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Les Vertus Du Citoyen

Dissertation : Les Vertus Du Citoyen. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Mai 2012  •  Dissertation  •  626 Mots (3 Pages)  •  1 244 Vues

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Le citoyen raisonnable sait qu'il faut obéir aux lois, car elles seules garantissent sa liberté. Mais il sait aussi que les lois sont des œuvres humaines, qu'elles peuvent donc être mal faites, voire injustes ; il doit donc garder envers elles une distance critique et même une certaine méfiance. L'obéissance ne doit pas être acquise pour toujours : le citoyen qui refuse de se soumettre aux lois menace l'ordre public ; celui qui, au nom de la sécurité, accepte une soumission sans conditions est mûr pour la dictature. Pour que le pouvoir demeure mesuré, et que les lois défendent la liberté au lieu de la menacer, il faut donc que le citoyen puisse demeurer critique envers elles, qu'il n'en fasse pas autant d'autorités absolues et indiscutables. La première forme de résistance face à la loi, c'est donc la liberté de penser, laquelle ne nous conduit pas à désobéir, mais à interroger le bien-fondé et la légitimité du commandement. Or, comme le remarquait Kant dans Qu'est-ce que les Lumières, une telle liberté n'est rien, si elle n'a pas la possibilité de s'extérioriser sur la scène publique : le citoyen doit non seulement pouvoir critiquer les lois en son for intérieur, mais il doit avoir le droit inaliénable de rendre publiques ses critiques. En d'autres termes, il faut que la loi demeure toujours un objet de discussion, mais que la discussion ne conduise pas à la désobéissance. Comment alors articuler ces deux notions ?

Sans doute est-ce la distinction kantienne d'un usage public et d'un usage privé de la raison qui va nous permettre de lever la contradiction. Appelons en effet avec Kant « usage privé de la raison », l'usage qu'en fait un individu en tant que ceci ou cela. Par exemple, un capitaine qui exécute l'ordre que lui donne un général a besoin de sa raison pour le faire (pour déterminer les moyens qu'il faut déployer pour mener sa mission à bien) ; cet usage est donc limité, parce qu'il n'est pas dans le rôle du capitaine de discuter les ordres du général : si dans un navire, chaque membre de l'équipage remettait en question le moindre ordre donné par le capitaine, c'est l'avancée du bâtiment qui se trouverait compromise. L'usage privé de la raison, c'est donc l'usage qu'en fait l'individu dans le cadre de ses fonctions : cet usage ne vient toucher que l'exécution d'un ordre ou d'une tâche, sans discussion possible quant à la nature de ceux-ci.

Mais le capitaine n'est pas simplement un officier de l'armée : c'est aussi un homme, et en tant que tel il peut faire de sa raison un usage autre que strictement privé, à savoir un usage public. En tant qu'homme, un officier peut juger un ordre absurde ; mais en tant qu'officier, il doit l'exécuter, et remettre sa critique à plus tard. Il en va de même pour le citoyen : en tant qu'homme, il garde le pouvoir de critiquer la loi s'il la juge mal faite, faisant là un usage public de la raison que l'État doit garantir, sous peine de n'être qu'une dictature ; mais en tant que citoyen, il doit se soumettre à la loi. Je peux fort bien, en tant qu'homme doué de raison, estimer qu'une loi est injuste ou contradictoire ; je dois avoir le droit de proclamer publiquement mon désaccord, et de tout

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