Pourquoi militer?
Compte Rendu : Pourquoi militer?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar OLFA • 31 Mars 2014 • 2 013 Mots (9 Pages) • 2 062 Vues
Pourquoi militer ?
Délimitation du champ du sujet : Nous choisirons comme lieu, la France (les études s’y rapportent) et nous débuterons à partir des années 1960 (l’emblématique Mai 68). En effet, d’un pays à l’autre et d’une époque à l’autre, la notion même de « militantisme » recouvre des réalités très différentes qui ne facilitent en rien la comparaison.
Le verbe « militer » vient du terme latin « militare » qui signifie combattre, lutter. Militer c’est participer d’une manière active et bénévole à la vie d’un parti, d’un syndicat ou d’une organisation sociale. C’est agir, combattre pour ou contre quelqu’un ou quelque chose. Le militantisme se distingue de la simple adhésion, qui connote une pure passivité, et du travail rémunéré à titre professionnel. Militer occupe trois fonctions primaires principales. Pour un parti, un syndicat, une association, les militants sont d’abord censés constituer l’instance qui décide en dernier ressort et choisit notamment les dirigeants. Une seconde fonction du militantisme est d’établir la présence de l’organisation dans le tissu social, donc d’attester une forme de représentativité. Une troisième fonction du militantisme est d’assurer des tâches d’organisation et de propagande surtout en période électorale.
Le militantisme est né avec les syndicats, avec les partis, mais surtout avec l’installation et l’ancrage d’une vie démocratique dans laquelle agir, s’engager et MILITER était de moins en moins interdit et sanctionné et était accompagné de plus en plus de droits. Ce militantisme a connu une lente évolution notamment avec le passage du militantisme clandestin à un militantisme valorisé, comme étant une forme de participation politique à part entière dans la démocratie.
Cependant, Jacques Ion souligne dans l’un de ses ouvrages la fin des militants (baisse remarquable du nombre de militants) et une évolution des formes de l’engagement public. En effet, il remarque une désaffection des partis politiques et des syndicats (moins d’adhésions en terme de chiffres) qui est la preuve même que les citoyens abandonnent les canaux traditionnels du militantisme.
Dans un même temps, on observe de nombreuses manifestations du militantisme et une multitude de mouvements appelés « nouveaux mouvements sociaux » : mouvements pacifistes, féministes, écologistes, nationalistes, fondamentalistes, pro-life, etc.
Est-il rationnel de militer et de s’engager politiquement pour une cause ? Avec cette désaffection des canaux militants classiques, pourquoi milite-t-on encore ? Quelles sont les motivations et les ressorts du militantisme aujourd’hui ?
I) Les déterminants de l’engagement militant
A- Les émotions et les influences au coeur du militantisme
Compassion pour les victimes, admiration des héros, colère à l’égard des tyrans, enthousiasme d’agir ensemble, au sein du groupe militant, éprouver une fierté à rejoindre une « noble cause », autant d’éléments qui peuvent pousser les individus à s’engager, à militer. Le comportement émotionnel des individus semble concourir effectivement à l’édification des causes collectives.
C’est ce que Le Bon et Tarde explique à travers la théorie de la « psychologie des foules » (1900). Selon eux, une fois plongés dans la foule et dans le déchaînement d’émotions, les individus ordinairement raisonnables, sont inéluctablement gagnés par des états affectifs incontrôlables. Ainsi, les dimensions affectives sont tenues, trop souvent, pour incompatibles avec la rationalité des comportements politiques.
Par exemple, l'opposition à la tauromachie, offre à ses sympathisants la possibilité d'éprouver des états affectifs qui alimentent leur satisfaction de participer à un engagement, finalement, bien plus coûteux que
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rémunérateur. Il s’agit d'abord de réactions immédiates, comme le dégoût et la colère, par lesquelles le corps réagit aux images répugnantes des corridas qui sont mises en exergue à des fins de dénonciation.
Certaines approches psychosociales insistent également sur l’influence de la socialisation des individus et des contacts social et politique sur le militantisme. Militer au sein d’une organisation politique suppose de l’argent, du temps, des compétences objectives (rédiger des tracts, savoir parler en public, organiser des réunions) et des compétences subjectives (sens civique, sentiment d’efficacité, intérêt pour la politique) qui sont inégalement réparties dans l’électorat. Ces aptitudes sont apprises et transmises par la famille et l’école puis le milieu professionnel. Ainsi, l’engagement militant fait l’objet d’une transmission par ces instances de socialisation.
De même l’influence des réseaux et des médias est primordiale. Les réseaux cherchent à accroître leur visibilité et à étendre l’influence de leur organisation au-delà de leurs propres cercles. Les médias, quant à eux, contribuent à informer sur l’actualité parfois révoltante et à massifier les causes militantes. Dans un contexte de mondialisation, les causes militantes se propagent rapidement et les individus y adhèrent plus facilement : exemple du mouvement des indignés/ Indignez-vous, Engagez-vous, S.Hessel.
Il est alors légitime de se demander si oui ou non les mobilisations collectives sont aussi des mobilisations rationnelles. Est-il rationnel de militer et de s’engager pour des intérêts qui ne sont pas strictement individuels ? Quel motif a-t-on à sacrifier du temps à une cause incertaine, à signer une pétition, à se joindre à une foule qui proteste ?
B- L’engagement militant ou le fruit d’un calcul rationnel, d’une décision stratégique
En réalité, à travers le militantisme les individus adoptent des attitudes et des stratégies individuelles.
D’après Mancur Olson et sa théorie des choix rationnels, un militant ne participe à un groupement qu’à condition d’y trouver un bénéfice personnel. Il y aurait une défense d’intérêts personnels avant les intérêts collectifs. Selon lui, les individus réalisent un calcul rationnel entre les avantages et coûts de l’action collective et, agissant rationnellement, n’ont donc pas intérêt à s’investir mais à développer au contraire un comportement de « passager clandestin » (free rider), par exemple pour bénéficier des avantages d’une mobilisation (ex : grève entrainant une hausse de salaire) sans pâtir des coûts (jours non payés de la grève).
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