BONIFACE VIII, Bulle Unam Sanctam, 18 novembre 1302.
Commentaire de texte : BONIFACE VIII, Bulle Unam Sanctam, 18 novembre 1302.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ivan Kartoshka • 11 Mars 2022 • Commentaire de texte • 2 195 Mots (9 Pages) • 645 Vues
Sujet à traiter : BONIFACE VIII, Bulle Unam Sanctam, 18 novembre 1302.
Éd. G. BIGEARD, M. FAUCON, A. THOMAS et R. FAWTIER, Les registres de Boniface VIII, t. III, Paris, 1906-1920, coll. 888-890. (Commentaire de texte)
« Il n’y a pas d’autorité, de corps social organisé, sans l’union du roi et du clergé», Hincmar, Archevêque de Reims du IXème siècle.
Ce dеrniеr traduit les rapports qu’entretiennеnt l’Eglise et l’Etat au Moyen Âge. La réforme Grégorienne du XIèmesiècle qui tеndait à recentrer, vers ses aspirations originelles, un clergé détourné par le système féodal ; affirma la souveraineté sur terre de l’Eglisе. Le règne du Pape Boniface VIII (1292-1303) va achever l’ère des papes grégoriens.
Une bulle pontificale désigne un textе normatif émanant du pape de Rome, par lequel est posé un acte important, abordant le gouvernement de l’Église.
Le 18 novembre 1302, Boniface VIII (1235-1303), édicte la bulle Unam Sanctam « Une Sainte (Église) », sur l’unité de l’Église. Elle fut lancée à l’occasion d’un concile épiscopal d’évêques du royaume de France, réunis à Romе. Par cette bulle, le pape (ré)affirme l’ascendant de l’Église sur l’état, et se qui en découle, à savoir l’obligation pour tout homme d’obéir à la volonté du pape. Le texte ne semble pas être de nature normative ; son contenu fut par la suite intégré au Corpus Iuris Canonici, et son contenu reprend des idées de Thomas d’Aquin, Huges de Saint-Victor, ainsi que des lettres du pape Innocent III. Sa rédaction fut influencée par des théologiens comme Aegidius Colonna et Gilles de Rome. Bien que s’agissant d’une bulle pontificale, on ne peut le définir comme normatif.
Le Pape Boniface VIII, de son nom civil Benedetto Caetani, est l’un des meilleurs canonistes de son temps et le dernier partisan de l’augustinisme politique, c’est-à-dire de la théorie pontificale (conception Grégorienne). Il obtient la mitre de cardinal en 1281 et sera élu pape le 24 décembre 1294. Politiquement, il s’affronte au roi de France Philippe le Bel (1268-1314) quand celui-ci ambitionne d’imposer une décime, impôt perçu par le roi sur le clergé, sans le consentement du pape. Boniface VIII défendra durant sa papauté la théorie de la primauté de l’autorité papale dans toutes les affaires de l’Eglise et du monde. Ainsi, la bulle se présente comme une exposition des principes qui règlent les rapports entre le pouvoir spirituel de l’Eglise et les pouvoirs temporels. Elle a été écrite au moment d’un dur conflit
entre le pape et la royauté de France, né au XIIIème siècle avec l’avènement de deux théories antagonistes. La première, celle des Grégoriens, affirme la supériorité du pape sur le fondement de la théorie de la théocratie pontificale. La deuxième, défendue par les légistes du roi, soutient la conception du roi Philippe Auguste : « le roi est empereur en son royaume ».
Philippe le Bеl est couronné en 1285 ; il réagit contre l’emprise de l’Église sur la souveraineté royale. En effet, le souci du strict respect des règles du droit canonique poussent les juges ecclésiastiques à intervenir dans les affaires de nature laïque. La bulle Unam Sanctam fait suite à la bulle Ausculta fili (1301), dans laquelle le pape affirme que le chef de l’Eglise est « au dessus des rois et des royaumes ». En réaction à cette bulle, Philippe le Bel rassemble les états généraux au Louvre. L’assemblée démontre que le roi de France détient son pouvoir de Dieu, et qu’ils (le clergé) tenaient de lui comme de leurs souverain ; Philippe le Bel décida alors que le pape ne serra plus d’autorité dans les matières civiles. C’est en réponse à cette défiance du roi que Boniface VIII rédige la bulle Unam Sanctam.
Ainsi, Boniface VIII rappel à tous les hommes des royaumes catholiques, de se croire sujets aux dogmes édictés par le saint siège – l’unité de l’Église de Rome ; l’appartenance à un seul corps, gouverné par une seule tête. Par conséquent, on se rend compte que le pape avait un désir très prononcé de voir l’Eglise se voir légitimiser un statut d’autorité suprême et souveraine sur terre. Nous en venons alors à nous demander dans quelle mesure Boniface VIII, par sa théorie de la théocratie pontificale, dresse-t-il une vision hiérarchisée des pouvoirs spirituel et temporel et tente par là de soumettre le prince ?
Pour y répondre, nous aborderons l’analyse approfondie de la réaffirmation de l’unité de L’Eglise (I) puis l’étude de la soumission du pouvoir temporel au pouvoir spirituel (II).
I. La réaffirmation de l’unité de l’Eglise
L’intérêt de cette réaffirmation réside tout d’abord dans l’envie de Boniface de mettre en avant l’unique corps de l’Eglise (A) puis ensuite de l’opposer aux multiples « têtes » du pouvoir Royal (B)
A. L’Eglise : Un seul corps, Une seule tête
Le pape a l’envie profonde d’affirmer le pouvoir unique de l’Eglise. C’est dans cet esprit là qu’il déclare alors dans sa bulle « Cette Église une et unique n’a qu’un corps et qu’une tête » (l. 5). Cette perception du pouvoir pontificale est donc dédoublée : on a un seul corps et une seule tête. L’intérêt de ce postulat c’est avant tout de faire entendre à quel point l’Eglise allie corps et esprit. Bien que le pape soit le souverain de cet ensemble hiérarchique, il est supposé pour BonifaceVIII d’être en accord avec le clergé français. Cette organisation de l’Église est « Sainte […] catholique et une et apostolique » (l. 1). Vision très manichéenne du fait de sa méfiance totale envers le pouvoir temporel que représente à l’époque Philippe le Bel.
Si l’Eglise n’a qu’une seule tête c’est parce que le Christ a délégué ses pouvoirs aux apôtres et que ces mêmes apôtres ont alors reçus une grâce divine faisant d’eux des êtres humains au dessus de tout jugement : « L’homme spirituel juge tout et il n’est lui-même jugé par personne » (1 Corinthiens 2, 15 ; l. 30-31). Boniface VIII réfère l’autorité de l’Église te de la papauté principalement à deux apôtres : Pierre et Paul. C'est à Paul que la religion chrétienne doit sa séparation avec le judaïsme et sa vocation à l'universalité. Appelé l'Apôtre des «Gentils», c'est à dire des non-juifs, il est considéré comme le deuxième fondateur du christianisme, après le Christ lui-même. Quant à Pierre, il est l'un des douze apôtres du Christ, parmi lesquels il tient une position privilégiée, il est selon l'église Catholique le chef de l'Église fondée par Jésus de Nazareth. D'après la tradition chrétienne Catholique Romaine, il est le premier évêque de Rome, ce qui, pour les catholiques, fonde la primauté épiscopale.
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