Peut-on affirmer que nous sommes responsables de notre propre malheur ?

Le rôle de l’homme dans la recherche du bonheur

Selon Marc Aurèle, les choses n’arrivent pas par hasard, mais plutôt par le déroulement naturel du destin. En effet, les aléas de la vie nous laissent perplexes, tout simplement parce qu’on ne peut pas contrôler le déroulement des évènements; preuve que l’homme n’a pas à orienter sa vie sur les choses qui ne dépendent pas de lui. Mais le constat général laisse transparaitre que l’on ne cesse de poursuivre des buts vains qui mettent en péril notre aspiration au bonheur. Peut-on affirmer que nous sommes responsables de notre propre malheur ? Je rétorquerais que oui, l’homme est l’unique cause de sa condition malheureuse.

Les jugements que nous portons sur les évènements inattendus qui nous arrivent tendent à nous rendre malheureux. En effet, une situation est bien ou mal non pas par sa nature, mais en fonction du sentiment qu’il suscite chez celui qui la vit. Alors, les choses que nous trouvons tristes ou malheureuses, le sont seulement parce qu’on y porte un jugement affectif. Autrement dit : << Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses. >> Manuel, V de Épictète. Partant de ce fait, il est clair que c’est l’homme lui-même qui décide de se rendre malheureux en considérant tristes ou injustes certains faits reliés à son existence. Bien au contraire, il faut que l’on se retienne de juger tout ce qui nous arrive, que ce soit les choses qui dépendent de nous ou celles qui n’en dépendent pas. Il s’agit de se créer une carapace imperméable pour notre âme, de sorte qu’elle ne soit aucunement affectée ou troublée par l’avènement des choses de la vie. Par exemple, que l’on soit pauvre ou esclave, qu’on est perdu un proche ou qu’on ne soit pas parfaitement en santé, tout ceci relève de faits naturels et on doit les accepter avec indifférence pour assurer la paix de l’âme et vivre heureux.

L’être humain est la cause de son malheur en ce sens qu’il a toujours tendance à désirer les choses qui ne dépendent pas de lui. Le désir, qui est la recherche de satisfaction par le fait de combler un manque ressenti, est un sentiment totalement naturel. Là où il devient un frein au bonheur, c’est quand on fait abstraction de la raison pour discerner les désirs bons à combler et ceux qui conduisent à notre perte. Toutefois, lorsqu’on arrive à accomplir un désir qui ne dépend pas de nous à la base, donc à réaliser un exploit, cela rend le sentiment de plénitude que l’on en tire beaucoup plus gratifiant, par rapport à quelque chose qui est de notre ressort. Par exemple, on est beaucoup plus heureux et fier quand on part de rien pour bâtir un empire et acquérir de la richesse, comparé à quand on hérite des biens déjà acquis. Certes grandement satisfaisant, au cas où ce désir incontrôlé n’arriverait pas à être comblé, on se trouverait être pris au piège de l’éternel recommencement, ce qui cause la perte de toute tranquillité de l’âme et nous éloigne de l’ataraxie.

La peur que l’être humain a de l’inconnu entrave son bonheur. Ses craintes des choses qui ne dépendent pas de lui réduisent son existence à la léthargie, au manque d’expressivité, à l’abandon de soi, donc à une vie malheureuse. Par conséquent, pour être heureux, il

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