Suffit-il d'expérimenter pour connaître?

Devoir de philosophie générale

Dissertation : Suffit-il d'expérimenter pour connaître ?

Introduction : « La connaissance est la fille de l'expérience » est une citation de Simon de Bignicourt dans Pensées et réflexions philosophiques (1755), elle montre qu'il ne peut y avoir de connaissance sans expérience. Seulement l'expérience ou plutôt le fait d'expérimenter suffit-il pour trouver la connaissance. L'expérimentation est le fait d'éprouver, apprendre, découvrir par une expérience personnelle, c'est aussi de soumettre quelque chose à une expérience afin de le mettre à l'épreuve, d'en déterminer les propriétés. Elle peut également signifier de ressentir brutalement une sensation, un sentiment personnel, pour nous découvrir nous-même. L'expérimentation a un grand lien avec les sciences puisque le fondement de la science est d'expérimenter afin de tirer des conclusions pour extraire une connaissance. La connaissance c'est le savoir, c'est l'action ou le fait de comprendre ou de connaître les propriétés, les caractéristiques, les traits spécifiques de quelque chose. On peut ainsi expliquer, démontrer et prouver cette chose. La connaissance peut être intérieur aussi comme la connaissance d'une sensation, d'un sentiment. C'est le fait d'expérimenter une idée, un sentiment ou une chose par les sens ou par l'esprit. On peut l'avoir en mémoire, l'analyser, la définir en expliquer les raisons qui font ce qu'elle est. Cependant, ici, on veut savoir si la seule expérimentation peut suffire pour arriver au stade de la connaissance. Le mot suffire a une importance capitale car il a une signification bien particulière. Il peut se définir par ce qui correspond juste à ce qui est nécessaire pour satisfaire quelque chose. Il y a dans ce terme une idée de simplicité, ce qui n'a qu'une seule voie, qui ne s'élargit pas à d'autres cercles. Seulement, il y a une tension dans le terme d'expérimentation, il peut à la fois être le fait de faire une expérience simple mais aussi englobée plusieurs même expérience dans un domaine avec l'analyse de ces expériences pour trouver une connaissance. Pour acquérir une connaissance en science, il faut avoir le même résultat d'une même expérience plusieurs fois pour pouvoir dégager un principe qui formera une connaissance, l'expérimentation est donc un processus. Néanmoins l'expérimentation dépasse les sciences et est utile pour trouver toutes les connaissances. Mais on peut se poser la question de savoir si : peut-on connaître ce dont on n'a pas fait l'expérimentation ?

Pour y répondre nous analyserons de prime abord les cas où les connaissances préexistent à l'expérience en notre esprit, puis nous étudierons le fait que l'expérimentation suffit et est au fondement de la connaissance et enfin nous expliquerons que l'expérimentation ne peut suffire à connaître car la connaissance est un terme trop vaste qui ne peut être vraiment définit.

Pour un grand nombre de philosophe de l'antiquité comme Platon  puis Descartes à une époque plus récente, la connaissance est inhérente à l'humain, elle est intelligible et ne se découvre par l'expérimentation mais plutôt par la méditation.

Selon Platon, notre connaissance de la vérité est le souvenir d’un état ancien où, avant d’être incarnée dans un corps, notre âme vivait au contact immédiat des pures idées dans le monde intelligible. Ainsi, pour Platon, connaître c’est se souvenir, se remémorer. Chercher et apprendre sont un seul et même acte. Cette théorie est fondée sur le postulat de l’immortalité de l'âme. Si le corps est mortel, l’âme, elle, est impérissable, elle détient donc toutes les connaissances. Si l’âme détient toutes les vérités, il y a cependant une méthode pour la faire accoucher, pour la faire se remémorer : c’est là qu’intervient la Maïeutique la méthode de questionnement socratique, afin de faire se rappeler l’âme. Il démontre dans Le Ménon au cours d'un dialogue entre Socrate et Protagoras que la connaissance se retrouve par la réminiscence. En effet, il demande à un serviteur de Protagoras, un jeune esclave, de venir lui parler. Celui-ci ne connaît rien aux mathématiques mais pourtant en lui posant une suite de question, Socrate permet au jeune esclave de retrouver la méthode pour construire un carré avec une aire deux fois supérieure à celui initialement donné. Il lui permet de trouver des procédés mathématiques dont il ignorait l'existence. Ici, Platon a prouvé que par la maïeutique et la réminiscence, il était possible de connaître sans expérimentation, par le seule exercice de l'esprit et de quelques questions.

