Le Goût de la Nuit

Le Goût de la Nuit

Part I

Il y a dans la nuit un puissant quelque chose de réconfortant, dans la ville qui dort éveillée quelque chose de touchant et spirituel. Et il y a cette odeur, si caractéristique, si douce, qui est à la fois chaleur et fraîcheur, nature et peinture, une odeur qui nous révèle, à nu, dans notre sensibilité la plus vraie, et fait remonter en nous toute sorte de sentiments, ressurgir non pas que des souvenirs, mais des sensations, à la fois lointaines et familières, qui ne se rattachent plus à rien, mais qui sont là, au fond de notre mémoire, et qui nous semblent aussi profondes que légères.

Cette nuit, ces bruits divers et cette rumeur étouffée dans la ville, ces bruissements des arbres, des petits animaux, et ce silence nocturne, emplissant l’immensité du ciel pas vraiment noir, pas non plus gris, ni même bleu, cette nuit, qui nous semble notre plus proche amie, qui nous incite sans efforts à lever les yeux au ciel, à se confier à la lune et aux étoiles, à inspirer profondément, à ouvrir et ses narines, et ses oreilles, souvent ses yeux, parfois sa bouche, toujours son cœur.

Recentrer son esprit tout en l’ouvrant au monde, sentir, palper l’air, la vie, la matière, le vide, sentir, juste sentir, et se sentir bien. L’on n’est jamais aussi honnête envers nous-même que seuls dans la nuit, le clame, la plénitude. Sentez-vous votre cœur se gonfler ? Un peu comme quand vous croisez votre âme sœur, mais tellement plus sereinement. Et soudain, vous voilà capable de tout.

Part II

Toutes les sensations sont perçues différemment, vous pouvez tout aussi bien ne penser à rien et penser à tout, l’essentiel étant que vous soyez. Que vous sentiez. Vous êtes non seulement comme jamais connecté au présent, mais aussi au passé comme au futur. Vous êtes en harmonie avec le milieu qui vous entoure, les surfaces qui vous touchent, mais vous n’êtes réellement nulle part, puisque vous êtes partout. Soyez. Sans compléments. Sachez être et rien d’autre. Sachez exister sans vous soucier de pourquoi, comment, où, quand, tous ces problèmes don l’homme tient tant à s’embarrasser, car ce n’est qu’en oubliant ces questions qu’on y répond vraiment, toutes à la fois.

Je suis… Complétez cette phrase de la manière qu’il vous plaira, je vous dirai que ça n’a pas d’importance, tant que vous êtes, et vous en contentez. Cette manière d’Être, précieuse, est indispensable aux hommes, qu’ils le conscientisent ou non. Et si vous me demandez de quelle manière, moi, je Suis, je répondrai d’abord : « Je Suis comme tout ce qui Est. », et quand vous me demanderez quand je Suis, je répondrai : « Je Suis en permanence, mais je Suis mieux la Nuit. ».

...