Que signifie la dualité ?
Commentaire d'oeuvre : Que signifie la dualité ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 5 Novembre 2014 • Commentaire d'oeuvre • 1 742 Mots (7 Pages) • 1 519 Vues
La dualité, thème essentiel et central de l’œuvre baudelairienne, a aussi une place de choix dans sa vie privée. Dans Les Fleurs du Mal, il chante :
« Tout enfant, j’ai senti dans mon cœur deux sentiments
Contradictoires l’horreur de la vie et l’extase de la vie
C’est bien le fait d’un paresseux nerveux. » [1]
Que signifie la dualité ?
La dualité peut être définie comme la coexistence de deux choses de différente nature mais impossible à séparer du fait de leur relation étroite. L’un des exemples les plus clairs est celui du Bien et du Mal, où chaque élément est compris souvent dans son opposition à l’autre. Sartre dit de Baudelaire :
« C’est en faisant le mal et surtout le mal que Baudelaire arrive au Bien. » [2]
D’où vient l’idée de la dualité chez Baudelaire ?
Le poète, dès son enfance, comprend qu’il existe une différence essentielle entre lui et les autres enfants puisque, déchu, il ne reçoit pas assez d’amour et de tendresse de la part de ses parents. Il essaie alors de se voir tel qu’il est, pour se connaître. Mais il ne peut pas voir ses yeux, et c’est pourquoi son cœur devient le miroir reflet de son âme :
"Tête-à-tête sombre et limpide
[Q]u’un cœur devenu son miroir."
« L’Irrémédiable »
Et ainsi naît une dualité que l’on constate même dans les titres de ses recueils : Les Fleurs du Mal ou Spleen et Idéal.
Dans les Fleurs du Mal d’abord : la fleur en poésie baudelairienne est symbole de beauté, de pureté, ou symbolise la femme, le mal étant le symbole du malheur et de la misère, sociaux, physiques ou métaphysiques. Et le poète cherche à extraire la beauté du mal. Il le dit ainsi :
« Tu m’as donné ta boue j’en ai fait de l’or. » [3]
Cette beauté est une beauté pure, une beauté propre inaccessible à d’autres que l’orfèvre qu’est le poète.
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Baudelaire, 1855
Dans Spleen et Idéal, le spleen est l’état de souffrance que dévoile Baudelaire, ses ennuis et son dégoût d’être. Baudelaire choisit expressément ce terme étranger, vague et pourtant explicite pour exprimer l’angoisse et le découragement qui le tenaillent. Les causes essentielles de ce spleen se caractérisent dans :
- L’impossibilité d’atteindre l’idéal : Baudelaire est toujours à la recherche d’un idéal qu’il sait inatteignable. Cet échec provoque un spleen qui lui emprisonne l’âme et coupe son élan.
- La pauvreté : Baudelaire reçoit à vingt et un ans la part d’héritage qui lui vient de son père, mais il dilapide rapidement ce patrimoine, sans recevoir de nouveaux revenus de la part de sa famille. De là, une certaine pauvreté qu’il dut supporter sa vie durant.
- La maladie : La syphilis est l’une des causes du spleen baudelairien. Dans le sonnet « La Muse malade », le poète se plaint amèrement de sa mauvaise santé :
"Ma pauvre muse, hélas ! Qu’as- tu donc ce matin ?
Tes yeux creux sont peuplés de voisins nocturnes."
- Le temps : Le spleen de Baudelaire se caractérise également par la fuite du temps, douloureuse, grand facteur de destruction :
"Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible."
- L’Angoisse : une peur sans raison apparente, comme la peur du poète devant l’océan, la nuit, le bois…
"Grand bois, vous m’effrayez comme des cathédrales."
- La claustrophobie : qui peut se manifester en tout lieu. Le poète considère ainsi le ciel qui a été couvert de nuages comme un tombeau qui veut l’emprisonner.
"En haut, le ciel ! Ce mur de caveau qui l’étouffe."
Baudelaire essaie de surmonter ce spleen par sa recherche d’un idéal. L’idéal chez Baudelaire se définit par son évasion dans le monde du vin, du rêve, et du voyage.
Le vin omniprésent dans Les Fleurs du Mal exprime ouvertement le désir d’évasion et d’oubli du poète. Le vin est pour lui un consolateur qui permet de vaincre la tyrannie du réel et de créer un monde plus beau. Comme Khayyâm, il attribue de la sacralité au vin et montre son respect pour ce remède universel :
"Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin."
La dualité est aussi présente dans sa représentation du vin, d’une part consolateur et catalyseur de l’énergie, d’autre part poison infernal.
- L’évasion par le rêve et l’imagination : pour Baudelaire, l’évasion imaginaire est une sorte d’ivresse mystique qui lui permet de s’envoler spirituellement vers son idéal, qu’il revoit parfois dans les chefs-d’œuvre :
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"Envole-toi bien de ce miasme morbide
Va te purifier dans l’air supérieur."
- L’évasion par le voyage : le voyage, imaginaire ou réel, montre le désir du poète d’arriver à un idéal qui est dans l’Ailleurs. Dans « L’invitation au voyage », il décrit le pays où il pourra voyager avec sa bien-aimée et vivre heureux. Dans ce poème, le plus frappant est sans doute la puissance de l’imaginaire poétique de Baudelaire. Rimbaud décrit aussi à sa manière une mer magnifique :
"Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures
L’eau verte pénétra ma coque de sapin."
Enfin « Fleurs du mal » sans article montre la dualité de la femme, sensuelle d’une part, qui se présente dans le cycle de Jeanne Duval, et spirituelle d’autre part qui se montre dans le cycle de Madame Sabatier.
Il faut également évoquer les deux thèmes essentiels de la chute et de l’ascension qui
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