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Entretien avec Michael Stora

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Par   •  16 Mai 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  578 Mots (3 Pages)  •  625 Vues

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Entretien avec Michael Stora1, psychologue, psychanalyste, thérapeute auprès des personnes dépendantes aux jeux.

La Santé de l'homme : Comme psychologue et psychanalyste, vous accompagnez des personnes, surtout adolescentes, victimes de l'usage abusif des jeux vidéo. Et pourtant vous aimez l'univers des images. Est-ce paradoxal ?

Michael Stora : Cela fait pas mal d'années que dans mon parcours, autant personnel que professionnel, je côtoie l'image. Avant d'être psychologue, j'ai eu une formation de cinéaste. Je suis un amoureux des images. Et, comme dans toute relation amoureuse, ce qui est intéressant pour se dépassionner, c'est d'avoir des formes d'exigence pour mieux saisir ce qui se passe dans ces images. J'ai été un enfant " biberonné " aux images télé et qui, au cours du temps avec l'arrivée de l'âge adulte, a cherché, un petit peu, à s'en décoller.

S. H. : Cela veut-il dire que vous avez, à un moment, ressenti une certaine dépendance ?

Oui. Je fais partie des gens qui ont ce que nous appelons dans notre jargon une " structure addictive ". Neuf ans d'analyse m'ont permis non pas de changer de structure mais plutôt d'accepter ce que je suis, avec l'idée d'aménagement. Dans les addictions, la question principale est la problématique du déplacement, donc de la place que l'addiction peut prendre. Et puis il peut y avoir des addictions meilleures que d'autres. Celles qui sont liées au travail, par exemple. Nous savons que les personnes addictives sont des personnes, très souvent, passionnées. Pour en revenir à ma relation forte avec l'image, on peut observer par ailleurs que la passion amoureuse s'oppose à la passion créatrice. La passion amoureuse peut être une forme de drogue dure. Quant à la passion créatrice, elle permet de mettre en marche des choses, d'accepter la frustration, de ne pas être dans le " tout ", tout de suite, comme l'écriture d'un livre…

S. H. : Au sujet de l'addiction aux jeux et à l'image, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) parle " d'addiction sans drogue ". Reprenez-vous, à votre compte, cette expression ?

Complètement. Je dirais que tout objet de plaisir peut devenir une addiction. Il y a des nouveaux objets technologiques qui apparaissent dans notre société et qui provoquent chez certaines personnes des phénomènes de dépendance. Ceux-là feront tout pour posséder le dernier de ces objets, par exemple. L'image, en elle-même, peut être un objet d'addiction.

S. H. : Parlons des jeux dits pathologiques. Existe-t-il des différences dans la manière dont un joueur aborde ces jeux ?

Tout d'abord, il faut préciser que tous les jeux ne sont pas addictogènes. Il faut bien avoir cela à l'esprit quand on aborde cette question. Dans le domaine de la dépendance au jeu, il existe une classification du joueur en trois phases : l'occasionnel, l'excessif, et le dépendant. Pour prendre l'exemple du jeu vidéo, que certains appellent " le nouvel objet du plaisir ", les joueurs eux-mêmes

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