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Le Procès De Socrate

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Par   •  3 Décembre 2014  •  657 Mots (3 Pages)  •  1 411 Vues

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Au printemps 399, cinq ans après la fin de la guerre du Péloponnèse, un procès pour impiété (graphè asebeias) est intenté à Socrate par trois accusateurs, Anytos, homme politique de premier plan, et deux comparses, Mélétos, un poète, et Lycon, obscur orateur. Les chef d'accusation sont les suivants : « ne pas reconnaître les mêmes dieux que l’Etat, […] introduire des divinités nouvelles et […] corrompre la jeunesseNote 19. ». Sur les 501 juges, 280 votent en faveur de la condamnation, 221 de l'acquittement. Invités à proposer une peine, Mélétos demande la peine de mort, Socrate demande à être nourri au Prytanée, honneur réservé aux citoyens les plus méritants. Les juges votent alors en faveur de la peine de mort22. Les commentateurs contemporains sont partagés sur l'interprétation à donner à ce procès : les uns pensent que les chefs d'accusation sont les véritables motifs du procès, les autres qu'ils sont un prétexte et que les véritables motifs sont de nature politique23.

À propos du premier chef d'accusation, la question s'est posée de savoir ce qu'on reprochait exactement à Socrate : être athée, donc de ne pas croire tout court aux dieux, ou être impie, c'est-à-dire de ne pas honorer les dieux d'Athènes. En effet PlatonNote 20 et XénophonNote 21 le présentent comme s'il se défendait contre une accusation d'athéisme, ce qui contredirait l'accusation d'introduire de nouvelles divinités. Il est certain que ses disciples ne présentent jamais Socrate comme un athée, mais, même si Socrate ne croit pas aux fables des poètes sur les dieux, il n'est pas non plus présenté comme un impie, et ce dernier point ne suffit pas à lui seul à comprendre la raison de ce procès pour impiété. La possibilité même d'un procès pour impiété à Athènes à cette date n'est pas assurée. Un décret à ce sujet, datant du début de la guerre du Péloponnèse, est mentionné par Plutarque et aurait visé Périclès à travers AnaxagoreNote 22. Mais son authenticité ou le fait qu'il soit toujours en vigueur en 399 sont discutés23.

Le chef d'accusation relatif à l'introduction de nouvelles divinités (daimonia) est mis en relation par Platon et Xénophon avec le « signe divin » (daimonion semeion) de Socrate. Dans Les Nuées d'Aristophane, Socrate est présenté comme un « physicien », substituant aux anciens dieux des entités telles que les Nuées, la Langue ou le Vide. Mais le signe divin de Socrate n'apparaît nulle part dans la pièce et il est possible que ce chef d'accusation soit la manifestation d'une certaine jalousie des Athéniens envers ce qui pouvait apparaître comme une faveur des dieux à l'égard de Socrate23.

L'accusation de corrompre la jeunesse est liée par Platon à celle d'impiété. Mais pour Louis-André Dorion, ce lien paraît superficiel et le véritable motif serait d'ordre politique. Cette accusation est par ailleurs mise en relation avec la pratique de l’elenchosNote 23. La révélation en public de l'ignorance de certains, se croyant savants, par Socrate et les jeunes gens qui l'imitaient, ainsi que l'influence que l'on attribuait au philosophe sur certains de ses disciples, Alcibiade24,25, Charmide, Critias, considérés comme ayant trahi la démocratie

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