Fiche de lecture : Sylvie MOUYSSET, « De mémoire, d’action et d’amour : les relations hommes/femmes dans les écrits du for privé français au XVIIème siècle », Dix-Septième Siècle (n°244), 2009, p. 393 à 408
Compte rendu : Fiche de lecture : Sylvie MOUYSSET, « De mémoire, d’action et d’amour : les relations hommes/femmes dans les écrits du for privé français au XVIIème siècle », Dix-Septième Siècle (n°244), 2009, p. 393 à 408. Recherche parmi 300 000+ dissertations
Par Tommy Holland • 6 Février 2024 • Compte rendu • 925 Mots (4 Pages) • 188 Vues
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Sylvie MOUYSSET, « De mémoire, d’action et d’amour : les relations hommes/femmes dans les écrits du for privé français au XVIIème siècle », Dix-Septième Siècle (n°244), 2009, p. 393 à 408 |
Sylvie Mouysset est professeure d’université depuis 2007 à Toulouse. Surtout spécialisée dans l’histoire urbaine, sa thèse est consacrée aux élites municipales de Rodez. Ensuite elle s’est orientée vers les écrits ordinaires féminins et du « for privé » (mémoires, journaux, livres de raison, correspondances). Elle est également membre du groupe de recherche CNRS sur Les écrits du for privé de la fin du Moyen Age à 1914 (depuis 2003), et a participé à l’inventaire national en partenariat avec les Archives de France. |
- UN PARTAGE TRÈS INÉGAL DE LA PLUME :
- Une femme pour dix hommes...
- C’est la part de femme initiée à l’écriture mémorielle au XVIIème siècle.
- Femmes peu alphabétisées et donc destinées à l’oralité pendant ce siècle.
- Le livre de raison est le livre retraçant l’histoire de la famille, il est principalement écrit par les composants masculins de la famille (père, fils, neveux,...)
- Le père, chef de famille
- L’écriture du « livre de raison » revient au fils ainé du père décédé (désigné par paterfamilias)
- La femme occupe une très petite place dans la rédaction du livre si le fils est adulte.
- Le père ne laisse pas sa fille écrire
- Les membres de la famille décidant de la quitter (dotés ou non) n’ont plus accès à l’écriture du livre
- L’épouse, truchement* entre mari absent et fils trop jeune
*Truchement = intermédiaire - Aujourd’hui la femme est l’emblème de l’écriture.
- La tenue des livres de comptes par des femmes ressort de leur solitude par célibat (pas pris en compte car la femme célibataire reste sous tutelle), veuvage ou absence du mari.
- Veuve = médiation entre fils mineur et père décédé dans l’écriture du livre.
- Cette écriture n’est distinguée par les historiens que par quelques détails, preuve que les femmes pouvaient tenir un livre de raison.
- L’ORGANISATION DOMESTIQUE : POUVOIR ET NÉGOCIATION :
- À l’époux, le livre et la bourse, à l’épouse la « mesnagerie »...
- La femme gère plus qu’on ne le pense les affaires du ménage.
- Elle montre dans plusieurs exemples de livres qu’elle est digne de rédiger.
- Elles agissent dans l’ombre de leur mari et écoutent plus qu’elles ne parlent (malgré l’absence de représentation, elles sont tout de même présentes).
- Les relations d’argent confortent les liens non-dits ni écrits
Livre de raison = livre de compte - Economiquement, la femme n’est pas aussi asservie. Elle gère tout en l’absence du mari.
- La soumission féminine de l’époque n’est que relative
- Dans certaines régions, le pouvoir féminin va au-delà et transmet son nom de génération en génération.
- Une appréhension sexuée du monde ?
- L’écriture féminine dispose d’une vision plus approfondie du monde, elle détaille tous les aspects de la vie pour laisser au fils un livre complet.
- Les femmes scribes sont plus investies.
- RAISON ET SENTIMENTS :
- Mère et fils, père et fille...
- Le fils écrit les naissances et décès.
- La mère est le « for privé » des fils, leurs sentiments apparaissent au moment de son décès
- La fille n’écrit pas dans le livre de raison et n’y apparait pas beaucoup non plus.
- Les émotions peuvent apparaitre dans les écrits selon les relations entre les membres et non selon le sexe du scripteur.
- Mari et femme
- L’épouse surgit dans les moments les plus durs de l’existence (jamais évoquée dans le livre mais l’est le jour de sa mort).
- Les sentiments entre époux n’apparaissent pas dans le livre.
- Frères et sœurs
- Les moments de succession dessinent les liens entre frères et sœurs dont on parle peu
- Les relations sont souvent liées à l’argent -> recouvrent les liens familiaux.
- Difficile de différencier les membres « réels » d’une famille et ceux « rêvés » = frontière fine entre sphère privée et publique.
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Thèse de l’auteure : La part de femmes contribuant à l’écrit de la famille n’est pas nulle, en effet, cette part même minime est tout de même existante malgré de nombreux freins.
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- « Une maison, un livre, un fils […] » (S.Mouysset)
- « Véritable association des époux pendant le mariage et, partant, de la réelle capacité
d’action de l’épouse qui a reçu procuration ou délégation de pouvoir de son mari pour agir » (S.Mouysset) - « Les faits et gestes [de la femme] sont lisibles […] dans les écrits de son mari. La vie
domestique apparaît alors comme le théâtre d’une partition complexe des responsabilités au sein du foyer » (.Mouysset) - « Les femmes sont amenées à recueillir des successions, à recouvrer des créances, à
intenter si nécessaire des actions en justice, bref à gérer les affaires » (C.Beauvalet) - Selon Bourdieu le deuil est une sorte de « trêve miraculeuse ou la domination. Semble
dominée […] »dans les relations entre époux.
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En 2013, dans la revue « Rives Méditerranéenne », Sylvie Mouysset rédige un article sur l’écriture de soi (par les femmes) du XVème au XIXème siècle, soit une prolongation de l’article ci-dessus abordant maintenant les écrits féminins. Plus récemment, 2022, Sylvie Mouysset participe à la publication du livre Histoire des femmes et du genre concentrant des écrits judiciaires, médicaux, archéologiques, … sur l’évolution de la place de la femme dans la société de l’Antiquité à nos jours. Dans cet ouvrage, l’auteure aide les contemporains à aborder l’évolution de la femme au-delà de la vision moderne.
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Valentine ANDRE
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