Descartes - Première Méditation
Commentaire de texte : Descartes - Première Méditation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Antoine Idczak • 5 Mars 2017 • Commentaire de texte • 1 957 Mots (8 Pages) • 2 242 Vues
EXPLICATION DE TEXTE
Descartes, Méditations Métaphysiques, Première Méditation[pic 1]
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Ce texte philosophique est tiré de la première méditation des Méditations Métaphysiques de Descartes. Le thème que ce dernier aborde est l’opinion et son importance chez l’être humain. Le problème qui s’offre alors à nous est de comprendre, à travers le texte de Descartes, comment se détacher des opinions ainsi que l’importance que cette entreprise possède.
Selon Descartes, pour se détacher des opinions qui nous ont forgées, il est nécessaire dans un premier temps de comprendre et d’accepter que son savoir soit faux, puis d’atteindre une certaine maturité de l’esprit avant de s’attaquer au démantèlement des fausses opinions et du faux savoir.
L’objectif du philosophe français est donc de réfuter l’opinion, et de guider le lecteur vers la vérité par la même occasion.
Afin de réaliser et d’expliquer son entreprise, Descartes découpe son texte en deux paragraphes, qui symbolisent une temporalité différente : le premier avant et le second après la maturité de l’esprit.
Nous nous livrerons à une analyse linéaire du texte dans laquelle nous analyserons la thèse défendue par Descartes, ainsi que l’intérêt philosophique de ce texte tout en le mettant en relation avec d’autres auteurs.
Descartes commence par parler de ses premières années, et explique comment c’est au cours de celles-ci que lui a été enseigné son faux savoir, également appelé « opinions ». Les opinions sont des savoirs qui ne relèvent pas de la connaissance rationnelle, et qui sont répandues comme véritable dans le sens commun. Dès la première ligne, il précise que cela fait « déjà quelque temps » qu’il s’est rendu compte de son ignorance, ce qui montre que le philosophe a pris du temps pour réfléchir à sa situation et comment la surmonter avant de s’exprimer. La quête d’un savoir véritable commence donc dès les premières années. En effet, l’éducation joue un rôle important dans le développement de l’individu et de son esprit, et ce sont les premières connaissances à partir desquelles tout le savoir de l’individu va se fonder. Comme le dit Kant dans son Traité de pédagogie, « L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation. Il n'est que ce que l'éducation fait de lui. ». Ainsi, si les premiers apprentissages sont faux, l’individu va se construire et évoluer dans un monde faux. Au contraire, si l’enseignement donné à l’enfant relève de connaissances véritables, alors il pourra s’épanouir et atteindre de lui-même la vérité. Le problème est que l’enfant, au moment de ses premiers apprentissages, ne possède pas encore l’esprit critique qui lui permettrait de prendre du recul sur ce qui lui est enseigné, et ne peut donc pas distinguer le vrai savoir du faux. Il est donc inévitable pour nous de recevoir des « fausses opinions pour véritables » (l.2). Descartes s’identifie donc à la plupart des enfants à qui sont enseignées de fausses opinions. Il continue son argumentaire en affirmant que tout son savoir est fondé sur des « principes si mal assurés », et qu’alors toutes ses connaissances se pourraient être erronées. Effectivement, ce que l’individu considère comme vrai est ce qui va lui permettre de se forger sa propre connaissance, son propre savoir, sa propre science. Toutefois, cette accumulation du savoir ne peut pas être considérée comme une bonne chose si ce-dit savoir est « douteux et incertain », puisque basé sur de fausses idées. La première étape pour se détacher de l’opinion est donc de se rendre compte et d’accepter le fait que son savoir est faux, pour ensuite se remettre en question. Aussi simple qu’elle puisse paraître, l’acceptation de son ignorance relève d’une grande sagesse car, comme l’a dit Socrate, « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Nous pouvons donc nous demander comment Descartes, dont le savoir est faux, a fait pour se rendre compte que les opinions qu’il avait reçues dans ses jeunes années étaient fausses. Nous pouvons facilement comparer le doute de Descartes quant à la véracité de son savoir au doute pyrrhonien des sceptiques qui, eux, ne vont pas chercher à refonder leur savoir. Selon ces derniers, la vérité absolue n’existe pas, et ce n’est donc pas nécessaire ni utile de la chercher, puisque c’est une tâche vouée à l’échec. C’est en cela que l’entreprise de Descartes se distingue de celle des sceptiques, car lui décide d’aller au bout de sa démarche, c’est-à-dire de se « défaire de toutes les opinions » qu’il avait reçues. Le faux savoir permet-il de comprendre qu’il est lui-même faux ?
