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Peut-on douter de tout ?

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Par   •  18 Juin 2022  •  Dissertation  •  2 163 Mots (9 Pages)  •  651 Vues

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Peut-on douter de tout ?

        Se demander si on peut douter de tout revient à déterminer si on a la possibilité théorique ou pratique de remettre en question l'intégralité du monde qui est le nôtre. En d'autres termes, douter est-il un acte justifié ou n'existe-t-il pas une certitude en laquelle le doute se puisse totalement résorber ? Au premier regard, il semble que l'on ne peut pas douter de tout. Par définition, le doute est l'état de l'esprit perplexe et indécis de la réalité d'un fait, de la vérité d'une énonciation ou encore de la conduite à adopter dans une situation particulière. Il réside dans l'impossibilité d'affirmer ou de nier l'une ou l'autres des hypothèses qui s'offrent à nous. Or, il existe des phénomènes, des élèments de cette réalité commune qui nous entoure qui, ayant été démontrés antérieurement, ne peuvent être contestés. En effet, une phrase telle que "la Terre est ovoïde" est appuyée par des démonstrations d'une telle évidence qu'il semble irrationnel de la contester. Cependant, ne serait-il pas réducteur de limiter notre rapport au doute à quelques cas particuliers ? Ne peut-on penser que dans la majorité des cas, le monde et l'existence présentent une telle forme d'appréhension et d'énigme chez l'être humain qu'il se pourrait alors envisager sans cesse d'autres alternatives et vérités ? Dès lors, ne peut-on en déduire que chaque chose possède une part de vérité plus ou moins évidente et rationnelle que l'Homme est amené à croire ou à craindre selon sa perception du monde et la manière dont il l'aborde ? Afin de répondre à ce sujet, nous pouvons commencer par déterminer ce sur quoi se repose l'Homme pour se rapporter au réel et s'il n'existe pas une méthode qui nous permettrait de dépasser ses considérations individuelles et d'accéder alors à une vérité unique, atemporelle et universelle. En admettant qu'une telle méthode existe, il nous faudra déterminer si elle est ou non applicable. S'il tel n'est pas le cas, il nous faudra admettre qu'il n'existe pas de pures vérités auxquelles l'être humain peut se référer et qu'ainsi le doute est envisageable.

        

        Notre but étant de déterminer s'il nous est possible de douter de tout. Nous pouvons commencer par mettre au jour le concept de vérité afin de définir précisement et de comprendre le problème qui s'ouvre à nous. En effet, se définit comme vrai tout discours ou jugement adéquat à la réalité. Se demander s'il y a des vérités indiscutables, c'est se demander si l'on peut attester de l'existence de vérités qui ne souffrent aucune remise en cause et qui, se révèlent indubitables et définitives. De fait, on ne caractérisera une proposition de vraie que parce qu'elle ne peut être niée, comme paraît l'attester l'existence même des vérités scientifiques. Ces dernières comme toutes celles qui se trouvent indéniables, le sont pour la simple et bonne raison qu'elles sont fondées et rationnelles. En effet, selon Descartes, qui est sans aucun doute le fondateur même du rationalisme moderne, on peut accéder à la vérité si on utilise la bonne méthode. Cette méthode comporte deux étapes. La première doit d'abord être un fondement stable. Il s'agit de l'intuition qui est une connaissance si directe et immédiate qu'elle ne nécessite aucun recours au raisonnement. On dit alors qu'elle est indubitable puisqu'elle est appréhendée avec un sentiment de certitude.  C'est notamment le cas des définitions mathématiques et des axiomes qui, une fois posés ne peuvent être qu'acceptés. D'ailleurs, tout cela est repris plus généralement dans l'oeuvre de Descartes intitulée Règles pour la direction de l'esprit dans lequel il souligne la valeur des mathématiques comme méthode pour obtenir la vérité. Aussi, si l'on prend l'exemple de la géométrie d'Euclide telle qu'elle est exposée, on voit qu'il commence par poser des définitions simples comme celles du point, de la ligne. Puis, il pose ensuite des axiomes, c'est à dire des vérités évidentes et pour finir il énonce des hypothèses. Tout cela constitue le point de départ du raisonnement. Une fois les intuitions posées, on arrive à de nouvelles vérités par déduction. Et, si nos prémisses sont exactes et que l'on respecte les règles de la logique alors, le résultat est forcément vrai. C'est aussi le cas des mots primitifs que nous n'avons pas besoin de définir puisque leur définition, loin de nous éclairer, nuirait à notre compréhension. En effet, nous sommes davantage sensible au terme "être humain" qu'à la définition elle-même de ce qu'il pourrait représenter, à savoir un bipède sans plume. Cette méthode est à l'origine du rationalisme cartésien qui est un courant philosophique selon lequel, la raison est à l'origine de toute connaissance. L'esprit, comme évoqué précédemment, doit procéder à partir d'idées innées pour pouvoir créer cette démonstration et ainsi arriver à une exactitude. La démonstration qui révèle de l'ordre de la science est un discours qui montre. Il établit la nécessité du résultat par un raisonnement qui entraîne par sa force, sans appuis extérieurs, l'adhésion rationnelle de tous ceux qui la suivent. Celle-ci figure nécessaire et universelle. C'est une représentation purement méthodique qui ne recourt jamais à des éléments empruntés à l'expérience pour progresser.

