L’Être et le Paraître

Planche d’élévation au grade de Maître

L’Être et le Paraître

A.L.G.D.G.A.D.L.U.

Vénérable Maître et vous tous mes frères en vos grades et qualités.

Le constat est simple : nous attachons une importance certaine à l’apparence au détriment du cœur.

Dans cette société du paraître nous n’existons qu’au travers du regard des autres, car l’apparence détermine la première opinion que les autres se font de nous.

Le regard d’autrui c’est à la fois ce que nous redoutons et ce que nous désirons le plus. Nous agissons pour les autres, pour leurs plaire, pour se faire accepter et être aimer. Nous sommes habités des manques et des désirs générés par la société et que notre égo cherche à combler à tout prix. L’égo est la représentation que l’on a de soi et sous son emprise nous avons une attirance naturelle vers le paraître. Se défaire de son égo nécessite de vaincre le superficiel, la vanité, la prétention c’est-à-dire la fausse perception que l’on a de soi.

Le miroir nous apprend que notre pire ennemi c’est nous même, l’image qu’il nous renvoie n’est que le reflet déformé de notre personnalité faisant obstacle à notre développement personnel. Ce reflet nous conduit irrémédiablement à des dérives tels que l’individualisme, l’égoïsme ou le narcissisme. Le culte du moi triomphe alors au détriment des valeurs altruistes.

Nous avons tendance à oublier que nous pouvons exister par nous-mêmes et décider de notre propre existence. Nos désirs et nos besoins nous appartiennent. Combien de temps perdons-nous à nous montrer telle que les autres désirent nous voir ? Nous n’assumons en rien les responsabilités de nos vies, de nos actes. Nous suivons un chemin qui nous est dicté et devenons le spectateur de notre propre vie.

Mais le Paraître est également le reflet de notre personnalité, on expose au regard de l’autre un aspect de notre être intérieur. Le paraître n’étant finalement que le prolongement de la pensée.

« Ce n’est pas le plus beau qui est le plus sage, la vraie grandeur est dans l’âme humaine ». La démarche initiatique en Franc Maçonnerie consiste à prendre conscience de son Être au détriment du Paraître. En effet, nous gagnons plus à nous laisser voir telle que nous sommes plutôt que d’essayer de paraître ce que nous ne sommes pas.

La tenue vestimentaire en loge symbolise l’égalité des apparences entre Frères. Si les métaux m’accompagnent alors je suis dans le paraître. Les tablier, gants et sautoirs ne sont pas attributs de parade mais des outils me permettant d’être dans la réflexion.

Pour être il faut se connaître c’est-à-dire avoir conscience de ses défauts et ses qualités. À travers les cinq voyages initiatiques nous progressons à parfaire cette connaissance. Les cinq sens de la nature me permettent de ressentir, de mieux me connaître pour finalement mieux appréhender mon environnement.

La juste connaissance de la pierre brute va déterminer la qualité de l’ouvrage. Une bonne connaissance de soi demande une profonde humilité et une grande honnêteté intellectuelle. A cette seule condition nous pourrons prendre la pleine mesure du labeur qu’il restera à accomplir.

Être soi c’est suivre la voie de notre cœur afin de trouver la paix intérieure. C’est trouver l’équilibre en soi, être vrai, se sentir libre. Afin d’y parvenir il faut ouvrir son cœur et libérer sa pensée des influences du monde profane. Cette démarche est source d’un profond enrichissement et nous permet d’évoluer spirituellement. Notre inspiration profonde est d’Être non de paraître, afin que notre pierre cachée se révèle au monde.

Mais être soi dans sa globalité c’est aussi prendre le risque d’exposer sa vulnérabilité. Cette démarche n’est pas sans conséquences : elle peut engendrer la peur, le manque de confiance en soi et d’assurance, la crainte d’être rejetée. Ce n’est que le manque de courage qui nous fait reculer devant cette démarche. Selon moi, il est bien plus sécurisant de rester dans le statut quo que d’affronter le regard des autres et tout ce que l’on pourra découvrir. Mes Frères, travaillons sans relâche et soyons courageux, n’ayons pas peur de nous connaître véritablement car de toute façon tôt ou tard nous finirons par être démasqués. V.I.T.R.I.O.L en cherchant la pierre cachée nous prenons conscience de notre beauté intérieure, et en la rectifiant, nous apprenons à nous aimer.

L’image de la pierre brute intérieure une fois rectifiée doit se superposer à la pierre extérieure taillée.

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