Les origines de l'anthropologie
Cours : Les origines de l'anthropologie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 13or • 27 Novembre 2012 • Cours • 2 463 Mots (10 Pages) • 1 357 Vues
Origines de l'anthropologie[modifier]
Le primat de l’anthropologie physique[modifier]
Articles connexes : Anthropologie physique et Racialisme.
La polysémie du terme « anthropologie » rend difficile une définition stricte de son périmètre qui a fortement varié dans le temps et dans l’espace. L’anthropologie contemporaine est tributaire de sources multiples et variées et la définition d’une généalogie est en soi un enjeu propre de la discipline.
Au xviiie siècle, une relative convergence assigne à l’anthropologie l’étude de l’Homme sous ses divers aspects grâce aux méthodes des sciences naturelles. Elle s’inscrit dans un mouvement plus général qui, ramenant l’Homme au sein de la nature, lui fait perdre la position privilégiée qu’il occupait au sein de la Création dans la théologie chrétienne.
Buffon définit dans son Traité des variations de l'espèce humaine (1749) l'« Anthropologie » comme l'équivalent de l’« Histoire naturelle de l'Homme ». Diderot propose en 1751 une définition plus étroite en faisant de l’anthropologie un équivalent de l’anatomie2.Ces visées restrictives sont contestées par Kant dans son ouvrage l'anthropologie d'un point de vue pragmatique publié en 1798, où le philosophe désigne plutôt ainsi la connaissance que l'Homme a de lui-même comme "habitant de la terre qui est inscrit par sa sensibilité et sa raison dans des relations empiriquement nécessaires avec les êtres du monde."3. Si le périmètre de l’anthropologie et sa position vis-à-vis de disciplines voisines demeurent flous au cours du XIX siècle, elle reste considérée comme une discipline des sciences naturelles. Se confondant, en France plus particulièrement, avec ce qui est aujourd’hui désigné comme l’anthropologie physique, elle épouse le paradigme naturaliste qui « proclame que le statut d’un groupe humain, comme l’ordre du monde qui le fait tel, est programmé de l’intérieur de la matière vivante »4. La préoccupation principale des anthropologues, le plus souvent issus de la médecine ou de la biologie, est d’étudier l’origine et l’évolution de l’homme, d’établir des classifications de l’espèce humaine sur la base du concept de race, en s’appuyant sur les méthodes de l’anatomie comparée.
Sur le plan institutionnel, l’anthropologie se développe d’abord en dehors du cadre universitaire, au sein de sociétés savantes, fruits d’initiatives privées.
En France, l’éphémère Société des observateurs de l'homme, présidée par Louis-François Jauffret, se fixe pour tâche l’étude de « l'homme sous ses aspects physique, moral et intellectuel », projetant d’établir une classification des races sur des bases anatomiques. La Société ethnologique de Paris, fondée en 1838 par William Edwards, circonscrit principalement ses débats à la querelle sur l’origine de l’espèce humaine opposant monogénisme et polygénisme. Elle disparaît en 1848.
En 1855, Armand de Quatrefages occupe la chaire d’anthropologie qui remplace la chaire d’anatomie humaine au Muséum national d'histoire naturelle. Pierre-Paul Broca, considéré par ses contemporains comme le père de l’anthropologie physique en France, contribue à affermir ces premiers ancrages académiques. De formation médicale, il fonde la Société d'anthropologie de Paris en mai 18595 puis l'École d'Anthropologie de Paris, inaugurée en décembre 1876, d’orientation polygéniste.
En Grande-Bretagne, la London Ethnological Society naît en 1843, sur le modèle de la société créée par Edwards6 ; une fraction polygéniste et anti-darwinienne, menée par James Hunt, opèrent une scission pour créer l'Anthropological Society of London en 18637. Les deux sociétés se fondent finalement dans le Royal Anthropological Institute en 1871.
En Allemagne, Rudolph Virchow et Adolf Bastian, tout deux médecins, créent en 1869 la Société berlinoise d'anthropologie, d'ethnologie et de préhistoire (Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Ungerschichte).
L'autonomisation de l’anthropologie sociale[modifier]
Reconnaissance institutionnelle[modifier]
Ce qui est désigné comme l’anthropologie sociale en Grande-Bretagne, l’anthropologie culturelle aux États-Unis ou encore l’ethnologie en France s’autonomise progressivement de la tutelle de l’anthropologie physique au tournant des XIXe et XXe siècles.
Premier titulaire d’une chaire d’anthropologie à l’université d’Oxford en 18958 Edward Tylor est l'un des principaux initiateurs de ce processus, notamment avec son ouvrage Primitive Culture. Il est également l’auteur du premier manuel de la discipline, intitulé Anthropology (1881), qui laisse encore une grande place à l’anthropologie physique et à l’exposé des classifications raciales9 . En 1906, un de ses disciples James Frazer définit l’anthropologie sociale comme la branche de la sociologie en charge de l’étude des « peuples primitifs ». La même année, cette distinction est reprise à Oxford lors de la création d’un diplôme d’anthropologie10.
En France, le groupe de chercheurs regroupés autour de Durkheim et de L'Année sociologique joue un rôle important dans ce processus d’autonomisation. En 1901, Marcel Mauss obtient ainsi la chaire des « religions des peuples sans civilisation » de la 5e section de l’École pratique des Hautes Études11. En 1925, Mauss participe également aux côtés de Paul Rivet à la fondation de l’Institut d'ethnologie de l’université de Paris. L’emploi du terme « ethnologie » ne doit cependant pas tromper sur la conception que s’en fait Rivet. Pour lui, elle reste une branche des sciences naturelles et doit permettre de regrouper dans une même institution l’ensemble des disciplines qui concourent à ce qu'il désigne comme la Science de l’Homme : l'anthropologie, restreinte à la seule anthropologie physique, la linguistique, l’archéologie et la préhistoire12.
Le rôle du musée[modifier]
Les musées jouent un rôle majeur dans la structuration de la discipline. Au cours du xixe siècle, les artefacts des cultures non occidentales, auparavant disséminés dans les collections des cabinets de curiosités de l’aristocratie européenne, sont progressivement regroupés et exposés dans des sections spécifiques des musées, avant de jouir de lieux d’exposition propres. En 1856 est ainsi créé un département d’ethnologie au sein du Musée des Antiquités
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