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Justice Dans Mill

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Par   •  10 Novembre 2013  •  3 755 Mots (16 Pages)  •  980 Vues

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Mill aborde explicitement le problème de la justice dans le dernier chapitre de L’utilitarisme, en annonçant par le titre même du chapitre l’existence d’un lien entre la justice et le principe d’utilité.

Mill n’admet pas l’existence d’un principe premier de « justice » qui s’imposerait naturellement à nous pour guider notre conduite ; il se pose en cela contre de nombreux philosophes pour lesquels le principe de « justice », inhérent à tout être humain, permettrait de choisir ce qu’il est bon ou non de faire. La justice pour Mill n’est pas le critère permettant de définir la conduite morale à adopter, il donne au principe d’utilité ce rôle de critérium permettant de définir la moralité. Pour défendre sa doctrine utilitariste, Mill récuse d’emblée cette notion de justice, comme critère suprême concernant la conduite morale, en soulignant l’existence de l’injustice elle-même : en effet, si la justice était un principe naturel pour tout être humain, principe naturel qui obligerait immédiatement chacun d’entre nous, alors comment expliquer que des injustices soient commises ? Le caractère d’obligation de ce prétendu principe suprême de justice n’apparaît pas comme assez puissant pour dicter une conduite absolument morale. Mill affirme ainsi, dès les premières lignes du chapitre consacré à la justice, qu’« il n’y a pas de lien nécessaire entre la question de l’origine du sentiment et celle de sa force d’obligation. Le fait qu’un sentiment nous est donné par la nature ne légitime pas nécessairement tous les actes auxquels il pousse » Cette observation intervient dans l’ouvrage de Mill pour appuyer le fait que la justice ne prime pas devant le principe d’utilité dans la conduite humaine : il y a certes un sentiment naturel de « justice », mais il n’oblige pas l’homme à toujours agir moralement, c’est donc que la morale est guidée par un autre principe. Mill utilise évidemment son principe d’utilité pour répondre à cette difficulté, sans pour autant nier l’existence d’un sentiment naturel de la justice.

Pour compléter son argumentation, Mill comparerait le sentiment naturel de justice aux instincts animaux. Tout ce qui serait naturel pour l’homme correspondrait à un instinct, la justice serait comme un instinct dont la raison aurait conscience. De même que pour tous les autres instincts, l’homme utiliserait la raison pour prendre en compte ses instincts, le sentiment de justice serait ainsi interprété par la raison humaine, de même que l’instinct de survie qui commande à l’homme de manger chaque jour, par exemple, est aidé par la raison quand l’homme construit des armes pour augmenter sa force et ainsi mieux chasser. Le sentiment de justice serait de même épaulé par la raison humaine. Seulement la raison humaine est imparfaite, ou peut être influencée, c’est pourquoi il peut y avoir de mauvaises interprétations de ce sentiment de justice ; ainsi certains peuvent commettre une injustice, quand bien même le sentiment naturel de justice est présent en eux. Mill peut ainsi rappeler le caractère faillible des instincts, des sentiments naturels mal interprétés par la raison humaine : « Si nous avons des instincts intellectuels qui nous portent à juger dans un certain sens, aussi bien que des instincts animaux qui nous poussent à agir aussi dans un certain sens, ce n’est pas une nécessité que les premiers soient plus infaillibles dans leur sphère que les derniers dans la leur » Le sentiment, l’instinct de justice, quasiment, est en chaque être humain ; par contre, la manière d’en prendre conscience, grâce à la raison, cette étape donc rendrait possible l’injustice. Il y a certes un sentiment naturel de justice, admet Mill, mais ce n’est pas un instinct immédiatement connaissable. C’est au cours de ce processus interprétatif que le principe d’utilité cher à Mill entrerait en jeu.

Le sentiment naturel de justice semble nous obliger plus que le principe d’utilité. La raison utilitariste interprète ce sentiment pour nous faire agir moralement ; l’utilité demeurerait-elle seconde par rapport à la justice ? C’est la manière d’interpréter la justice qui serait utilitariste, non pas la justice elle-même ; en d’autres termes, ce serait la façon d’agir des hommes qui serait utilitariste, il y aurait bien toujours un sentiment de justice qui serait premier, et l’agir utilitariste coïnciderait ou non avec ce sentiment de justice. Mill ne considère pas comme acquise cette idée de justice qui définirait, en dehors de toute considération sur les actions humaines, ce qui serait moralement bien. L’utilitarisme a cette particularité qu’il s’agit de prendre en compte, non pas seulement des intérêts privés, mais plutôt l’intérêt général, avant de caractériser un acte de juste ou d’injuste. L’utilitarisme primerait sur la justice en cela qu’il considère l’intérêt général, et non pas des actes particuliers concernés seulement par le sentiment de justice. C’est pourquoi la justice, au sens d’institution, de législation, sera souvent en adéquation avec l’intérêt général, plus souvent peut-être qu’avec le sentiment de justice. La justice, considérée objectivement sous la lumière de l’utilitarisme, paraît suivre l’intérêt général plutôt que le précéder ; ce qui peut causer un désaccord à ce sujet, c’est que le sentiment de justice, qui est lui subjectif puisque relevant du sentiment, semble avoir une force d’obligation plus importante que le principe d’utilité pas toujours évident. Il va ainsi s’agir pour Mill de démontrer que la justice dans les sociétés humaines découle de l’utilitarisme, il annonce son projet en ces termes : « C’est une question dont l’examen est d’autant plus important que, si l’on est généralement assez disposé à admettre que le domaine des prescriptions de la justice, objectivement, coïncide en partie avec celui de l’intérêt général, il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit du sentiment de la justice, état mental et subjectif. Parce que ce sentiment est différent de celui qu’éveille communément l’intérêt pur et simple, et parce que (exception faite pour les cas extrêmes que présente ce dernier) il se montre beaucoup plus impératif dans ses exigences, on a de la peine à ne voir dans la justice qu’une espèce particulière ou une branche de l’utilité générale ; et l’on pense que sa force d’obligation supérieure doit lui faire attribuer une origine totalement différente » Certes il y a un sentiment naturel de justice ; mais tout sentiment, tout instinct doit être interprété par la raison ; et la raison utilitariste de l’homme social fait que la justice en tant que législation reste en adéquation avec l’intérêt général.

Admettre

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