentent de s’ériger en opposant numéro un.
L’accession à la présidence égyptienne de Mohamed Morsi, un cadre de la confrérie, et la victoire aux législatives tunisiennes du parti Ennahda, autre incarnation d’un islamisme qui se veut « modéré », ont libéré un espace politique dans lequel les salafistes se sont engouffrés. Obligés de se recentrer du fait des responsabilités qui leur incombent, les premiers ont de facto cédé aux seconds la fonction protestataire qu’ils assumaient jusqu’alors.
Les quinze minutes d’obscénités foutraques concoctées par le mystérieux Nakoula ont fourni aux tenants du salafisme l’occasion rêvée de déstabiliser leurs rivaux sur le terrain où ils se croyaient inattaquables, à savoir la défense
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