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Quelle est la finalité de l'institution politique?

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Par   •  18 Mai 2016  •  Dissertation  •  2 019 Mots (9 Pages)  •  1 412 Vues

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Celui qui exerce une autorité politique est celui qui commande à un groupe, donne et fait respecter ses ordres de manière à ce que les autres agissent selon sa volonté. Ainsi, la politique est une technique, un art, qui permet d'imposer à différents individus d'une collectivité une conduite. Or comment appelle-t-on un tel art, qui est celui du général sur ses troupes ou du maître sur l'esclave ? C'est un art de dominer. La politique serait donc bien un art de la domination. Mais ces exemples de domination sont précisément des exemples en dehors de la politique : le général n'a pas sur le soldat une autorité politique, ni l'un ni l'autre ne sont des civils, c'est-à-dire des citoyens dotés de tous leurs droits. S'il y a bien une forme de direction de conduite en politique, rien n'assure que cela soit pour autant une forme de domination. En effet, lorsque je me soumets à la loi, je ne m'y soumets pas comme à un maître : j'y trouve aussi mon intérêt personnel. En payant mes impôts je ne fais pas que donner de l'argent sous la pression de la force publique comme à un brigand : il m'est redistribué sous forme d’éducation, de sécurité, de logement, de soins médicaux, etc. Alors que la domination se fait au profit de celui qui l'exerce, au contraire le pouvoir politique semble s'exercer au profit de celui qui le subit : ce serait une forme d'autorité et non de domination. Mais on reconnaît rarement son propre intérêt, et l'on peut se révolter contre ce qui peut nous être bénéfique : ne pouvant gagner l'approbation de tous, il semble donc que pour pouvoir s'exercer, ce pouvoir doit toujours en premier lieu s'assurer que les particuliers agiront selon ses ordres. Ainsi même s'il peut prendre différentes formes il se pourrait bien qu'il se réduise à la domination, c'est-à-dire que celle-ci soit nécessaire dans tous les cas à la politique, et soit donc essentielle. Le problème auquel il faut répondre concerne ainsi non seulement la nature mais aussi la valeur de la politique : n'est-elle qu'une technique de soumission de la volonté des autres, ou a-t-elle un autre but : gagner et servir la volonté des autres et l'intérêt général ?

Il existe de nombreux exemples où un homme suit les ordres d'un autre : sur un navire, les matelots sont si soumis aux ordres du capitaine que le moindre refus d'obéissance est considéré comme un crime et puni de mort. Peut-on dire pour autant que le capitaine "domine" ses matelots ? Oui, si l'on considère que ces ordres ne se font qu'au profit du capitaine. Mais en réalité, si ces ordres ne doivent pas être discutés c'est que la situation périlleuse dans laquelle se trouve un matelot durant toute sa traversée requiert, pour la survie de tous, que chaque ordre soit exécuté. De la même manière, on ne se soumet pas aux injonctions d'un médecin parce qu'il ferait usage de la force contre nous si nous ne nous y pliions pas, mais parce que cela touche à notre bonne santé. Le médecin n'exerce pas sur nous sa domination mais son autorité : son savoir lui permet de nous faire suivre ses conseils sans contrainte parce qu'il sait ce qui est dans notre intérêt.

Doit-on décrire la politique comme une situation de domination ou d'autorité? Platon prend l'image du médecin pour comprendre le mode de fonctionnement des lois : Il existe deux types de médecins: celui qui guérit des esclaves, et qui le fait de manière "tyrannique" en ayant en tête avant tout l'intérêt du maître des esclaves, et celui qui guérit les hommes libres, qui est dans un dialogue constant avec le patient et le persuade de se soigner pour son propre bien. C'est à cela que doit ressembler l'activité politique selon Platon : elle doit être un art de persuader avant d'être un art de contraindre. Ainsi, la politique ne semble pas pouvoir se réduire à l'art de la domination : elle comprend toujours une part de persuasion faisant appel à la raison des citoyens, persuasion qui fait du pouvoir politique une autorité plutôt qu'une domination. Platon montre qu'une Cité où la politique se réduirait à l'art de la domination ne serait pas à proprement parler une Cité. En effet, dans le cas où le pouvoir est pris au terme d'une lutte et que les vainqueurs ne se préoccupent que de le conserver alors les gens passent leur temps à regarder les autres de peur que la lutte reprenne. La politique n'est alors pas distincte de l'art de régner sur des esclaves ou des animaux : elle consiste juste à utiliser la force pour empêcher toute rébellion et faire servir les autres à ses propres intérêts. Mais en réalité, la politique a pour spécificité, comme le montre l'exemple du médecin libre, de faire appel à la parole et à la raison de ceux qu'elle gouverne, et d'interagir avec eux dans la constitution des règlements, afin que ceux-ci servent l'intérêt de tous et non uniquement de ceux qui dirigent. Non seulement donc, l'art de la domination n'est pas nécessaire à la politique, mais il est même incompatible avec cette activité : il appartient à d'autres domaines.

Cette conception de la politique décrit bien ce qu'elle devrait être: mais décrit-elle réellement ce qui se passe en réalité ? Concrètement, toute forme de pouvoir politique semble préférable à l'absence de pouvoir politique qui se solde par une guerre civile. Ainsi, les peuples accepteraient la domination parce qu'elle représente ce qu’il y a de mieux, et les dirigeants, avant même de penser à réaliser l'intérêt commun, devraient apprendre à dominer pour acquérir et conserver le pouvoir. Dans les faits, celui qui détient le pouvoir politique n'est-il pas celui qui manie le mieux les techniques de domination?

Dans les faits, il y a un intérêt commun à tous les hommes à vivre sous la direction d'un seul : éviter la guerre civile. Selon Hobbes, la domination d’un seul est nécessaire pour maintenir l’ordre.  Dans certaines situations, la domination est le moindre mal. C'est ce que remarque Machiavel lorsqu'il affirme qu'il y a des différences dans les formes de domination. Ainsi, appliquer une domination violente et intense mais courte dans le temps n'est pas la même chose que le faire sur le long terme et qu'elles augmentent progressivement. Si l'on peut admettre un usage tyrannique du pouvoir il faut qu'il soit court.

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