Que Disent Nos Dire ?

Depuis le début du XX° Siècle, les sciences humaines, la linguistique en particulier, ont été amenées à dissocier différents sens du mot langage, que l'usage confond. Que signifient nos dires? Au sens large, le langage signifie tout système ou ensemble de signes, de symboles permettant l'expression ou la communication. En ce sens, on parle couramment du « langage » animal. Mais au sens strict le langage est une institution universelle et spécifique à l'Homme. Aussi l'Homme doté de raison, et donc de parole peut-il parler pour ne rien dire ? Mais aussi nous verrons que par des analyses, des pensées contemporaine confirme et réactualise une préoccupation très ancienne de notre histoire. Platon fut l'un des premiers à prendre conscience du redoutable pouvoir des mots et s'en inquiéter. En effet chacun peut mesurer le pouvoir immense que confère la maîtrise de tel ou tel moyen de communication. Nous verrons donc dans une deuxième partie en quoi la parole peut être un instrument de pouvoir et de vérité à travers les sophistes et philosophe. Cependant, nous pouvons remarquer que la parole dépasse parfois la pensée de l'Homme, et donc pourrait le trahir. Exemple : « Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire » ou même le cas du lapsus, nous nous demanderons alors si la parole peut dépasser la pensée ou la trahir ?

Soutenir que le langage est le propre de l'Homme n'est pas, comme on l'admet parfois, faire injure au monde animal. C'est seulement faire valoir que parmi tous les systèmes de communication, celui des êtres humains comporte un certain nombre de caractéristiques particuliers et indissociable des autres caractéristiques humaines. Cette thèse est formulée par Descartes, en effet dans son œuvre Discours de la Méthode, il établit que la parole est ce qui différencie les Hommes des animaux, car celle-ci traduit la présence d'une pensée et la capacité qu'a l'Homme à raisonner. Et si les animaux ne parlent pas, c'est par défaut de pensée et non par défaut de moyen de communication, puisque ceux-ci sont dotés comme l'homme d'organes permettant à la parole. En effet, nous pouvons le remarquer les animaux sont capable d'exprimer leurs « passions ». Nous pouvons aussi insister sur le caractère historique et social du langage qui ne peut se concevoir sans un apprentissage progressif, ni hors de tout contexte culturel. En effet, certain psychologue et linguistes ont établi que chez les jeunes enfants, il existe une activité langagière et cognitive avant même la production d'un langage articulé et conceptuel, et donc le langage au sens cartésien. Ces activités pré-linguistiques comme l'utilisation de symboles mènent les jeunes enfants aux signes supérieurs, et donc au développement de leur intelligence. Le langage humain est articulé en deux parties : la première découpe la langue en unités de sons et de sens, et la seconde la décompose en unités phonétiques élémentaires en nombre fini et fixe. Ainsi avec une quarantaine de sons, chaque langue peut produire un nombre quasi-illimité de combinaison en épargnant la mémoire. Ce qui permet cette flexibilité du langage humain. Aussi le langage est un système, souvent comparé au jeu d'échecs, c'est-à-dire un assemblement d'éléments interdépendants qui se soutiennent tous mutuellement et qui ne peuvent se comprendre isolément. En effet aucune communication ne pourrait émaner de syllabe isolées les unes des autres. Cependant, l'homme peut-il délivrer un message dénué de sens ? La réponse à cette question serait donc dans un premier temps OUI. En effet, on a l'habitude de dire qu'à certaines occasions, on parle pour ne rien dire c'est-à-dire l'emploi de mots superflus, alors que l'on pourrait expliquer un fait de façon plus brève. Cependant, de nombreux linguistes pensent que chaque expression ou mot enferme une idée, une sensation ou un sentiment. Pourtant, le mélange de cette utilisation ou non du langage entraîne une confusion perpétuelle. L'être humain n'est donc pas en mesure d'extraire la différence. Dans une société le langage se fait donc difficile. Pour nouer un contact, l'homme devra utiliser sa parole. Ne voulant pas paraître ennuyeux, il peut parler de faits qu'il n'avait pas pensés ou envisagés. Cette conversation peut donc paraître futile, mais est présente également pour combler un vide ou distraire comme nous pourrions le voir dans l'œuvre Fin de partie de Beckett pour éviter une éventuelle gêne. En effet, le dialogue n'a pas de but en lui-même mais peut servir de preuve comme des valeurs telles que la politesse, la civilisation, on peut parler de bavardage. Le langage peut simplifier la pensée et arriver à un résultat nul. En effet, le langage est dans l'incapacité d'exprimer une idée avec toutes ses nuances. Ainsi, par l'usage des mots, on peut se retrouver en situation de s'exprimer de façon trop générale. Les mots deviennent alors des outils imparfaits puisque l'idée définie est fausse comparée à la véritable. Par ceci, l'interprétation d'une possible conversation revêt un terme trop abstrait s'il s'agit d'une uniformisation des termes. Par exemple, l'emploi du nom «dur » renvoie normalement à un unique sens dans un discours donné ; cependant, ce terme appartient à toutes les choses dures, qui ne possèdent pourtant pas la même qualité. Nous pouvons donc dire que nous pouvons parler pour ne rien dire dans des occasions où la conversation est faite de mots vides, ou par l'utilisation des mots à définition générale pour exprimer une pensée. On peut également s'exprimer sans passer par les mots. La parole est donc dénuée de sens lors d'un bavardage ou cela dépend du jugement d'une personne sur un discours, mais aussi dans le cas du délire chez l'homme les paroles n'ont aucune cohérence. Cependant, un NON se glisse dans notre réflexion, en effet, même quand on communique pour d'autres buts que simplement dire quelque chose, on dit toujours quelque chose. Les paroles prononcées ont un sens ainsi elles permettent d'accomplir les autres fonctions dans la communication, en particulier conative (qui insiste sur le destinataire, le contraignant à réagir) et performative (elle prévient d'une action, ou en fait la promesse). Même dans la fonction purement phatique (consistant à établie un contact) le mot de code « allô ? » teste le canal tout en voulant dire «m'entendez-vous ? ».S'il est possible de vouloir ne rien dire, il est impossible de ne rien dire du tout à partir du moment où l'on prend la parole.

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