Descartes a une manière de penser la connaissance différente de tous les autres philosophes. Il veut juste trouver la première vérité et ainsi en déduire les autres, il se base plus sur le modèle de la géométrie. Il se propose de suivre un ordre pour déduire le savoir comme fondement et édifice, comme un arbre avec des racines profondes qui sont la métaphysique, le tronc qu est la physique et 3 parties de branches qui sont la mécanique, la médecine et la morale. Il faut reconstruire sur une connaissance vraiment fondée avec une 1er vérité basé sur sa clarté. Il la trouve avec le doute méthodique (suspendre jugement de façon provisoire) puis hyperbolique dans la Première Méditation Métaphysique mais il n'utilise pas le doute sceptique comme celui de Montaigne. Descartes fait ainsi l'expérience pour nous tous, le « je » est universelle. C'est la première vérité qui sert à découvrir la connaissance. Il l'a trouvé par méditation et non par expérimentation. Pour montrer la différence entre ses deux concepts on peut utiliser l'exemple d'un homme qui veut changer de métier. Ce dernier est avocat mais dans son esprit il veut changer de métier car il ne lui plaît pas. Par méditation, par réflexion de l'esprit il va stimuler ses envies et découvrir quelles choses lui plaisent pour trouver l'idée de son nouveau métier, professeur. Il a donc trouvé la connaissance de son nouveau métier non pas par en expérimentation mais par méditation. Cependant les thèses de Platon et de Descartes ont été très controversés par les théories des empiristes dans les siècles qui suivirent.

Après Platon et Descartes avec leurs théories basé sur une utilisation unique de l'esprit sans expérience sensible pour trouver la connaissance, une nouvelle génération de philosophe arrive, les empiristes, mouvement qui désigne un ensemble de théories philosophiques qui font de l'expérience sensible l'origine de toute connaissance. Ces philosophes sont Locke, Hume ou encore Bachelard.

Locke dans Essai sur l'entendement humain, lui, se pose la question de l'origine de nos idées. Les objets extérieurs agissent sur nos sens et produisent des impressions qui sont communiquées au cerveau. Nous avons alors des idées de sensation, par exemple le rouge, le vert, le chaud, le froid, le dur, le mou etc. Mais cela ne signifie pas que toutes nos idées dérivent des sens : l'empirisme n'est pas un sensualisme (connaissance qui vient des sens). Il existe en effet, outre nos sens, une seconde source de l'expérience qui est la réflexion. Nous percevons en effet que nous doutons, que nous croyons, que nous imaginons, que nous raisonnons etc. Nous percevons par le sens interne les opérations de notre âme, ce qui produit des idées de réflexion qui ne sont autres que les idées que nous nous faisons de ces opérations. C'est l'ensemble de ces deux sortes d'idées (idées de sensation et idées de réflexion) qui constituent ce que Locke appelle EXPERIENCE. Toutes nos connaissances dérivent de l'expérience. Pour ce dernier, il faut à la fois allier la puissance des sens et celle de la réflexion pour aboutir à la connaissance. C'est le cas en sciences lors d'une expérimentation où l'on regarde un événement sensible puis un fois cette événement vu, on analyse le résultat de l'événement à l'aide de la réflexion pour pouvoir en tirer une connaissance. L'expérimentation suffit donc à connaître dans ce cas.

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