Kant action bienfaisante et amour
Commentaire de texte : Kant action bienfaisante et amour. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar enzo pichard • 28 Janvier 2022 • Commentaire de texte • 2 515 Mots (11 Pages) • 697 Vues
Correction du commentaire du texte de Kant :
Le texte de Kant que nous sommes chargés d’étudier a pour thème la morale et l’action bienfaisante et il s’interroge sur ce qui fait la valeur morale d’une action : suffit-il de faire le bien pour agir moralement ? L’action morale ne peut-elle être effectuée que par devoir ? N’y aurait-il pas plus de valeur morale à accorder à l’action faite spontanément, naturellement, par inclination au bien, par compassion ? Kant répond à ces questions en affirmant que l’action véritablement morale est celle qui est effectuée par devoir et non par inclination et remet donc en question l’opinion courante selon laquelle, il faudrait valoriser d’un point de vue moral l’action de celui qui tend naturellement au bien, selon laquelle donc la morale trouverait sa condition dans la sensibilité aux souffrances et aux malheurs des autres (ce qui laisserait supposer qu’un être insensible ne pourrait agir moralement).
Dans un premier temps qui s’étend de la ligne 1 à 8, en s’attachant au cas particulier de ceux qui ont une tendance naturelle au bien, il s’efforce de remettre en question l’idée d’une morale fondée sur la sensibilité et fait apparaître le manque de moralité des actions bienfaisantes réalisées par inclination. Puis dans un second temps (ligne 8 à 14), pour renforcer son propos et procéder à une argumentation plus positive de sa thèse, Kant va s’appuyer sur un exemple qui va lui permettre d’inverser totalement la perspective initiale : la moralité la plus haute n’apparaît pas dans l’action de celui qui n’est mû que par sa sensibilité aux souffrances des autres, mais se manifeste d’autant mieux chez celui qui n’ayant plus ou pas cette sensibilité, n’agit que par devoir, en s’efforçant de faire le bien. Puis dans un dernier moment (de la ligne 15 à la fin du texte), il va déduire de son argumentation une certaine interprétation de la maxime chrétienne exigeant l’amour du prochain, maxime qui pourrait donc sembler en contradiction avec son argumentation, mais que Kant va justifier et valider en distinguant deux types d’amour.
Le texte débute par l’exposition d’une conception courante et évidente de la morale, voire d’une banalité : faire le bien est une obligation qui s’impose à nous, du moins dès que la possibilité d’une telle action nous est offerte. Cette platitude apparente (chacun admet en effet qu’il faut s’efforcer de faire le bien) permet à Kant de mettre en évidence une sorte de problème : l’opposition entre cet aspect obligatoire, presque contraignant de l’action bienfaisante, qui supposerait donc des efforts, et l’existence, chez certains individus, d’une inclination naturelle et sensible à agir conformément aux valeurs morales, individus qui dès lors apparaissent aux yeux de l’opinion courante comme détenant la plus haute valeur morale dans le sens où ils n’ont justement plus besoin de s’efforcer à faire le bien, celui-ci semblant en effet découler de leur nature même, et dans le sens où leur bonheur ne se trouve que dans le bonheur des autres, trouve sa condition en lui : ces personnes seraient donc intrinsèquement bonnes et leurs actions seraient d’une moralité parfaite, dénuées en apparence de tout intérêt particulier (sans motif de vanité ou autre). Si l’on suit donc cette conception courante il faut donc s’efforcer de faire le bien, mais il est mieux de pouvoir le faire spontanément, par inclination et d’y trouver du plaisir. On notera cependant que dans la description de ce cas, Kant fait déjà apparaître, de manière sans doute implicite et allusive, ce qui selon lui doit faire douter de la perfection morale des actions faites par inclination au bien, à savoir qu’elles sont peut-être liées à un intérêt particulier : ces personnes trouvent en effet une satisfaction intérieure à faire le bien, satisfaction d’autant plus grande, nous signale Kant que le bonheur des autres résulte de leur action.
Puis, de la ligne 3 à 8, il remet frontalement en cause la moralité de cette action, d’une part en effectuant une séparation entre le contenu concret d’une action qui peut être effectivement en conformité apparente avec ce qui est exigé d’un point de vue moral (faire le bien) et qui, de ce simple point de vue serait donc louable, et la valeur morale véritable de cette action (ce qui laisse supposer qu’il ne suffit pas de faire le bien pour agir moralement), et d’autre part en effectuant un rapprochement entre l’inclination au bien, la compassion et une autre inclination, connotée beaucoup plus négativement d’un point de vue moral, à savoir l’ambition, rapprochement qui a pour but de rabaisser moralement la compassion, de la mettre au même niveau que toutes les autres inclinations : comme il le montre au sujet de l’ambition, une inclination peut pousser à des actions qui vont être conformes au bien, mais pour autant elle n’a pas de valeur morale. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas été effectuée par devoir signale Kant. Autrement dit, l’action aboutit au bien mais ce n’est pas le bien qui est visé en tant que tel, mais comme le faisait apparaître la première phrase, un intérêt particulier. Ainsi par ambition un individu peut rendre de grands services à son pays ou à son peuple, et il doit sans doute être remercié pour cela, mais en définitive il ne servait que lui-même. Comme le signale d’ailleurs à ce moment Kant ce n’est finalement que par accident (« heureusement ») qu’en servant ainsi son intérêt particulier il sert aussi celui de son pays : si les deux intérêts ne coïncidaient pas, l’ambitieux privilégierait sans aucun doute le sien au détriment de celui de son pays. En définitive ce que Kant met en évidence ici c’est que lorsqu’on agit par inclination (et la compassion ne fait pas exception), on n’agit pas parce qu’il est bien d’agir ainsi (donc pas dans l’intention de faire le bien), mais parce que cela nous plaît d’agir ainsi, parce que cela nous fait plaisir. Alors que agir par devoir, c’est agir en dehors de toute inclination sensible, non parce que cela nous plaît, mais parce que cela est bien, qu’on le doit : agir par devoir c’est viser le bien en tant que tel. Il est donc alors clair que c’est tant mieux si l’inclination concorde avec ce qui est bien, mais pour autant, comme le conclut Kant on ne doit pas aller jusqu’à la respecter et lui reconnaître une véritable valeur morale dans la mesure où elle nous amène à considérer les autres, non comme des fins, mais comme des moyens au service de notre satisfaction et nous mettre ainsi en contradiction avec une des grandes maximes de la raison pratique (« Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité, en toi, et chez les autres comme une fin et jamais comme un moyen. »).
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