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Peut-on en savoir trop ?

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Par   •  5 Novembre 2022  •  Dissertation  •  2 453 Mots (10 Pages)  •  680 Vues

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Peut-on trop en savoir ?

A priori, le savoir semble posséder une valeur positive, c’est une chose qui doit être désiré, par opposition à son contraire, le mensonge, qui lui doit être évité et détesté. Savoir, c’est avoir une chose à l’esprit, avoir conscience d’elle. Il apparait donc qu’il n’y ait pas de limite à cela, que nous pouvons accumuler des connaissances pour l’éternité sans jamais être inquiété d’une quelconque affliction. A priori, il semble donc impossible de « trop » en savoir. Il y aurait-il un moment où un Homme, ayant atteint un certain cap dans l’échelle du savoir, pourrait avoir emmagasiné « trop de connaissance » ? Il n’y a pas de limite quantitative au savoir, si ce n’est peut-être la mémoire, mais rien n’empêchera jamais un Homme qui veut, d’apprendre de nouvelles choses, de connaitre de nouveaux faits. Pourtant, certaines vérités ne sont pas bonnes à savoir. En effet, il arrive parfois que la connaissance d’une chose ait un effet négatif, qu’elle puisse provoquer en nous de la douleur. C’est le cas lorsque l’on apprend quelque chose qui touche à nos sentiments, comme par exemple le mensonge d’un ami, la tromperie d’un mari, ou le secret d’une famille. Dans cette situation, il s’avère que savoir peut avoir des effets néfastes pour nous, qu’avoir connaissance de certaines choses puisse ne pas être voulu, parce qu’elle apporte de la douleur. Pourtant, certaines personnes nous diraient qu’il importe bien peu que l’on soit triste, car la vérité est plus grande que le bonheur, qu’il faut la faire passer avant. La problématique nous amène donc à nous demander ce que « trop » signifie, car il semblerait que cela soit subjectif à chacun. Il n’y a pas de barrière universelle dans le savoir, laquelle, quand on vient à la dépasser, nous donnerait instantanément le sentiment de trop en savoir. Ainsi, il semble que le terme « trop » soit très subjectif, que cette limite entre « je sais » et « j’en sais trop » soit propre à chacun et que sa définition soit personnelle. Pour certains, savoir quelque chose qui leur déplaît, qui ne convient pas avec leur idée, c’est déjà « trop en savoir ». Pour d’autres, il semble même normal d’aller jusqu’à la douleur, la tristesse, voir pire, par pur envie de savoir, par volonté de connaitre la vérité. Alors, nous pouvons nous demander quelles sont les fondements de cette limite ? Qu’elles sont les modalités qui peuvent amener à « trop en savoir » ? Car s’il est vrai que la vérité permet d’accéder à de nombreux bienfaits, il n’en demeure pas moins qu’elle blesse. Il s’agira alors de voir que cette limite dépend non pas « qu’est-ce que je sais ? » mais bien plutôt de « qui sait ? ».

Apprendre la vérité est parfois décevant, voir blessant. Dans le fait d’apprendre qu’on nous a trahi, la vérité touche nos sentiments affectifs, elle nous fait nous rendre compte d’une chose qui nous apporte du malheur. Mais le savoir peut-aussi être dangereux, si le monde entier venait à apprendre des secrets que l’Etat cache pour le bien de ses citoyens, alors on pourrait tout à fait dire que la vérité à été nuisible, que trop de gens ont su trop de choses. Mais c’est aussi la déception de « se rendre compte », de voir que nous avons été dupés par notre esprit et que nous avons cru à une illusion. C’est la fin d’une heureuse croyance, au profit d’une douloureuse vérité. C’est d’ailleurs ce que l’on voit à la fin du mythe de la caverne de Platon. En effet, lorsque l’homme libéré, ayant vu la réalité, reviens dans la cave délivrés ses camarades enchaînés, il est haï. En voulant aider les autres, il ne leur apporte que douleurs, et en conséquence, ressentiments à son égard, car la vérité fait mal. Ainsi, pourquoi faudrait-il chercher à savoir, si justement l’objet de la recherche est un danger, qui peut nous blesser nous-même, mais aussi les autres ? Savoir, c’est donc s’exposer à la douleur, c’est faire face à un potentiel danger. A cet égard, le rappeur Ken Samaras dit dans son titre « Takotsubo » la phrase suivante : « La vérité blesse et y’a qu’au gens que j’aime que je mens ». Il met ici en exergue l’idée que le savoir fait mal, et ainsi, il protège ceux qu’il aime en offrant le mensonge plutôt que la douleur, la vérité est un traitement qu’il laisse aux autres. Chacun d’entre nous à fait cette expérience, et chacun connait le pouvoir du savoir.

Mais pourquoi la vérité, initialement décrite comme une chose positive, devient-elle aussi dangereuse ? Cela vient en partie du fait que la vérité n’a jamais pour but le bonheur, elle ne cherche par à rendre heureux, mais uniquement à rendre compte de la réalité. La vérité ne cherche rien, sinon correspondre au réel. C’est d’ailleurs le cas de notre Raison, qui ne cherche que la vérité et jamais seulement le bonheur. Kant va alors, en partant de cette situation, en décrire les conséquences. Pour lui, le fait que notre Raison soit incapable de nous amener vers la satisfaction, que plus on sache et plus on s’éloigne du bonheur, mène parfois à la misologie. Il montre que plus on en sait, plus on s’éloigne du bonheur, car on gagne en lucidité, on ne tombe plus dans les illusions, on a de plus grandes attentes. Ici, ce n’est pas tant la misologie qui est intéressant, mais cette idée montre qu’il peut y avoir une limite pour certaines personnes. Kant, dans Fondation de la métaphysique des mœurs écrit : « Voilà pourquoi chez beaucoup, et chez ceux-là mêmes qui ont fait de l'usage de la raison la plus grande expérience, il se produit, pourvu qu'ils soient assez sincères pour l'avouer, un certain degré de misologie, […] ils trouvent qu’en réalité ils se sont imposé plus de peine qu’ils n’ont recueilli de bonheur », l’envie de savoir mène certains à la haine du savoir. Ici, la limite vient donc du fait que plus on sait, moins on est satisfait de la réalité, car elle nous apparait sous son vrai jour. L’existence d’une conséquence nécessite une cause, et cette cause, c’est le fait d’en savoir trop.

De plus, il semble probable que l’on puisse trop savoir, car une autre conséquence que la misologie existe pour celui qui en sait trop. C’est l’amour des illusions. Voilà le raisonnement : si certaines personnes préfèrent consciemment ne pas réfléchir, éviter d’apprendre trop de choses. S’il existe des gens qui décide sciemment de croire plutôt que de savoir, alors c’est qu’il existe belle et bien une limite à cela, qu’il est possible d’en savoir trop. C’est l’inévitable inférence, si certains en ont peur c’est qu’il peut être dangereux.

Pourtant,

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