Peut-on assimiler le monde à une machine ?
Dissertation : Peut-on assimiler le monde à une machine ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar loladupont1 • 15 Novembre 2022 • Dissertation • 2 365 Mots (10 Pages) • 361 Vues
Khôlle n°1: Peut-on assimiler le monde à une machine?
Dans sa Bibliothèque historique, Diodore de Sicile raconte l’histoire de Dédale dont le nom signifie « l’ingénieux ». Dédale, qui est un technicien mais aussi un architecte, est celui qui a bâti en Crète le labyrinthe où vivait le Minautore, l’enfant illégitime et monstrueux qui était issu de l’union entre un taureau et Pasiphaé, la femme du roi de Minos. C’était également lui qui avait construit la machine volante censée permettre, à lui et à son fils Icare, d’échapper au roi Minos qui ne lui pardonnait pas d’avoir contribué à la trahison de Pasiphaé. Or, poursuivant ses désirs, Icare connut une fin tragique. Nous remarquons alors ici la fragilité de l’ingéniosité humaine. Il faut alors se demander si le monde de l’homme peut être défini comme une machine?
Par principe, la récurrence des phénomènes terrestres, la cyclicité du mouvement des planètes, l’énergie perceptible émanant des étoiles peuvent justifier un rapprochement entre le monde; qui par définition, selon Le Robert, est l’ensemble de ce qui existe; et la machine que nous pouvons définir comme un système de pièces articulées de façon à produire un effet déterminé. Mais il faut se questionner sur la pertinence de cette analogie. Toute machine possède son ou ses ingénieurs, cependant est-il vrai qu’un Créateur, peut-être Dieu, soit à l’origine du monde? Certes, le fonctionnement d’une machine suppose une régularité mais le cosmos est-il prévisible de la même façon? La machine implique de son côté une production à base de matière transformée et d’énergie. Or, le monde, lui, est aujourd’hui vu comme infini et illimité à travers le temps et l’espace, comme le montre les images de la NASA de James Webb. Ainsi, comment ce monde pourrait-il extérioriser quelque chose? De ce fait, ces problèmes nous poussent à nous interroger vers la problématique suivante: si nous assimilons le monde à une machine, que ce soit par le réel ou sous la forme d’une analogie (= similitudes entre deux choses de natures ≠), n’est-ce pas chercher à comprendre le monde qui nous entoure de la même manière que ce que l’homme est capable de construire? L’association du monde à une machine est-il purement scientifique ou pouvons-nous le retrancher à la réalité? En cherchant à calquer le monde à quelque chose, cherchons-nous à le connaître ou plutôt à le dominer?
Dans un premier temps, nous montrerons que le monde est fabriqué à la perfection telle une machine. Cependant, nous verrons dans un 2è temps que la perfection de la machine est relative puisque le monde est une construction perpétuelle de l’homme. Enfin, nous parlerons d’une machination contre l’h.
- Le monde est fabriqué telle une machine
A)
De prime abord, pour que le monde soit légitimement comparé à une machine, il faudrait d’abord que, comme elle, il soit construit rationnellement, pièces après pièces, à partir d’une matière transformée par un être savant. Or, l’histoire de la cosmologie, qui est la science qui étudie l’origine de l’univers, si elle ne tient pas compte de la représentation biblique de la création du monde, alors semble être alliée au modèle de la machine.
Si nous prenons l’exemple du démiurge; qui est le Dieu créateur de l’univers; et que Platon fait intervenir dans son oeuvre le Timée, alors nous voyons que le philosophe compare celui-ci à un artisan qui va construire le monde comme on va construire un automate. Le démiurge se munit des Idées Eternelles qui lui servent de plan, du découpage réglé du matériau qui lui sert à former une sphère, ici la sphère du cosmos, dans laquelle il y insère une « âme », semblable à un moteur, qui permet la rotation de la sphère. Ce mythe autoriserait donc à affirmer que le monde est bien une machine.
B)
Ensuite, une hypothèse qui dirait que le monde serait éternel et donc qu’il n’aurait pas besoin d’être construit, remettrait en cause son rapprochement avec la machine. Certes, cette hypothèse est aussi un défi pour la cosmologie qui ne peut se satisfaire de la solution matérialiste d’Epicure parce qu’elle ne peut pas penser l’origine des atomes dont l’agrégation finit par configurer des mondes qui soient éphémères.
C’est que, comme le voit Kant dans sa Critique de la raison pure, la raison se heurte à des contradictions dès qu’elle s’aventure à spéculer sur l’origine du monde. Si la thèse affirme que « le monde a un commencement dans le temps et qu’il est aussi limité dans l’espace » n’est pas plus démontrable que l’antithèse qui soutient que le monde est « infini dans le temps comme dans l’espace », c’est parce qu’aucune XP ne permet de trancher le débat. Or, pour Kant, il n’y a de science que des phénomènes.
Donc un discours qui prétendrait établir scientifiquement que le monde a été fabriqué par un grand horloger (Voltaire) est invérifiable.
C)
Enfin, il faudrait que ça soit un ingénieur divin qui produise le monde. Nous pouvons penser qu’en imaginant que le monde est une machine, l’homme se persuade qu’il vivrait dans un univers parfaitement agencé.
Car, s’il est vrai qu’une machine ne fonctionne durablement que si ses mouvements internes aient été préalablement réglés, alors il y a qqch de rassurant à transposer le modèle à tout l’univers. Tel est le sens qu’il faille donner à la théorie de Leibniz. Dans ses Essais de Théodicée, l’auteur dit que notre monde est « le meilleur des mondes possibles » grâce à un Dieu parfaitement bienveillant qui ne puisse faire advenir qu’un monde optimisé. En raison de la perfection de son Créateur, le monde est non seulement une machine mais la meilleure des machines qui puisse exister, càd celle qui comporte le maximum de diversité dans le maximum d’unité. Dans la Monadologie, Leibniz dit que Dieu fait le monde en calculant. Ainsi, les machines créées par l’homme ne sont pas parfaites, seules celles faites par Dieu, soit chaque organisme vivant, est une machine divine qui peut être divisée à l’infini.
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