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Dans Quelle Mesure L'homme Occupe-t-il Une Place Particulière Dans La Nature ?

Note de Recherches : Dans Quelle Mesure L'homme Occupe-t-il Une Place Particulière Dans La Nature ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Janvier 2013  •  1 527 Mots (7 Pages)  •  1 632 Vues

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(Nietzsche)

Toutes les mythologies ont toujours vu l'homme comme le centre de la création et ont imaginé des dieux anthropomorphes (ainsi les dieux grecs). Pic de la Mirandole concevait une pyramide du monde dont le degré supérieur, au-dessus des simples objets (qui sont), des plantes (qui vivent) et des animaux (qui ressentent) était l'homme (qui pense), créature-reine et seigneur du monde après Dieu. Rares sont les systèmes cosmiques selon lesquels les animaux sont promus à aller au paradis. Il a fallu atteindre Darwin et le XIXè siècle pour qu'enfin l'homme admît qu'il n'est pas, sur le plan biologique, plus qu'un animal parmi d'autres. Ainsi l'homme est-il fermement persuadé d'occuper une place particulière dans la nature. Mais alors pourquoi, et dans quelle mesure. Est-ce seulement parce qu'il pense ? Ou plutôt parce qu'il parle (et la parole n'est-elle pas la source de sa conscience) ?

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Les animaux sont réputés agir d'instinct. D'un chat qui chasse les souris on dira « ce n'est pas de la cruauté : c'est de l'instinct ». Appliqué à l'homme, ce terme est peu flatteur : on parle d'instinct guerrier, meurtrier… L'homme est supposé avoir perdu cet ingrédient qui permet aux autres animaux de survivre par eux-mêmes dans un environnement souvent hostile ; il est, ainsi que le dis Jules Vercors, un animal dénaturé. La légende de Prométhée nous rappelle que l'homme était bien moins adapté que les autres animaux d'Épiméthée ; cependant, il a reçu de son créateur un cadeau plus utile que l'instinct, symbolisé par le feu volé aux dieux…

L'originalité de l'homme au sein de la nature est plus précisément l'originalité de l'humanité : l'homme ne naît pas dans cette place particulière, il doit y parvenir avec l'aide de ses congénères, il doit réussir à réunir en lui tous les éléments qui en feront un véritable membre de l'humanité. Contrairement aux animaux qui naissent déjà formés et caractéristiques de leur espèce, l'homme doit lentement mûrir. « Un enfant est un candidat à l'humanité, mais il n'est qu'un candidat. » écrit Henri Piéron.

Mais si l'homme a à peu près totalement perdu son instinct, il possède un pouvoir bien plus grand : celui de penser. Grâce à cette faculté, il peut regarder au-delà du monde sensible, au niveau du monde intelligible de Platon. Baudelaire écrit dans le poème Élévation : « Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, / Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, / Par delà le soleil, par delà les éthers, / Par delà les confins des sphères étoilées, // Mon esprit, tu te meus avec agilité. » En effet, la pensée est ce qui permet à l'homme de s'élever au-dessus du rang d'animal. L'homme est à cheval entre le monde matériel et le monde spirituel, il est l'étrange association de la pensée et de la matière, de la res cogitans et de la res extensa, ce qui le sépare nettement des animaux, des plantes et des objets.

Les animaux supérieurs sont capables d'apprendre. Mais lorsqu'ils le font, c'est de manière entièrement expérimentale. L'homme seul est capable de transcender cet empirisme et d'user de son esprit pour déduire des nouveaux faits à partir de données observées. La pensée est à l'origine de l'explosion phénoménale de la masse des connaissances de l'homme par rapport à celles des animaux.

Et les exploits qu'il tire de ce qu'il apprend sont aussi démesurés que sa soif de savoir. Il se rend, suivant l'expression de Descartes, « maître et possesseur de la nature ». Se prenant peut-être pour un dieu, il envoie des engins dans l'espace et en vient même, par la médecine, à allonger la durée de vie qui lui était impartie. Il est le seul à oser ainsi s'attaquer à son destin. Les pauvres bêtes ne peuvent que se laisser mourir.

Ce qui est le propre de l'homme n'est cependant pas toujours positif, et les incroyables capacités de destruction qu'il a conquises ne sont, hélas, pas toujours utilisées en faveur de la vie. Intelligence ne signifie pas sagesse. Eh oui, l'homme est un loup pour l'homme. Et ce lui est propre, car les loups n'ont jamais rien fait pour mériter l'attitude dont leur qualifie ce dicton ; on ferait mieux de dire que l'homme est un homme pour l'homme, car il n'y a pas d'animal autre que lui-même à qui l'homme puisse se comparer en matière d'inhumanité.

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Mais à quoi pourrait-ce donc servir d'avoir le moyen d'acquérir de telles connaissances si c'était pour qu'elles disparussent avec celui qui les a découvertes ? L'homme ne saurait être homme sans le langage. Comme par hasard, on considère parfois que

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