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Espace Et Esthétique: Le beau naturel

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Par   •  2 Octobre 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 883 Mots (8 Pages)  •  699 Vues

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Espace et esthétique

Le beau naturel

Si l’on appelle esthétique la discipline philosophique qui se propose de déterminer la signification et les conditions de possibilité de la beauté, entendue comme le sentiment de satisfaction profonde qui se fonde sur une évaluation spontanée du sujet reconnaissant le rayonnement éminent d’un certain ordre d’objets, dont la perception suscite le ravissement, et si l’espace qualifie le milieu grâce auquel le sensible se manifeste grâce à la subjectivité, alors il semble qu’il existe un rapport indéfectible entre espace et beauté. En effet si le plaisir esthétique se donne à éprouver à partir d’un flux incessamment renouvelé de sensations, d’émotions, d’images, mais aussi d’idées, qui est provoqué par un jeu de figures et d’apparences, prises par un objet que je m’attarde à contempler, alors l’espace, en tant qu’il est un réservoir de formes possibles, en tant qu’il est le principe autorisant le tracé de contours circonscrivant la forme d’un corps particulier, apparait comme l’horizon incontournable dans lequel la perception de la beauté peut seule s’accomplir.

Cela prévaut dans l’ordre de la beauté artistique, dans laquelle la volonté humaine exerce une causalité téléologique (lié à la fin, à l’intention), puisqu’elle s’empare de la matérialité physique pour la façonner, modifier sa configuration spatiale (je travaille un bloc de pierre, etc), selon un agencement qu’elle n’aurait pas pris d’elle-même, de sorte que dans l’art, l’espace visible ou dans lequel circule les sons, sont le site d’une appropriation symbolique en vertu de laquelle l’esprit (ce principe organisateur) spiritualise le sensible : l’art est bien l’incarnation ou la réalisation sensible d’une idée (une spiritualisation du sensible ou une sensibilisation de l’esprit). Puisque le plaisir esthétique est un plaisir de la perception (mettant en jeu seulement deux sens = vue et ouïe), il n’y a d’activité d’artistique possible que moyennant un espace qui est le principe de cette perception.

Cela vaut aussi de la contemplation des attraits présentés par la nature, entendue cette fois comme l’espace tel que l’homme le trouve, indépendamment de son intervention active sur lui.

Cela vaut aussi de la contemplation des paysages et des jardins, parce que dans la contemplation esthétique, la nature cesse d’apparaître comme un ensemble de phénomène soumis au déterminisme physique et elle devient le principe d’un émerveillement lié à ceci qu’un sens mystérieux semble à la fois se profiler et se dérober dans l’ordre harmonieux qui transparait à travers ces formes.

Cette thèse est défendue par Kant dans l’ouvrage de 1790 qu’est la Critique de la faculté de juger. Il affirme que dans la perception de l’espace physique, il y a quelquechose comme un symbolisme des formes et des couleurs faisant que le plaisir que nous avons à les observer, tient au fait que nous avons l’impression subjective que la nature a été disposée par un artiste supérieur ou que la nature est elle-même à soi même, l’artiste et l’œuvre. Kant va rappeller qu’il y a une profusion de formes harmonieuses dans l’espace excédant la capacité d’inventivité de l’imagination et d’autre part, le plaisir que nous érpouvons face à la beauté de la nature est un plaisir esthétiquement plus pur à celui que nous prenons de la beauté esthétique.

La première partie de la Critique de la faculté de juger (parag 1 à 61), Kant entreprend de spécifier la nature du jugement esthétique et Kant développe une esthétique subjectiviste : il existe une beauté universelle, dont l’universalité ne provient pas du sujet elle-même mais des relations que les facultés du sujet entretiennent à ces choses.

La beauté suppose un certain jugement (de valeur) par lequel je pose que l’objet beau m’apporte une satisfaction sans équivalent, que je ne peux pas être le seul à connaître, mais que tout Homme devrait connaître (à ma manière) et que je pose parce qu’en fait la représentation en moi de cet objet enclenche et entretient un certain exercice de mes facultés qui est souverainement délectable.

Kant insiste sur la primauté et sur l’immédiateté de la beauté naturelle sur le beau artistique et donc de l’espace extérieur sur l’espace fictif produit par une intention humaine.

« Le beau est l’objet d’une satisfaction désintéressée. » para 2

« Le beau plaît universellement sans concept. » para 6

« Le beau entraine un libre-jeu des facultés »

Le beau de distingue de l’agréable, du plaisir sensoriel ou sensuel en tant qu’il repose sur la singularité ou l’idiosyncrasie (en termes nietzschéen) qui s’enracine en dernier lieu dans la particularité de ma constitution physiologique. Car le beau, à la différence du plaisir, n’est articulé à aucun désir et les pommes que je considère sur une nature morte n’ont ni vocation à éveiller mon appétit, ni à me satisfaire par procuration. Dans le plaisir esthétique, il y a un détachement de mon corps naturel (si j’admire un lac, ce n’est pas parce qu’il peut étancher ma soif).

Puisque précisément, le beau en vertu de la propriété précédente est affranchi de la particularité du désir et de l’agréable, le beau s’offre à l’admiration de n’importe quel homme. Sans concept = la beauté d’une chose n’est pas liée à la connaissance de sa fonction ou de son utilité, c’est pourquoi le beau naturel est supérieur ou beau figuratif = je n’ai pas besoin de savoir que la fleur est un organe de fécondition pour en apprécier la forme, la couleur et la ebauté.

En réalité, ce plaisir est resté jusqu’ici connoté négativement, la troisième propriété est positive et explique la deuxième : elle explique qu’on ne puisse , je n’en ai nul besoin lorsque j’admire une beauté naturelle et dans le même temps, cette beauté naturelle, quoiqu’elle ne puisse être déterminée

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