L’Ecriture Sainte - Entre Spinoza et Benoit XVI
TD : L’Ecriture Sainte - Entre Spinoza et Benoit XVI. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dchucry • 25 Juillet 2017 • TD • 2 810 Mots (12 Pages) • 1 008 Vues
L’Ecriture Sainte : Entre Spinoza et Benoit XVI
Dans son traité théologico-politique, Spinoza a fait un long discours critique, une longue interprétation, sur l’authenticité des Ecritures Saintes. Il a interprété plusieurs livres de la Sainte Bible et a prouvé, par la raison, sa non-authenticité, ou plus correctement la lecture fausse par les juifs comme par les chrétiens. En parallèle, le pape Benoit XVI, en 2010, a promulgué une exhortation apostolique sous le titre de « Verbum Domini », la Parole du Seigneur, sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise. Là où il a donné une large importance sur l’herméneutique de la Sainte Ecriture dans l’Eglise, et l’authenticité de cette parole qui nous oriente vers Dieu.
Mon travail, c’est une comparaison, ou plus précisément une présentation, de deux points de vues différentes pour cette herméneutique, entre Spinoza et le pape, même si ces deux philosophes appartiennent chacun d’entre eux à un temps différent de l’autre, et une philosophie et mentalité différente.
A prime abord, le traité théologico-politique est naturellement ordonné à son terme, c’est-à-dire à ses deux derniers chapitres, qui traitent de l’autorité et de la responsabilité du souverain en matière de religion pour la paix de la république au chapitre XIX, et de la liberté de penser pour tous dans une libre république au chapitre XX,. Mais, les dix-huit autres chapitres se rapportent à la question de la nature, du statut et des enseignements de l’Ecriture et, ainsi, à la reconnaissance de ses difficultés et à la manière de les résoudre. S’il ne nous appartient pas ici de rendre compte du TTP par le projet qu’en révèle son terme, l’importance des chapitres consacrés à l’Ecriture le fait entrer dans cette histoire de la lecture de la Bible, histoire dont ces dix-huit chapitres constituent un moment décisif.
Avant toute chose, il s’agit pour Spinoza d’écarter la tentation, les risques et les effets de la superstition, dont la haine et la violence ne sont pas les moindres… pour lui, il y a donc une déformation de l’esprit religieux, face à la Bible, déformation dans laquelle la superstition, du côté du peuple, et l’autorité, de la part des pasteurs, jouent un rôle destructeur. D’où la nécessité non seulement de revenir au texte, mais à son propre énoncé quant à ce que la Bible propose comme doctrine.
Ainsi, pendant six chapitres, Spinoza va examiner les grands éléments de la Bible et de ce à quoi le lecteur est particulièrement sensible : la prophétie et les prophètes, la vocation particulière des Hébreux, la Loi Divine, Les Miracle, … Mais dans le très important chapitre VII, intitulé « De l’Interprétation de l’Ecriture », qu’il va exposer les conditions de son étude et de son interprétation précisément, de façon à écarter les confusions qui habitent l’esprit et le cœur des hommes.
Dans son préface, il indique le but des chrétiens qui devrait être « Obéir à Dieu d’un esprit honnête, en pratiquant la justice et la charité », or « ils se battent plus que les autres d’une manière méchante, et exercent chaque jour la haine la plus violente les uns contre les autres ». Pour critiquer cet état des choses, Spinoza va mettre en contradiction la pratique des chrétiens et le texte de l’Ecriture.
En ce que concernant la méthode qu’il propose, il dit « Pour faire court je résumerai cette méthode en disant qu’elle ne diffère en rien de celle que l’on suit dans l’Interprétation de la Nature, mais s’accorde en tout avec elle » (TTP p. 138). C’est pour interpréter l’Ecriture comme un texte ordinaire a paru immédiatement scandaleux. Donc, toute la connaissance de l’Ecriture de se tirer d’elle seule. Il faut respecter le texte et trouver l’intention de l’auteur. Il prend par exemple Deutéronome 4,24, où il est dit que Dieu est un feu et qu’il est jaloux. Pour pouvoir correctement interpréter que Dieu est un feu, il faut regarder des autres passages de l’Ecriture où l’on parle de Dieu et l’on voit clairement que comme il est bien dit que Dieu n’est pas dans les choses de la nature. Il faut faire une interprétation métaphorique de ce passage. De même, si la raison humaine nous pousse à dire que Dieu ne peut pas avoir de passions humaines, la bonne interprétation est dire que sans aucun doute, l’Ecriture veut enseigner que Dieu est jaloux et que l’image du feu et de la jalousie ne sont qu’une seule et même chose.
En plus, pour une bonne interprétation, il faut tenir compte la vie, les mœurs et les préoccupations de l’autre pour pouvoir par exemple distinguer une pratique sociale d’une obligation. Ensuite, il faut tenir compte du texte hébreu, langue sémitique, où la racine du mot est formée de consonnes et où les voyelles s’ont été notés qu’ultérieurement, quelques fois de manière fautive.
Les chapitres suivants vont présenter les incohérents du texte de l’Ecriture et ses conséquences : comme cela avait déjà noté auparavant, la croyance traditionnelle que Moise avait écrit lui-même le Pentateuque, ne peut pas s’accorder avec le fait que le dernier chapitre du dernier livre de la Torah, Dt 34, décrit la mort de Moise et qu’il en fait l’éloge. Donc, pour Spinoza, il pense qu’Esdras qui a fut ce rédacteur. Notons que l’exégèse moderne, cette idée est une hypothèse largement acceptable dans l’étude de l’histoire du canon des Ecritures Saintes.
En parallèle à Spinoza, le pape Benoit XVI nous a donné sa célèbre exhortation apostolique « Verbum Domini « d’où la première partie est consacrée en grande partie à l’herméneutique de l’Ecriture Sainte, titré « Verbum Dei », c’est-à-dire la parole de Dieu.
Le pape, après une introduction commence, au numéro 6 de présenter les écritures saintes comme parole de Dieu. Dieu se fait connaître dans le dialogue, en s’adressant à l’homme comme un ami. Il ne fait que dialoguer, sa Parole se fait chair : le logos est réellement depuis toujours ; il est Dieu lui-même et révèle Dieu lui-même. Il nous invite à participer au dialogue d'amour qui unit les personnes divines. C'est seulement dans l'accueil du Verbe et dociles à l'Esprit Saint que nous pouvons nous connaître et nous comprendre nous-mêmes.
L'expression « Parole de Dieu » traduit donc à la fois la présence du logos, le Verbe éternel engendré par le Père avant tous les siècles, consubstantiel au Père, et Jésus-Christ, née de la Vierge Marie et consubstantiel à nous. Dieu parle aussi à travers la création, à travers les prophètes au cours de l'histoire du salut, et dans la tradition vivante de l'Eglise. En même temps la Parole de Dieu est transmise dans la Tradition de l’Eglise. Le christianisme est la religion de la Parole de Dieu et non une religion du livre. Il est donc nécessaire d'approfondir l'articulation de ces différentes significations de l'expression « Parole de Dieu » qui trouvent leur unité en la personne du Christ. C'est ce que le pape développe dans les numéros 8 à 19, dont les points essentiels sont :
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