Après avoir présenté son problème, Descartes annonce aux lignes 4 et 5 son projet de se « défaire de toutes les opinions » qu’il avait reçues. L’auteur prend néanmoins le soin de préciser que cette décision n’est pas une volonté de sa part, mais bien une tâche nécessaire qui s’est imposée à lui : il « fallait » qu’il se remette en question. Pour cela, nous devons reprendre tous nos apprentissages depuis le début, car ces opinions sont un obstacle au savoir véritable. Une fois atteint, ce savoir, pour les épicuriens et les stoïciens permettrait de vivre heureux, et serait ainsi nécessaire à la vie. Remettre en question son savoir serait donc une tâche nécessaire dans la vie d’un homme si ce dernier veut s’épanouir pleinement. De plus, il est précisé dans ce texte que ce renouveau de l’esprit ne nécessite d’être fait qu’une seule fois dans la vie de l’individu. Nous devons donc, une fois dans notre vie, reprendre notre savoir -si ce dernier est faux- depuis le début. Pourtant, si tout ce que l’on sait doit être remis en question, doit-on également y inclure les opinions ou les connaissances qui nous ont permis d’être capable de nous remettre en question ? Autrement dit, y a-t-il dans les opinions certaines choses d’utiles ? Si oui, comment distinguer le vrai du faux ? Quoiqu’il en soit, la connaissance et « les sciences » nécessite de se défaire de l’opinion. La thèse de Descartes s’apparente alors à celle de Platon dans l’Allégorie de la Caverne, présente dans le volume V de La République. Dans celle-ci, Platon explique, à travers une allégorie, le parcours du philosophe qui s’émancipe des opinions pour atteindre la vérité. Ce parcours est donc semblable à celui que cherche à accomplir Descartes. L’aveuglement que subit le philosophe au sortir de la caverne, quand il découvre que tout ce qu’il connaissait jusqu’alors n’était qu’illusion, s’apparente à la situation de Descartes qui veut remettre en question tout son faux savoir. Or, si Platon présente cette découverte de la vérité comme quelque chose de presque immédiat, il s’agit en réalité d’une « entreprise […] fort grande. » et par conséquent longue et difficile. Pour la réaliser, nous devons alors atteindre un « âge […] mûr » à partir duquel nous serons capables d’exécuter cette entreprise. Réfuter les opinions et ses propres fondements n’est donc pas accessible à tous. En effet, la jeunesse semble être pour Descartes un obstacle à la vérité, car la jeunesse n’a pas d’expérience, n’a pas encore vu et vécu assez pour posséder un esprit critique et un recul sur soi aussi important que celui nécessaire pour se défaire de ses principes. On peut appuyer cette idée par le concept de réminiscence, développé entre autres par Platon, selon lequel notre âme, tout au long de notre vie, ne fait qu’accumuler un savoir qui disparaîtra à notre mort, et qui reprendra à zéro lorsque l’âme sera réincarnée. Ainsi, la réminiscence est un concept qui affirme que nous en savon plus et que nous connaissons mieux à la fin de notre vie qu’à son début. Alors, l’idée d’un âge mûr pour être capable de casser ses fausses opinions prend tout son sens et devient compréhensible. De plus, dans notre jeunesse, le savoir que nous avons construit d’après ces fausses opinions étant moins étendu, il est possible que le besoin de s’en séparer qui en découle soit moins fort et puisse être refoulé par l’esprit. Paradoxalement, la tâche de refonder son savoir est nettement moins importante dans notre jeunesse que plus tard, comme si il était nécessaire de passer par cette tâche laborieuse pour atteindre la vérité. Dans ce cas-là, l’âge mûr dont parle Descartes correspondrait au moment où le besoin de vérité serait devenu trop important, et que ce besoin se doive d’être satisfait. Malgré le fait que cette attente du bon moment puisse être perçue comme une bonne chose, elle qui « a fait différer si longtemps » Descartes peut éventuellement être vue comme une peur de se remettre en question. Elle peut également être un obstacle à la vérité, comme « une faute » qui ne ferait que réduire le temps qu’il nous reste pour agir : A se demander sans cesse si nous sommes prêts, nous allons perdre du temps et se retrouver à court de temps pour se défaire de nos principes.
Dès le début de sa deuxième partie, qui se déroule plus tard que la première, nous pouvons nous apercevoir qu’il est primordial de libérer son esprit « de tous soins » et de se reposer « dans une paisible solitude » pour réfuter les opinions qui nous ont forgées. La maturité évoquée précédemment pourrait donc être définie comme la libération de notre esprit, de le préparer à la séparation de l’ignorance. En effet, à la ligne 14 – la suivante – Descartes affirme qu’il possède tous les paramètres pour commencer son entreprise. Cependant, il est absolument impossible de détruire une par une, à l’aide de preuves, que nous devons nous séparer de nos fausses opinions. En effet, la refonte de son propre savoir nécessite de démontrer que tout son savoir est faux, et cela demande des preuves. Mais prouver que chaque élément qui constitue notre savoir est faux est irréalisable dans une vie humaine. Pour Descartes, il n’est même pas nécessaire de toutes les réfuter. Effectivement, Descartes compare la formation de l‘esprit avec l’architecture d’un bâtiment aux lignes 18 et 19 : Pour détruire « le reste de l’édifice », on pourrait prendre longtemps et le casser en entier, ou alors tout simplement détruire ses « fondements ». En effet, puisque tout l’édifice repose sur ses fondations, les détruire le ferait s’écrouler en entier. C’est exactement le même fonctionnement : nous avons construit notre banque de connaissances à partir des principes fondateurs appris durant notre enfance. Nous devons donc nous attaquer dans un premier temps « aux principes sur lesquels toutes [nos] anciennes opinions étaient appuyées ».
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