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Explication De Texte: Traité des devoirs de Cicéron

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Par   •  11 Janvier 2014  •  3 519 Mots (15 Pages)  •  7 620 Vues

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Expliquez le texte suivant :

La société et l’union entre les hommes se conserveront d’autant mieux qu’on manifestera plus de bienveillance à ceux avec qui on a une union plus étroite. Mais il semble qu’il faut reprendre de plus haut les principes naturels de la communauté et de la société des hommes. II en est d’abord un que l’on voit dans la société du genre humain pris dans son ensemble. Le lien de cette société, c’est la raison et le langage ; grâce à eux, on s’instruit et l’on enseigne, l’on communique, l’on discute, l’on juge, ce qui rapproche les hommes les uns des autres et les unit dans une sorte de société naturelle ; rien ne les éloigne plus de la nature des bêtes, à qui nous attribuons souvent le courage, aux chevaux par exemple ou aux lions, mais non pas la justice, l’équité ou la bonté ; c’est qu’elles ne possèdent ni raison ni langage. Cette société est largement ouverte ; elle est société des hommes avec les hommes, de tous avec tous ; en elle il faut maintenir communs tous les biens que la nature a produits à l’usage commun de l’homme ; quant à ceux qui sont distribués d’après les lois et le droit civil, qu’on les garde selon ce qui a été décidé par les lois ; quant aux autres, que l’on respecte la maxime du proverbe grec : ’’ Entre amis, tout est commun. ” [...] Ennius (1) donne un exemple particulier qui peut s’étendre à beaucoup de cas : ” L’homme qui indique aimablement son chemin à un voyageur égaré agit comme un flambeau où s’allume un autre flambeau ; il n’éclaire pas moins quand il a allumé l’autre “.

Cicéron, Traité des devoirs, - 44 av. J.-C.

(1) Poète Latin.

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

N.B. : Pas de plan apparent lors de la rédaction de l’explication de texte.

Introduction :

Un simple constat historique montre combien les sociétés humaines peinent à garantir leur conservation et leur unité. Des temps les plus reculés jusqu’à nos jours, les sociétés humaines ont dû faire face non seulement à des guerres incessantes qu’elles se sont livrées entre elles mais aussi à des conflits internes violents et soudains.

Cela n’empêche pourtant pas Cicéron d’essayer dans son Traité des Devoirs (- 44 av. J.-C.), de comprendre quelles sont les conditions à réunir pour former une vie sociale harmonieuse et durable. S’inscrivant dans la philosophie stoïcienne, il défend l’idée d’une sociabilité naturelle entre les hommes qui s’étend bien au-delà du cadre étroit des liens familiaux et amicaux pour englober l’humanité tout entière. Comment parvient-il à justifier l’existence d’une « société du genre humain » ? Cette vision universaliste et optimiste de la nature sociale de l’homme ne se heurte-t-elle pas à la dure réalité des rapports sociaux marqués par la division et la violence ?

Après avoir suggéré que la bienveillance ne pouvait se limiter au cercle étroit de nos proches pour assurer l’unité et la pérennité de la société (l.1 à 4), Cicéron justifie quelles sont les facultés de la nature humaine qui fondent sa sociabilité (l. 4 à 9). Il finit par défendre l’idée d’une société humaine universelle fondée sur l’amitié et le partage (l. 9 à fin).

I. (l. 1 à 4) L’unité et la pérennité de la vie sociale.

a. (l. 1 à 2) la bienveillance comme fondement de la vie en société

Cicéron entend montrer, dans un premier temps, que la bienveillance est ce qui assure un lien social solide et harmonieux entre les hommes. Mais il tient à préciser aussitôt que le principe de cette qualité morale est à chercher au-delà des liens affectifs et de proximité. Le philosophe romain commence par s’interroger sur l’origine des sociétés humaines et sur la manière dont elles parviennent à garantir leur unité et leur conservation. Il semble avoir une idée bien précise de ce qui semble faire naturellement le lien entre les hommes. Il considère « la bienveillance » que les hommes ont les uns pour les autres comme le fondement du lien social. Il reconnaît en eux l’existence d’une sociabilité naturelle qui les pousse à se soucier les uns des autres et à vouloir se procurer mutuellement du bien. La nature humaine n’est ni égoïste ni cruelle, elle est essentiellement altruiste. Une société, c’est-à-dire un ensemble d’individus politiquement organisés sur un territoire donné, fondée sur une relation de bienveillance, serait bien plus unie, et plus susceptible de se maintenir dans le temps qu’une société qui reposerait sur des liens de convention, donc sur une sorte de contrat. La bienveillance est ainsi ce qui distinguerait une société d’individus égoïstes, seulement liés par l’impossibilité de vivre seuls, d’une société où les individus seraient unis par le souci d’autrui. Or, seule la seconde pourrait se conserver puisque la première ne résisterait pas aux conflits égoïstes, source de division. Toutefois, une telle relation de bienveillance semble n’être possible que dans un cadre relationnel très limité : celui « de ceux avec qui on a une relation plus étroite ». Nous savons par expérience combien la bienveillance paraît plus spontanée et forte pour les êtres qui nous sont les plus proches, à savoir les membres de la famille, les amis et tous ceux que nous côtoyons dans notre vie quotidienne pour nous rendre des services mutuels.

b. (l. 2 à 4) Une formulation insuffisante de la thèse.

Ce qui paraît se présenter comme la thèse de l’auteur est aussitôt mise à distance comme si celle-ci s’avérait, au final, peu satisfaisante. La conjonction de coordination « mais » introduit une rupture dans le raisonnement de Cicéron. Il est possible d’envisager une conception de la bienveillance qui soit plus universelle et non pas limitée à sa dimension purement affective. C’est pourquoi Cicéron estime « qu’il faut reprendre de plus haut les principes naturels de la communauté et de la société des hommes » (l.3 à 4). Il montre par là son intention de fonder la sociabilité sur des qualités humaines naturelles et universelles. Le fondement des sociétés humaines n’est ni à chercher dans des liens familiaux comme cela est le cas dans la vie communautaire ni dans des conventions passés entre des individus intéressés à tirer profit de leurs échanges. Ce serait

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