Essai Pour la fainéantise
Dissertation : Essai Pour la fainéantise. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar toberkiller • 26 Mai 2022 • Dissertation • 984 Mots (4 Pages) • 405 Vues
TRAVAIL DE RÉFLEXION
Pour la fainéantise
PASTOUR Rayan 30/01/2022
Dans le livre des proverbes Français, j’ai lu : « Tout vice humain en paresse a refrain ». À ton avis, la fainéantise est-elle un vice ou est-elle une vertu ? Pour ma part, je suis convaincu que la fainéantise n’est pas un vice. Elle peut même être vertueuse selon son utilisation. Généralement, la fainéantise est perçue comme péjorative. C’est le cas de Jules Renard qui la juge comme « l’habitude prise de se reposer avant la fatigue ». Je ne conçois pas du tout cette sommaire définition. N'oublions pas que la fainéantise désigne avant tout une volonté de ne rien faire. Cela n’est donc pas forcément délétère ! Tout dépend du dessein que l’on en fait. J’aime cette splendide citation de Tristan Bernard qui permet de bien illustrer cela : « La paresse est utile à cause de l’effort qu’elle demande pour être surmontée ». De plus, je considère naturellement, en tout rousseauiste que je suis, la fainéantise comme bienfaisante. J’estime que, celle-ci est inscrite dans la nature de l’homme « dormir, végéter et rester immobile » (essai de Rousseau sur l’origine des langues) ; et que l’Homme est originellement bon. Dans les rêveries du promeneur solitaire, Rousseau déclare : « Je m'abstiens d'agir, car toute ma faiblesse est pour l'action, toute ma force est négative, et tous mes péchés sont d'omission, rarement de commission ». Je suis convaincu que l’activité, la prévoyance, et l’inquiétude sont les peines de l’homme civilisé. Je vais de suite te démontrer en quoi la fainéantise est bénéfique.
Tout d’abord, l’oisiveté permet de prendre du recul pour favoriser une prise de conscience. Comme le disait Jacques Chardonne : « La paresse est nécessaire. Il faut la mêler à sa vie pour prendre conscience de la vie ». C’est pourquoi j’assimile, selon ma pensée, la fainéantise à un réveil. En effet, dans une société endormie, où nous vivons centrées sur notre moi que les autres se sont chargés de narcotiser ; la paresse permet d’ouvrir les yeux de l’intérieur, rendre conscient l’inconscient, et commencer une révolution personnelle. Nous pouvons donc idéer la fainéantise pareille à une déconnection de l’ordinaire, permettant d’atteindre l’extraordinaire. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de lire quelques œuvres de Sénèque, notamment la Lettre LV issue des Lettres à Lucilius. J’ai été ébaubi en constatant sa parallèle approche envers la fainéantise, malgré son époque reculée. En 63-64 après J.C, Sénèque magnifie l’oisiveté en la définissant comme une activité d’esprit. Il l’associe à un exil intérieur, propice à l’activité méditative : « Dans l’oisif, le vulgaire voit un homme retiré de tout, libre de crainte, qui se suffit et vit pour lui-même, tous privilèges qui ne sont réservés qu’au sage. C'est le sage qui, sans ombre de sollicitude, sait vivre pour lui ; car il possède la première des sciences de la vie ». Par conséquent, l’oisiveté permet également de se déprendre des affaires et des passions de la vie quotidienne. Elle est ainsi, favorable à l’acquisition d’une authentique sagesse. En outre, je vois la paresse comme un véritable art. L’art de fainéantiser peut se décliner de diverses manières. Ne pense pas que se vautrer devant la télévision en fait partie. Cela demande un minimum d’attention. En revanche, la marche en est un exemple à condition de ne pas chercher la performance, ni d’avoir de but précis. En apparence inutile, je t’assure qu’elle est essentielle. En nous sortant de l’ordinaire du quotidien, elle nous permet de reprendre un rythme personnel. Si tu n’es pas convaincu, j’ai pour toi un autre exemple tout aussi contemporain : buller à la terrasse d’un café. Dans un monde inscrit dans la vitesse où nous sommes tenus à une disponibilité permanente, cela en devient quasiment un acte de résistance. En s’affranchissant de cette sujétion où les Hommes sont devenus esclaves du temps : nous devenons des créateurs de notre existence. D’autre part, je me suis aperçu que progressivement, la fainéantise est devenue un mode de vie. Aux environs des année 90, un mouvement dénommé « hikikomori » émergea au Japon. Celui-ci s’étendra par la suite à l’Europe ainsi qu’aux États-Unis. D’après les dires qui me sont parvenus, sont-ils aussi sincères que véritables, ce mouvement consisterait à se couper du monde durant une période indéterminée. Le but étant de suivre le modèle d’une vie idéale passée à ne rien faire. Ce n’est pas chose anodine puisqu’au Japon, un adolescent sur cinq est touché. Ces derniers refusent l’abime que constitue ce que l’on nomme un « burn- out », ou « kiroshi » au Japon. Pour finir, je vais te dire pourquoi aujourd’hui, il est bon d’être fainéant. Dans le monde du travail, la fainéantise devient une qualité recherchée par les recruteurs. J’ai à titre d’exemple, un précurseur ici comme dans bien d’autres domaines, qui fut un de mes prestigieux mentors. C’est évidemment Bill Gates. Il préfère et privilégie les personnes paresseuses : « je choisi une personne paresseuse pour un travail difficile, car une personne paresseuse va trouver un moyen facile de le faire ». Qui plus est, de nombreuses études font l’éloge de la fainéantise. Deux d’entre elles m’ont particulièrement marqué. L’étude réalisée par la Florida Gulf Coast University, stipule que les personnes ayant un QI élevé sont plus paresseuse que les autres. Un émérite professeur, Eisuke Hasegawa, a également mené une étude sur la paresse. Elle montre que les éléments considérés comme paresseux, sont les seuls à être réactifs aux situations d’urgences. Je terminerai sur une déclaration d’Andrew Smart : « Notre système de pensée nous fait croire que sans une activité ininterrompue, nous ne vivons pas à notre plein potentiel. Les neurosciences modernes nous montrent qu’en fait c’est tout le contraire : notre vrai potentiel ne peut être réalisé qu’à travers des périodes où l’on ne fait rien ».
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