Pascal, la divisibilité de l'espace à l'infini
Commentaire de texte : Pascal, la divisibilité de l'espace à l'infini. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar koliju • 10 Décembre 2011 • Commentaire de texte • 4 061 Mots (17 Pages) • 1 670 Vues
Dans ce texte, Pascal entend démontrer la véracité de la thèse qu’il tient pour vraie à savoir celle de la divisibilité de l’espace à l’infini. Une telle démonstration n’est pas aisée car démontrer implique transmettre une vérité par médiations et « directement » or, comme il l’affirme préalablement en tout début de ce texte il sait que la maladie naturelle de tous les hommes (donc sa maladie aussi) est une croyance : celle qui consiste à penser que la vérité s’acquiert « directement ».
Mais la démonstration n’est pas qu’un mode d’acquisition directe du vrai. Elle use en effet de médiations et par certains côtés est « indirecte. Aussi se propose-t-il de l’utiliser ici en se posant une question épistémologique préalable mais qui sera essentielle dans ce passage et lui servira de prémisse. Cette question est la suivante : comment établir la véracité de ces questions d’ordre métaphysique , comment avoir la certitude en ce domaine?
Pour répondre à cette question, il distingue le fait du droit.
En fait, la plupart du temps, les hommes croient en une théorie parce que le contraire leur paraît inconcevable et c‘est là une maladie.
Cependant, en droit, une telle attitude est condamnable voire pathologique. Elle est pathologique parce qu’elle est la conséquence directe de ce mal évoqué plus avant mais aussi parce qu‘une telle attitude conduit souvent à une fermeture d’esprit (et à nier ce qui peut être vrai) et enfin et surtout par ce que ce qui est inconcevable n’est pas toujours faux pour lui.
En effet, il est des vérités qui, pour le chrétien qu’il est, sont incompréhensibles à l’homme. Il est, en effet, des vérités qui sont destinées à être des mystères et qui sont donc inconcevables par le seul entendement humain en ce qu’elles dépendent d’un entendement divin. Les mystères sont vrais, ils ne sont pourtant pas toujours compréhensibles pour l’homme et le chrétien qui sait que les voies du Seigneur sont impénétrables.
Mais le caractère impénétrable de certaines réalités implique-t-il le renoncement en ce domaine ? Faut-il, pour autant, en effet, s’abandonner à la seule autorité, au seul diktat de telle ou telle herméneutique qui s’imposerait à nous sous prétexte qu’elle serait l’Autorité en ce domaine ? Certainement pas pour Pascal qui croit en la liberté d‘interprétation dès lors qu’elle n’est ni charnelle ni ne conduit au scepticisme. Il ne faut donc pas , face à l’incompréhensible opter pour la paresse du sceptique. Toutefois, si la liberté est de mise, faut-il se laisser aller à l’imagination délirante, au mysticisme ? Guère plus.
Mais alors, si ce n’est pas de la sorte qu‘il faut agir, de telles vérités comment les concevoir - et notamment pour le sujet qui nous intéresse - comment départager les partisans de l’atome et ceux, qui comme lui, croient en un espace divisible à l’infini ?
Précisément pas par l’intelligence, puisque celle-ci oeuvre par concepts or l’inconcevable est précisément ce qui ne peut se concevoir. On ne peut donc pas toujours raisonner sur ce qui, a première vue, semble irrationnel. Alors comment faire ? Telles sont les questions et les problèmes que Pascal se pose dans ce texte.
Pour y répondre, dans un premier moment, l’auteur des Pensées semble nous indiquer que le mieux serait d’appliquer, pour ces vérités inconcevables, un raisonnement par l’absurde. En effet, le raisonnement par l’absurde reste un mode d’acquisition de la vérité « indirect » puisqu’il s’attaque à l’affirmation contraire de celle qui nous intéresse.
Pascal met d’ailleurs en application cette proposition ou cette suggestion,dans la deuxième partie de ce passage, afin de démontrer, l’ « absurdité » de la théorie atomiste.
Toutefois, dans le dernier moment de cet extrait, Pascal se rend à l’évidence du caractère discutable de ce qu‘il vient d‘exposer.
En effet, il a dans un premier temps suggéré que ces vérités inconcevables ne pouvaient se découvrir par le raisonnement. Or le raisonnement par l’absurde demeure malgré tout un raisonnement.
Aussi, dans le dernier moment du texte, Pascal concède aux défenseurs de la théorie adverse que sa démonstration pourrait tout autant que les leurs être récusée et il paraît ouvrir sur une autre forme de résolution de ces questions ; résolution qui implique l’usage d’autres facultés, d’autres démarches qui ne sont pas directement évoquées ce qui n’est que justice puisqu’il a préalablement indiqué, dans son texte, que la vérité ne venait jamais « directement » à l’homme. D’autres voies, un « autrement » est parfois nécessaire à ce dernier pour qu’il la découvre ou l’admette.
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Dans le premier moment du texte, constitué des deux premiers paragraphes de celui-ci, Pascal explique la cause de l’erreur de ses adversaires - ceux qui croient à l’existence d’une part indivisible de l’espace - et qui trouve son origine dans une pathologie et il expose une « règle » propre à la fois à les guérir et à nous soigner par la même occasion.
Cette maladie est « naturelle à l‘homme », cela signifie qu’elle ne lui est pas acquise, ne vient ni de la société, ni de son éducation. Elle est propre à sa « nature » d’homme et comme telle elle s’applique tout autant à ses contradicteurs, qu’à ses lecteurs et à lui-même. Cette maladie est une « croyance ». On peut s’étonner ici que Pascal, en tant qu’homme de foi, considère qu’une croyance puisse constituer une maladie, surtout si celle-ci est naturelle. Cependant, pour l’auteur des Provinciales une bonne partie de nos erreurs vient de nos passions et de l’illusion qu’elles font naître en nous, passions charnelles, amour du pouvoir ou de la charité qui nous font croire en l’existence d’une justice humaine ou qu’en faisant l’ange nous ne faisons souvent que la bête.
La croyance pathologique que Pascal condamne lui fait croire d’une part que la vérité « se possède » et surtout que l’homme peut l’acquérir « directement ». Or les facultés de l’homme sont limitées pour Pascal qui, certes n’est pas sceptique mais qui pense que l’humain est un milieu entre le zéro et l’infini, un roseau pensant et qu’il a donc une capacité limitée en matière intellectuelle ce même si cette capacité reste réelle.
La vérité, l’homme ne la possède jamais tout à fait en conséquence et cependant lorsqu’il la possède ( et ce par exception) ce n’est jamais « directement ».
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