Analyse du discours de R.Badinter à l’Assemblée pour l’abolition de la peine de mort (17 Septembre 1981)
Étude de cas : Analyse du discours de R.Badinter à l’Assemblée pour l’abolition de la peine de mort (17 Septembre 1981). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bahia Belabbas • 27 Décembre 2022 • Étude de cas • 3 073 Mots (13 Pages) • 615 Vues
Année Universitaire 2020-2021[pic 1]
DOSSIER ANALYSE DU DISCOURS - UE PY00607V
Discours de R.Badinter à l’Assemblée pour l’abolition de la peine de mort (17 Septembre 1981)
TD 17 - Bernard VICTORIA 06/05/2021
L3 PSYCHOLOGIE
BELABBAS Bahia (21809129 ) FOURNET-FAYARD Elise (22018217)
Sommaire
Introduction 3
Analyse thématique catégorielle 4
Conclusion 9
Annexes 9
Introduction
Ce texte est un extrait du discours à l’Assemblée nationale de Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort, le 17 septembre 1981. Robert Badinter a défendu l’abolition de la peine de mort, et la loi a été adopté par l’Assemblée, puis par le Sénat, et devint une loi le 9 octobre 1981.
Le travail que nous avons entrepris en groupe sur le discours de Badinter sur la peine de mort consistait en une analyse catégorielle thématique. Celui-ci revient à balayer le corps de texte et à repérer les différentes catégories qui s’en dégagent. Autrement dit, il s’agit de dénombrer et classifier les thèmes significatifs afin d’analyser le texte.
Ainsi, après une pré analyse du texte (lecture flottante, repérage des champs lexicaux, découpage du texte...), nous avons alors exploité le matériel en convertissant les éléments à analyser, par un découpage du texte en plusieurs blocs, et une classification de ceux-ci pour comprendre les procédés employés par l’auteur pour convaincre son audience.
Tout le long du discours, Badinter, structure son discours en 3 parties distinctes. Il commence tout d’abord par énoncer que les personnes “déraisonnables” seraient celles produisant les actes les plus horribles, dans la deuxième partie il tente de révéler que les criminels raisonnables ne sont pas condamnés à la peine de mort et enfin dans la troisième partie est présentée une interrogation morale et éthique adressée directement à l’auditoire.
De notre point de vue, nous supposons que Badinter utilise des figures de style et des procédés de discours afin de révéler l'inefficacité et l'absurdité de la peine de mort. Nous supposons également qu’il dénonce de manière subtile la vision dichotomique, binaire, déshumanisante que la société peut avoir vis à vis des criminels afin de mettre en évidence ses failles et l’absurdité de la peine capitale.
Nos interrogations nous ont alors amené à formuler une problématique à laquelle nous tenterons de répondre par une analyse thématique du texte:
La peine de mort induit-elle une meilleure prise de conscience des risques encourus dans la criminalité?
Analyse thématique catégorielle
Badinter commence par dérouler son argumentaire montrant que la peine de mort est inutile et absurde dans la société, par l’utilisation du terme “loyalement” en tentant un procédé de persuasion par les sentiments, sur son auditoire. Ce terme évoque un sentiment humain hautement valorisé socialement, qui est recherché par un grand nombre de personnes comme une qualité. Ainsi, son auditoire cherchera à s’approprier ce terme, en devant à son tour loyal à son argumentaire.
Par opposition, dans cette même phrase, on trouve les termes de “criminalité sanglante”, renvoyant à des comportements très socialement dévalorisés, créant ainsi une dichotomie dans la phrase. Seulement, il ne pointe pas du doigt de manière accusatrice cette “criminalité sanglante”, comme l’attendrait son auditoire, mais il va tenter de l’expliquer et de montrer que la peine de mort n’en est pas la solution. Il présente donc un problème, mais pas de la manière commune et attendue par l’auditoire, et nécessite donc de s’approprier celui-ci par la loyauté précédemment évoquée.
Dans le 1er paragraphe, Badinter dénonce les criminels caractérisés comme les plus violents par l’opinion publique, ceux étant déraisonnables. Pour accentuer son propos, on retrouve une qualification des crimes avec une accentuation de la violence grâce à des adjectifs : “criminalité sanglante” (ligne 2), “les crimes atroces” (ligne 6), puis grâce à des superlatifs : “les crimes les plus terribles” (ligne 4), “ceux qui saisissent le plus la sensibilité publique” (ligne 5). Ensuite, on nous montre qui sont les personnes commettant ces actes : par des personnes atteintes de ”folie” (ligne 8), plus capables de raison, et motivées par une “passion meurtrière” (ligne 8) ,“hommes emportés par une pulsion de violence et de mort qui abolit jusqu’aux défenses de la raison”(ligne 6-7).
Les crimes faisant le plus réagir l’opinion publique sont qualifiés comme étant les pires, et leurs acteurs comme étant des monstres, ceux-ci sont déshumanisés.
Dans le 2e paragraphe, on montre que ces personnes ne sont pas responsables de leurs actes car une autopsie a su révéler des anomalies cérébrales. On retrouve ensuite un procédé d’énumération des prénoms des différents criminels afin de les humaniser et de les personnifier : “Olivier” “Et Carrein, et Rousseau, et Garceau.” (lignes 11-12).
Le processus d’humanisation se poursuit dans l’utilisation des termes “cerveau”, "autopsie" et "anomalies frontales”, qui sont des termes scientifiques, ramenant à l’universalité biologique humaine, et s’opposant à un discours mystifiant les criminels comme des monstres dénués de sentiments.
On ne les appelle plus criminels, on les nomme par leur prénom et on les dédouane de leur responsabilité, dû à leur lésions préfrontales.
Dans un second temps, Badinter évoque un autre type de criminels, qui seront considérés comme plus raisonnés, et qui ne se retrouvent pas condamnés à la peine de mort. Au troisième paragraphe, les criminels sont qualifiés comme faisant preuve de plus de mesure, comme moins choquants par l’opinion publique et moins “monstrueux”. Ils sont décrits par des noms ne les dédouanant pas de leurs actes : “criminels organisés” (ligne 15), “truands”(ligne 15), "mafiosi"(ligne 16) ; mais qualifiés par des adjectifs montrant leur capacité de raisonnement, d’organisation, de réflexion, de mesure: “raisonnables” (ligne 15), “organisés” (ligne 15), “profiteurs” (ligne 15),“ceux qui pèsent les risques” (ligne 13), “ceux qui méditent le profit et la peine” (ligne 13-14).
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