        Jusqu'à présent, nous avons vu qu'il était possible d'accéder à la vérité, à la certitude grâce à un raisonnement fondé sur une base solide. Cependant, ne peut-on penser que la vérité qui s'impose à nous n'est qu'illusion ou mensonge ?

        La vérité, qui est la correspondance entre ce qui est dit et ce qui est, s'oppose à la fausseté au sens d'erreur mais aussi de mensonge. C'est une adéquation de la chose et de l'intellect. Détenir la vérité, c'est énoncer un discours objectif qui correspond à la réalité. Pour trouver la vérité, la certitude, nous sommes confrontés au défi de dépasser notre propre subjectivité, c'est à dire non seulement les croyances, les préjugés, les opinions que nous pouvons avoir mais également le sensible tel qui nous paraît puisqu'il est source d'illusions. Effectivement, le sensible qui désigne l'ensemble des impressions et des représentations que nous sommes amenés à percevoir est source d'erreur puisqu'il n'est pas fiable. Or, notre monde étant entouré d'opinions subjectives, nous ne pouvons être certain que ce que l'on voit n'est pas qu'une opinion masquée. D'ailleurs, pour Adorno, auteur des Modèles critiques, avoir une opinion revient à donner son avis sans pouvoir justifier cette affirmation. L'Homme de l'opinion n'a aucune certitude démontrée mais ne l'empêche pas de s'exprimer. Il soutient son affirmation non pas parce qu'il a ses vrais mais parce qu'il en a la conviction intime. Ceci étant dit, il existe deux types d'opinions. Celle dont l'individu reconnaît qu'il n'est pas certain de son affirmation nous incitant à faire preuve de prudence voire à réfléchir par nous-même. Tel est le cas par exemple dans la phrase " Je pense que cet immeuble à 7 étages ". Effectivement, ici l'opinion ne se confond pas avec la vérité puisqu'elle reconnaît ne pas être justifiée. Puis, celle qui ne se présente pas comme une opinion ni un propos infondé mais comme une véritable vérité : " Je pense que "y" est un être inférieur ". Dans ces conditions précises, l'individu ne nous invite pas à prendre de la distance par rapport à ce qui est dit mais au contraire à y adhérer sans retenue. Il s'agit alors d'un argument d'autorité. Il consiste à se référer à un personnage illustre à ce qu'il a pu dire ou écrire, comme-ci il s'agissait d'une preuve que cette opinion est vraie. L'individu se sert donc de son statut pour imposer un certain respect et mieux justifier son propos. Dans ce cas particulier, ce qui est prétendu est moins important que la personne qui le dit. Bien sûr, l'autorité de Niels Bohr par exemple en physique quantique est réelle, comme l'est celle de tout spécialiste dans le cadre de sa spécialité. Toutefois, cette compétence ne le qualifie aucunement pour faire autorité dans un autre domaine. C'est alors que nous avons la possibilité réelle de douter de la vérité de chacun étant donné que chacun à la capacité s'il le souhaite, d'exprimer une opinion irréfléchie ou de jouer sur son autorité pour affirmer sa réalité.

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