«Si l'Etat est for,t il nous écrase, s'il est faible nous périssons»
Dissertation : «Si l'Etat est for,t il nous écrase, s'il est faible nous périssons». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Omar-dansarki • 2 Juin 2018 • Dissertation • 3 077 Mots (13 Pages) • 1 779 Vues
Nature et fondement de l’obligation politique
INTRODUCTION
D’une manière générale, la politique est la science d’organisation de la société. Elle est, comme l’affirme Julien Freund, « l’activité humaine qui a pour but d’assurer la sécurité intérieure et extérieure d’une communauté donnée ». A ce titre, elle est action dans la société et action sur la société. Ainsi, le but premier de la politique, c’est l’ordre, la sécurité et la concorde’’. La politique peut aussi se définir comme la forme d’organisation d’une société donnée à un moment donné de son histoire. A ce titre, il existe plusieurs formes d’organisation politiques. On peut citer la monarchie, la démocratie, le socialisme, le fascisme, la ploutocratie, l’aristocratie….
L’essence fondamentale de la politique est le politique, c'est-à-dire le point commun à toutes les formes d’organisation sociales. Son moyen d’action est la force, en ce sens que quel que soit le régime politique en place, il se caractérise essentiellement par l’usage de la force et souvent même de la violence. Mais, chose paradoxale, si le but premier de la politique est d’assurer la sécurité intérieure et extérieure, la paix et la concorde, comment expliquer l’usage de la force et de la violence qui sont des moyens moralement répréhensibles, voire condamnables ? Pour la philosophie politique, cette question en appelle une autre : celle de la nature humaine. Qu’est-ce que l’homme, en effet ?
L’homme est ensemble de capacités, d’aptitudes naturelles comme la nutrition, la génération, l’affectivité, etc. Il est ainsi un ensemble de forces physiques. En un mot, il est force. Sur ces points, l’homme n’est pas différent de l’animal. Donc le mouvement vital commun à tous les êtres, c’est la force. Mais pour Hobbes, en plus de ces éléments, l’homme est raison, il est esprit ; et cette seconde dimension rend complexe la réalité de sa nature, celle-ci étant pour nous l’ensemble des manifestations concrètes de l’homme. L’homme est ensuite capacité de penser le futur ; il est pouvoir d’action, de parole, d’invention de signes, capacité d’anticipation utilisant une multitude d’instruments : la science, la religion, la morale, la philosophie, la technique, pour se réaliser et être responsable de lui-même.
Toute ces faculté ne sont pas données à l’homme par nature ; elles sont le résultat d’un calcul utilitaire et téléologique dont la finalité est de rendre douce et paisible l’existence humaine. Mais pour épanouir cette existence, l’usage de la force devient incontournable ; et voilà pourquoi la politique use de la force. Alors, quelle est donc l’origine de la politique ?
I. LA QUESTION DE L’ORIGINE DE LA POLITIQUE
Plusieurs origines ont été, de part l’histoire, attribuées à la politique. Ainsi pour Aristote, la politique comme la vie en société est naturelle en l’homme. « L’homme est animal politique », affirme-t-il. Autrement dit, l’homme n’accomplit d’autant mieux son essence que quand il est membre d’une communauté politique donnée. En conséquence, nos pulsions les plus fondamentales nous rattachent à la présence d’autrui. Nous sommes liés aux autres aussi bien par l’amour que par la haine, et les situations d’hostilité nous lient aussi étroitement à l’autre que celles d’amitié et de solidarité. Dans ces conditions, la politique est une obligation pour l’homme parce qu’il vit en société. La nature humaine ne se réalise pleinement que dans un cadre social et politique ; et comme il n’y a pas d’homme hors de la société, il n’y a pas d’activité humaine soustraite de la politique. Ainsi, tous ceux qui se disent apolitiques sont encore des politiques, mais des politiques passifs.
Cependant, si pour Aristote, la vie en société politique est naturelle en l’homme, pour Hobbes au contraire, la cité ou l’Etat est une convention artificielle que l’homme met en place pour échapper au danger qui le guette à l’état de nature où « l’homme est un loup pour l’homme » : homo homini lupus, selon la célèbre formule de Plaute. Car, pour Hobbes, « là où il n’est pas de pouvoir commun, il n’est pas de loi ; et là où il n’est pas de loi, il n’est pas d’injustice ». Ainsi, tout ce qui est possible est aussi permis, et le droit devient proportionnel à la force. Dans un tel état, il n’y a pas de travail, car le fruit n’est pas assuré ; il n’y a pas de paix ni de prospérité. C’est un état de permanente insécurité où tout progrès devient illusoire. Alors, la raison suggère des clauses pour sortir de cette violence réciproque en mettant en place une convention ou contrat de société entre les hommes : c’est l’état civil ou civitas en latin.
Le passage de l’état de nature à l’état civil ou politique s’effectue, selon Hobbes, par un calcul de la raison grâce auquel l’homme pèse les avantages de l’état civil en les comparants aux inconvénients (risques) de l’état de nature. Cette raison suggère à l’homme alors des clauses ou lois de raison pour rendre possible la coexistence pacifique des individus. Ces lois qui sont au nombre de dix neufs (19), Hobbes les résume en une seule maxime : « ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il fît ». Mais pour parvenir à cette fin, il faut que chaque individu se dépossède de sa capacité de nuire en la rétrocédant à une autorité. Hobbes formule le contrat ou pacte social en ces termes : « C’est comme si chacun disait à chacun : j’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises ses actions de la même manière ». Mais une fois le pacte conclu, les individus ne peuvent exiger du souverain que la sécurité, pas leurs droits. C’est pour cette raison que le pacte de Hobbes est appelé pacte de soumission ou du tiers exclu, car le souverain ne fait pas partie des contractants et ne se sent en rien obligé, d’où sa propension à l’abus et à l’arbitraire. En réalité, Hobbes assigne au contrat une seule finalité : la paix et la concorde sociale. Sa théorie ne vise ni la justice ni le droit ; elle rend juste possible la coexistence pacifique par la terreur que le souverain inspire aux contractants dépossédés de leur force et de leurs droits
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