LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

De la philosophie de l'histoire à la question de l'objectivité scientifique de l'histoire

Cours : De la philosophie de l'histoire à la question de l'objectivité scientifique de l'histoire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Octobre 2022  •  Cours  •  50 054 Mots (201 Pages)  •  328 Vues

Page 1 sur 201

[pic 1]

       Popper soutient lui d’un point de vue épistémologique que  la théorie de l’histoire marxiste (ou le matérialisme historique) n’est pas une science. Pour comprendre cette critique il convient de savoir dans quel contexte de philosophie des sciences cet auteur intervient.

           Sa thèse exposée dans l’ouvrage conjecture et réfutation, entre autre, consiste à soutenir que le matérialisme historique n’est pas une théorie scientifique car cette théorie n’est pas falsifiable ou réfutable.  Evidemment il faut insister sur l’absence de confusion avec le sens premier en français du mot falsifier, à savoir rendre des papiers (ou de la monnaie) faux. Car alors cela signifierait que la science doit pouvoir être rendue trompeuse ou doit pouvoir être déformée, ce serait donc « juridiciser » le concept ou le moraliser. Il s’agit plutôt de le prendre dans un sens de valeur de vérité ; soit de manière binaire : le vrai et le faux et ainsi de dire que la théorie (ou l’hypothèse ou la loi scientifique) doit pouvoir être rendue fausse par des tests ou des expériences ou des épreuves. Il faut aussi se méfier de la différence entre être une loi (ou une théorie) falsifiée et falsifiable car un énoncé falsifié ou rendu faux ou réfuté est devenu non prouvé donc non scientifique ou non objectif car, on a trouvé mieux pour résister au test ou à l’expérience. Il s’agit du «  able » qui dénote une modalité ou une possibilité de rendre faux voir une capacité ou virtualité de rendre la théorie en sa forme ou structure fausse.

    Popper intervient donc dans un débat sur ce que nous (les professionnels de l’enseignement ou de la discussion philosophique) appelons le problème de l’induction (ou de la confirmation ou de la vérification) et celui sur la démarcation entre science et non science voir fausse (ou pseudo)-science. Vos professeurs depuis l’école primaire comme les journalistes disent souvent que la science prouve, qu’être savant c’est prouver. Soit répond la philosophie depuis Aristote et les cyniques ou les sophistes mais « prouve ta preuve », car fait après fait, ou constat après constat, je vois le soleil se lever le matin ou  bouger dans la journée et la terre solide sous mes pieds et je sais maintenant que j’ai tort (par l’autorité de la science ou des sources faisant autorité autorisée ?) dit le malin et le comique ou questionne le philosophe. Soit répond l’empiriste, comme le sensualiste mais je sais de manière ancestrale et animale que le feu brûle car je me suis brûlé, donc il faut bien d’un côté compléter la déduction par une induction ou généralisation issue de l’expérience, ne serait-ce que suivant l’exemple exposé en initiation à la syllogistique, si je sais que Socrate est mortel, c’est parce que j’ai constaté qu’il était un homme et la mort d’un autre Socrate, disons le vieux et que ce dernier est mort lui aussi. Donc si j’affirme que «  tous les hommes sont mortels » il convient de dire que cela relève de la généralisation à partir de plusieurs exemples de morts transmises de génération en génération,  et que ce n’est qu’après qu’on peut donner les apparences de la déduction en syllogisme car,  il y a un syllogisme inductif, formalise déjà Aristote dans les analytiques du type j’ai vu un homme mourir et puis Paul et puis Pierre et puis Jacques…donc les hommes sont mortels. Mais demain le soleil se lèvera-t-il encore questionne Hume (18° siècle) ? pour montrer que nous ne faisons que préjuger et sans doute nous tromper quand nous généralisons à propos de bien des énoncés en prenant le probable pour le certain et le nécessaire ou l’universel. Ce débat est repris par l’empirisme logique contemporain (20° siècles) disons aussi, le cercle de Vienne et avant Wittgenstein et Russell. Cet empirisme donc  utilise la logique formelle symbolique comme arme de reformulation des questions philosophiques disons un canon négatif qui interdit et qu’on appelle le rasoir d’Okkham(ou Occam, philosophe du 14° siècle) car cela conduit à dire que des énoncés de métaphysique comme ceux de Sartre « le néant néantise » sont insensés ou absurdes.

      Les philosophes empiristes considèrent qu’on doit confirmer un énoncé car on ne peut pas le vérifier et qu’une théorie est de plus en plus exacte, car elle progresse dans la vérification ou dans son degré de confirmation. C’est cela que conteste Popper qui donc se situe comme rationaliste et qui nous oblige par exemple à distinguer un énoncé universel scientifique une hypothèse scientifique et une théorie qui est un ensemble d’énoncés ayant un lien entre eux. Nous nous trouvons donc face, à travers cette critique de la psychanalyse, non seulement de la question générale de la science, mais aussi de la différence entre énoncé, loi et théorie scientifique. Car un énoncé général ordinaire, comme « tous les corbeaux sont noirs » peut paraître proche d’un énoncé comme «  tous les corps tombent dans le vide à la même vitesse » ou « toute l’histoire est l’histoire de la lutte des classes » ou « tous les rêves sont la réalisation de désirs », mais si on souligne le mot théorie plutôt qu’énoncé on doit alors être attentif au lien entre les énoncés eux-mêmes caractérisables différemment d’une théorie ; bref, une théorie est un ensemble d’énoncés. D’ailleurs le fameux more geometrico d’Euclide donne la théorie mathématique un peu comme idéal ou archétype de toute théorie. Et selon, une tradition rationaliste venant de Platon, on peut dire des maths que ce sont des sciences. C’est pourquoi il est important aussi de souligner le lien lorsqu’on rapproche l’objectivité de l’exactitude de la précision et de la rigueur avec l’idée de science expérimentale et non pas seulement de théorie scientifique. Les sciences expérimentales prennent un objet réel ou supposé réel, en cela elles s’appuient sur un commencement sensible constatable, une sorte de protocole d’origine portant sur un objet naturel. En cela l’expérience, elle, distincte du protocole d’observation sensible d’origine, serait un moyen pour la théorie de retourner à la nature, de retourner de son abstraction (supposée utopique ou fictive) vers le concret, en substituant aux variables fictives une relation à des objets naturels terminant ou déterminant la fiction. C’est pourquoi on dit qu’une connaissance scientifique est une connaissance objective. La question de la scientificité n’est donc pas réductible à la question de la preuve pour un propos sensé, non délirant, elle est la question de savoir comment une théorie -complexe d’énoncés- se rapporte à l’expérience – elle-même complexe d’énoncés protocolaires observationnels- dans la mesure où il s’agit au moins sérieusement de théorie et non pas seulement d’une loi, d’une hypothèse ou d’une abstraction quelconque.

...

Télécharger au format  txt (311.5 Kb)   pdf (691.6 Kb)   docx (134.5 Kb)  
Voir 200 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com