L'homme injuste peut-il être heureux ?

Devoir de philosophie

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L'Homme qui vit en société est soumis à un ordre juridique qu'il est prié de respecter sous peine de sanctions. Cet ordre juridique est censé garantir l'harmonie sociale et éviter la loi du plus fort, de telle sorte que les citoyens puissent vivre en paix. Or, l'Homme contrevient parfois à ces normes juridiques pour son intérêt personnel, s’exposant ainsi à des sanctions de la société mais aussi morales, ce qui peut lui garantir la souffrance, et entraver son bonheur. Aussi, l'Homme injuste peut-il être heureux ? En effet, transgresser les lois, aller à l’encontre des intérêts d’autrui, n’est-ce pas là une source de remords ? Mais l’Homme n’est-il pas prêt à sacrifier les intérêts d’autrui pour son propre bonheur ? Le bonheur est-il ainsi indépendant de la vertu ?

Tout d’abord, si l’on étudie l’étymologie des mots bonheur et heureux, on constate qu’ils présentent tous les deux la racine « heur » qui leur octroie un lien avec la chance. On peut ainsi en déduire que le bonheur ne dépend pas des actions de l’Homme et donc qu’un Homme juste ne sera pas plus heureux qu’un Homme injuste. On peut également tirer de cela qu’il n’existe aucun lien apparent entre avoir une conduite irréprochable et être heureux. Un Homme injuste n’aurait donc aucun mal à connaître une vie épanouie. Son injustice peut même contribuer à renverser des limites, des obstacles, ce qui permet à l’Homme d’atteindre une part de bonheur en acquérant une certaine liberté. Son injustice peut donc lui offrir des aspects positifs.

Aussi, l’Homme réalise des actes injustes car il le décide, ses actions sont délibérées et réfléchies. Cette préméditation doit donc conduire à quelque chose de recherché positif pour lui. Il ne commettrait pas en effet une injustice si celle-ci ne le conduisait pas à un bonheur.

De plus, les actes injustes effectués par l’Homme ont essentiellement pour but de se détourner des règles instaurées par la Justice. Il s’agit en effet d’adopter un comportement non conforme aux lois, ce qui a pour but de satisfaire des désirs incompatibles avec le respect des règles. Ses désirs, bien qu’ils ne soient jamais satisfaits, contribuent au bonheur, même partiel ou passager. Nous sommes en effet des êtres de désir souhaitant combler nos envies dans l’immédiat. Si nous arrivons à réaliser ces penchants, cette satisfaction nous amène dans un état de jouissance et de bonheur. D'ailleurs, Calliclès affirme que le bonheur ne peut être goûté que par ceux qui ont la possibilité de réaliser leurs désirs. Or, adopter un comportement conforme aux lois nous conduit à renoncer d'assouvir nos désirs puisque les lois restreignent nos possibilités. Ainsi, l'Homme injuste néglige ce respect des règles et décide de satisfaire ses envies en dépit d'une bonne conduite même si ses actes sont immoraux. Ainsi le bonheur n'apparait pas systématiquement dans le respect des règles et l'Homme injuste peut y trouver son bonheur.[pic 4]

Par opposition à cela, être juste ou rendre la justice peut attirer plus de malheur que de bonheur : l’Homme juste peut attirer le mécontentement de certaines personnes qui elles seraient plutôt tournées vers l’injustice.

Enfin, le bonheur n’est pas restreint à une catégorie de personne, puisqu’il est un droit pour tout être humain, ce qui induit que l’Homme injuste a lui aussi accès au bonheur.

A présent, nous allons voir que l’Homme injuste ne peut connaître un bonheur durable. Tout d’abord, le problème d’injustice nécessite d’introduire la notion de morale. De fait, un Homme injuste ne peut connaître le bonheur que s’il n’a pas de morale. En effet, un  Homme avec une morale se sentira tourmenté pour son injustice. Il aura des remords et une peur des sanctions, ce qui va à l’encontre du bonheur. On peut penser qu’une vie sans exigence morale serait peut-être plus plaisante, car cela signifierait que nous ne serions plus des êtres de raison mais simplement des êtres de désirs et d’intérêts, faisant fi des injonctions de notre raison. Seulement, l’Homme est prédisposé à la moralité par Nature, c’est ce qui le différencie de l’animal. Il possède ainsi une morale et ne peut donc être injuste et heureux.

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