Une Pensée Cohérente Est-elle nécessairement Vraie ?
Note de Recherches : Une Pensée Cohérente Est-elle nécessairement Vraie ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maaelleg • 7 Avril 2013 • 1 769 Mots (8 Pages) • 8 333 Vues
Une pensée cohérente est-elle nécessairement vraie ?
La pensée est un caractère qui différencie l’Homme à l’animal. Mais le fait que la pensée soit une spécificité de l’homme n’implique pas la valeur et la validité de cette pensée.
La cohérence désigne la liaison et l’ordre, qui assurent la rigueur d’une série de propositions. Etre cohérent revient à ne pas produire de contradiction à son discours. La vérité semble avoir recours à cette condition.
Les philosophes qui sont en quête de vérité pensent alors à la fois à la structure de la pensée mais aussi au sens de cette pensée.
Une pensée cohérente est-elle, dans tous les cas, garante de la vérité ?
Il faut alors réfléchir sur le fait qu’il faut considérer deux formes de cohérence: la construction logique et le sens et deux formes de vérité : la vérité matérielle et la vérité formelle. De plus, une pensée vraie permet de restituer avec fidélité le réel.
1. Qu'est ce qu'une pensée cohérente?
a. Sens du mot « cohérence »
On qualifie de « cohérents » une suite de pensées, ou encore un discours lorsqu’ils forment un tout logique ou rationnellement ordonné. L’inverse de propositions « incohérentes », sans ordre ou sans suite.
Plus précisément, la cohérence implique l'absence de contradictions et se fonde sur la logique, l’harmonisation de ses propositions.
b. Une pensée cohérente est celle qui est conforme à la logique
La logique est une discipline qui a pour objet de déterminer les formes valides du discours et de la pensée.
Or les principes logiques fondamentaux sont les suivants :
– Selon le principe d'identité, tout être est identique à lui-même (A=A) ;
– Selon le principe de contradiction, comme le rappelle Aristote : « il est impossible, pour une même chose, d'être et de n'être pas en même temps », et « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport » (A ne peut être à la fois B, et non-B : On ne peut être à la fois innocent et coupable) ;
– Selon le principe du tiers-exclu, un énoncé est soit vrai, soit faux, à l'exclusion de toute autre possibilité.
Sera donc « cohérente » une pensée qui demeure conforme aux règles logiques, et essentiellement à ces trois principes fondamentaux, en chacun de ses jugements et déductions.
c. Logique et syllogistique
La logique classique à partir d'Aristote étudie les formes valides du syllogisme, c'est-à-dire des raisonnements composés de trois propositions, une conclusion suivant nécessairement de deux prémisses initiales :
Tous les hommes sont mortels,
Socrate est un homme
Donc Socrate est mortel.
La syllogistique a pour but de distinguer les raisonnements valides de ceux qui sont non-valides, donc non cohérents : par exemple, déduire un énoncé particulier (« Socrate est mortel ») à partir d'un énoncé universel (« Tous les hommes sont mortels ») est un raisonnement valide, mais non l'inverse (que Socrate ait les cheveux blancs ne permet pas de dire que tous les hommes ont les cheveux blancs). Le syllogisme permet de parvenir à la réalité.
- Dans le domaine des sciences formelles, la vérité d’une proposition va de pair avec la forme du discours. Elle est issue de l’accord de la pensée avec elle-même. La vérité dépend absolument de la cohérence logique. Elle ne porte pas sur la réalité ou la matérialité des propositions.Cf. Aristote dans L’organon ou Descartes, Discours de la méthode.
- Dans les mathématiques, l’axiomatique est une construction totalement formalisée où l’abstraction est complètement réalisée.Cf. Bourbaki, Éléments de mathématique. ; Robert Blanché, L’axiomatique
La qualité, la forme du raisonnement intervient aussi dans les sciences formelles telles que les mathématiques. Cette vérité possède une qualité de raisonnement, validant sa forme. La logique et les mathématiques sont cohérentes, sont-elles vraies pour autant ou simplement des propositions hypothético-déductives, que l'on est obligé de considérer comme vrais a priori? Voilà ce que dit Bertrand Russell à ce sujet;"en mathématiques l'on ne sait jamais de quoi l'on parle, ni si que l'on dit est vrai".
La cohérence ou la logique serait donc bien la condition nécessaire de toute pensée vraie ; mais en est-elle pour autant la condition suffisante ?
2. La cohérence : une condition nécessaire mais non suffisante de la vérité.
Si la pensée cohérente est vraie du point de vue de la forme, il en va autrement du point de vue du contenu. Le concept de vérité n’est donc pas nécessairement assujetti à la cohérence de la pensée. (Aristote, exemple du syllogisme)
- Dans les sciences expérimentales, la vérité consiste plutôt dans la vérification des hypothèses.
Cf. Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale.
Cf. Gaston Bachelard, Le rationalisme appliqué.
- Nous atteignons le fondement du vrai par le cœur.Cf. Pascal, Pensées. « Le cœur à ses raisons que la raison ne connait point […] c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison ».
a. La logique ne juge que de la forme d'une pensée...
Nous venons de le voir, la logique et ses principes ont en vue la forme de nos pensées ou raisonnements. Il faut mettre en évidence les erreurs de raisonnement, du point de vue de la seule forme, et non des contenus. Il y a donc des limites.
b. ... et non de la vérité de son contenu
Le problème est alors que, si le contenu des énoncés ou principes à partir desquels on raisonne est faux, un raisonnement valide aboutira alors à des conclusions également fausses, comme le montre l'exemple
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