Ethique et profit

Dilemme 1

Vous faites partie de l’équipe de gestionnaires chargée d’administrer les sommes considérables du fonds de pension des employés d’une banque. Lors d’une réunion, une discussion animée s’amorce au sujet du placement de cet argent. En fait, deux possibilités sont présentées : investir dans des entreprises du Québec, quitte à obtenir un rendement moyen, ou bien investir dans des entreprises étrangères de façon à obtenir un rendement supérieur. Votre groupe est divisé. Ceux qui souhaitent investir au Québec considèrent que ce serait un moyen de stimuler l’économie de la province, anémique depuis plusieurs années : de nombreuses entreprises ferment leurs portes et le taux de chômage est en hausse. Les autres allèguent que votre équipe n’a pas une vocation sociale : « Notre devons tenter de faire fructifier cet argent au maximum. » Quelqu’un leur réplique : « Si la rentabilité est le seul critère, cela signifie que nous devrons investir dans des entreprises qui produisent des armes de guerre et dans de grandes multinationales qui n’hésitent pas à recourir au travail

des enfants dans des pays en développement et qui paient des salaires indécents à tous leurs employés. » Le président du groupe soutient pour sa part que ce genre d’investissement n’a rien de contraire à l’éthique : « Cela favorise en effet le développement de ces pays pauvres et l’amélioration de la qualité de vie de la population. Sans ces entreprises, leur situation serait encore plus misé¬rable. » Après cette discussion, un vote à main levée est pris, mais vous ne vous sentez pas prête ou prêt à opter et vous décidez de vous abstenir. Le résultat est le suivant : trois personnes sont pour l’inves¬tissement québécois et trois personnes se prononcent en faveur d’investissements étrangers. Le président suggère alors de poursuivre les discussions mais, vu l’heure tardive, il propose que cela se fasse dans une semaine et qu’un vote soit de nouveau tenu. Il vous demande d’y réfléchir afin de prendre position. Vous vous sentez tout à coup responsable d’une décision pouvant avoir de grandes répercussions. Pendant toute la semaine qui suit la réunion, vous y songez, au point où vos amis remarquent vos préoccupations et vos distractions. Puis arrive le jour de la nouvelle réunion. Devriez-vous voter pour l’investissement au Québec ou à l’étranger?

L’éthique est-elle compatible avec le profit?

Dans la situation qui nous concerne, le dilemme éthique nous amène à déterminer s’il est plus moral de faire un peu moins de profit en favorisant l’économie locale qui est en difficulté et donc la stimuler, ou bien faire plus de profit en favorisant l’économie de pays en voie de développement, en investissant dans des entreprises qui fabriquent des armes de guerre et exploitent la population locale. Pour cela, nous allons aborder ce dilemme grâce aux théories de Rawls et de Kant. Pour ce qui est de Rawls, nous traiterons ce dilemme en utilisant la théorie de la justice et pour ce qui est de Kant, nous verrons l’universalité et l’impératif pratique.

Dans le premier cas, nous investissons dans des entreprises Québécoises. Notre image s’en voit améliorer auprès de la population et nous aidons l’économie de notre province. D’un autre côté, notre mission est de rentabilisé le fond de pension des employées de la banque et l’on pourrait nous reprocher de ne pas choisir la solution la plus lucrative. Dans le second cas, nous investissons dans des entreprises qui se trouvent dans des pays en voie de développement. Les personnes dont nous gérons l’argent peuvent profiter d’une plus grande somme d’argent à leur retraite mais, nous participons indirectement à la fabrication d’armes qui tuent des innocents et à l’exploitation de population et d’enfant dans des pays en voie de développement. Ces pays profitent malgré tout de cet argent pour se développer. Notre image pourrait donc être moins bonne et les clients souhaitant faire affaire avec des sociétés avec de bonnes valeurs morales pourraient choisir de ne pas nous confier leur argent. Nous devons donc choisir entre l’argent et l’exploitation de population pauvres ou aider notre province et avoir des gains plus faibles.

Pour commencer, voyons la méthode de décision de Rawls qui passe par la théorie de la justice. Celle -ci veut que chaque personne ait le droit à un maximum de liberté dans la limite de la liberté des autres

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