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La vérité est-elle une ou multiple ?

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Par   •  30 Août 2020  •  Dissertation  •  3 615 Mots (15 Pages)  •  1 663 Vues

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DISSERTATION DE PHILOSOPHIE.

SUJET : La vérité est-elle une ou multiple ?

        Il nous arrive à tous, quelquefois, de nous retrouver face à cette situation inattendue : en discussion avec autrui, soudain une remarque nous surprend, souvent une question… à laquelle répondre franchement ne semble pas une bonne idée ! Alors nous tentons de nous en sortir tant bien que mal, mêlant mensonge, omission et changement de sujet. Seulement, notre conscience morale se révolte : comment, un mensonge ? Honteux ! Nous tentons alors de nous persuader que non, il ne s’agit pas d’un mensonge, seulement un point de vue… 

La multiplicité de la vérité est ici au cœur du problème. La vérité est définie, dans le langage courant, comme étant ce qui est conforme au réel. Logiquement, elle peut exister sous l’un des deux états suivants : ou bien est-elle universelle, c’est-à-dire qu’elle possède un caractère immuable, global, étant ainsi identique aux yeux de tous ; ou bien est-elle particulière, c’est-à-dire relative aux idées, à la perception que chacun a du réel.

Mais voilà : si nous suivons le principe de tiers-exclu de la logique grecque, la vérité est nécessairement dans un de ces deux états. A priori, il serait tentant de dire qu’elle est multiple : chacun est différent, perçoit le monde différemment… Pourtant, la science nous dit bien qu’il n’y a qu’un seul monde, qu’un seul réel.

Finalement, qu’en est-il ? L’affirmation « à chacun sa vérité » a-t-elle un fondement ? Autrement dit, la vérité est-elle universelle, ou bien particulière ?

Nous allons voir que, loin de ne dépendre que d’un objet, la vérité dépend avant tout du sujet qui l’observe. Et c’est justement ce sujet, actif, qui est réellement déterminant dans cette analyse de la vérité. Nous allons donc nous pencher sur l’étude de ce sujet, pour voir dans un premier temps, que la vérité semble, en effet, multiple, pour ensuite découvrir que cette vérité ne doit pas être confondue avec le semblant de vérité que nos sens peuvent souvent percevoir. Enfin, nous finirons par établir l’unicité de la vérité, tout en expliquant l’existence des différentes facettes que nous pouvons en avoir.

        Dans cette première partie, nous allons défendre la thèse de la multiplicité de la vérité. Après tout, chaque individu est différent, physiquement, d’une part, mais aussi émotionnellement ! Tout ce que nous appelons vérité n’est alors que relatif à notre vision du monde.

        C’est d’ailleurs cette position que semble adopter la définition même du terme.

La vérité est ce qui est conforme au réel. Autrement dit, la vérité est un critère d’identité, qui lie une affirmation émise à un état du réel. Un objet ne saurait être vrai en soi ; seul ce que nous appelons un jugement prédicatif, c’est-à-dire un jugement qui affirme une chose quant à un objet, saurait répondre au critère de vérité. L’affirmation est vraie si et seulement si elle correspond à la réalité.

Cette thèse nous vient du théologien Thomas d’Aquin.

De son temps très engagé non seulement dans la religion chrétienne, mais aussi dans la philosophie, il a su concilier les deux et former la première définition de la vérité : « La vérité est l’adéquation de la chose et de l’intellect. » , disait-il. Autrement dit, on peut parler de vérité que concernant le rapport qu’entretient une affirmation avec son état dans la réalité ; l’affirmation est vraie si elle est vérifiée dans le réel, et fausse dans le cas contraire. Cette définition est par ailleurs toujours celle utilisée aujourd’hui.

Pourtant, cette définition pose problème. Pour connaître le rapport entre l’idée que nous nous faisons d’une chose (l’affirmation évaluée) et la chose elle-même (dans la réalité), il nous faut connaître les deux composantes. L’idée, nous la connaissons, c’est même nous qui l’établissons. Mais qu’en est-il de la chose, comment différencier le réel de ce qui ne l’est pas ?

        C’est en effet complexe, dans le sens où nous n’avons jamais affaire à la chose, réelle, en soi.

En effet, nous ne voyons le monde qu’au travers du filtre de notre perception. Nous ne percevons que ce que nos sens saisissent de la réalité extérieure, et nous ne pouvons aucunement prouver que ces connaissances sont fidèles à la réalité.

C’est pourquoi Maurice Merleau-Ponty, suivant le mouvement créé par Edmund Husserl, fonde la phénoménologie de la perception.

Merleau-Ponty s’intéresse de près à la relation antagonique entre la science moderne et la philosophie. Mais, convaincu que philosophie et science sont en réalité complémentaires, le philosophe choisit d’analyser en profondeur cette relation, pour établir la phénoménologie de la perception, domaine de rencontre entre les deux ensembles de disciplines. Si la perception d’une conscience est naturellement un sujet philosophique, il faut admettre que cette perception est la perception d’un corps envers un autre corps ; c’est ici de la science. Ce qui ne change pas cependant est la perception : la perception est, selon Merleau-Ponty, l’acte de conscience fondamental au travers duquel nous saisissons la réalité.

Le seul chemin que l’on peut alors emprunter semble celui de l’incertitude et de la multiplicité de la vérité : chacun est différent, chacun a sa vérité. Pourtant, il ne suffit pas que deux individus soient différents pour qu’ils aient deux vérités différentes.

        Si chaque individu est différent, cela ne signifie pas pour autant que la vérité est multiple : il faut, pour comprendre, étudier plus en profondeur ces différences.

Comme nous l’avons vu, parler de vérité n’est pertinent que dans le contexte d’une relation entre une idée et une chose. Or, pour nous, la chose dépend de la perception que l’on en a. Ainsi, la vérité d’une affirmation dépend de notre perception d’un objet. Pour qu’il y ait des vérités différentes entre des individus, il faut donc qu’ils soient non seulement différents, mais surtout différents dans leur manière (biologique ou psychologique) de voir le monde.

Prenons l’exemple de la vue.

Deux individus non atteints de daltonisme s’accorderont sur les couleurs qui leur sont présentées : il y a ici une vérité commune. En revanche, un daltonien, ne perçoit visuellement pas les mêmes couleurs qu’un individu non atteint. Il y a donc ici deux perceptions, deux vérités quant aux couleurs, différentes. Et il ne suffit pas de dire que le daltonisme est une maladie pour supprimer le problème. Le daltonisme est en effet une maladie uniquement parce que cet état biologique ne représente pas la majorité chez la population humaine, mais cela ne signifie pas pour autant que les daltoniens voient un réel « plus faux » que les non-daltoniens !

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