Peut-on désirer Sans Souffrir ?

Peut-on désirer sans souffrir ?

INTRODUCTION

Peut-on désirer sans souffrir ? Par son essence, l'homme a pour caractéristique de désirer. Comme l'affirme Spinoza, l'homme est « un être de désirs », en tant qu’il ressent le manque et le besoin. C'est aussi une force du fait que l'expérience du désir est particulière et déstabilisante. Elle part d'un manque comme par exemple le manque d'un ami absent. En effet, on ne le désirerait pas si cet ami était présent à nos côtés. Le désir semble s'accompagner d'une souffrance.

Etymologiquement, le mot « désir » provient du latin desidare qui signifie « regretter l'absence de quelqu'un ou de quelque chose. N'y a-t-il pas donc en ce sens, un élément commun entre désir et souffrance ?

Maintenant, la question serait de savoir si l’on peut désirer sans nécessairement souffrir. Est-ce possible ? On dirait que oui, car derrière les effets négatifs du désir se cache la volonté, qui nous pousse à ne pas rester sur une déception et à avancer dans la vie. De plus, le plaisir de désirer semblerait s'opposer à la souffrance.

Cependant, une fois que nos désirs sont satisfaits on imagine que notre souffrance cesse, qu'elle a prit fin lorsque notre ami est enfin arrivé, pourtant on souffre. On souffre de ne pas désirer. Il se peut qu'on déprime, qu'on devienne mélancolique, qu'on perde tout intérêt à la vie. On n'a tout simplement plus goût à rien. Cet état est paradoxal parce qu'on ne souffre pas de désirer mais de n'avoir rien à désirer. On peut alors se demander si une vie sans désirs est réellement une vie heureuse ?

Nous verrons pour cela trois moments. En premier lieu, que désirer nous amène selon les situations à souffrir. Mais, nous découvrirons que la volonté et le plaisir permettent aux hommes de redonner un goût à leur existence. Enfin, nous verrons dans une ultime partie que une vie sans désirs n'est pas forcément une vie heureuse car nous souffrons quand même de ne pas avoir quelque chose ou quelqu'un à désirer.

DEVELOPPEMENT

1. Par définition, le désir implique / est synonyme de la souffrance

A. Le désir comme manque

Définir le désir est assez complexe en ce sens que le désir possède de multiples définitions. On peut par contre aisément le définir comme étant un sentiment relevant de l'envie de posséder un bien et même une personne. Sentiment allant jusqu'à l'état de dépendance qui ne pourra être assouvi que lorsque le désir sera satisfait puisque ce désir est perçu par les humains comme une source possible de satisfaction et/ou de plaisir. Désirer c'est alors, être à la recherche de nouveautés car désirer est synonyme de rêves, de fantasmes, on est attiré par ce que nous ne possédons pas encore, par le fruit de notre imagination. Par exemple, un enfant désire une petite voiture parce qu'elle est jolie et qu'il va avoir du plaisir à jouer avec, et un homme désire une femme car il pense qu'elle va lui procurer du bonheur et qu'ils vont passer de bons moments ensemble et peut-être même le restant de leur vie. Comme avec la petite voiture, l'enfant devenu adulte désire même si ces centres de préoccupations ont quelque peu changés. En attendant que leurs désirs se réalisent, l'homme et l'enfant ressentent un manque, ils se sentent malheureux. Ils souffrent de ce manque car iIs se projettent d'autant plus dans la situation désirée et ne peuvent s'empêcher de penser qu'ils seraient plus heureux s'ils avaient la possibilité de réaliser leurs désirs. C'est pour cela que si l’on considère le bonheur comme la satisfaction de nos désirs, on peut conclure que nous ne sommes jamais heureux car nous cherchons toujours à désirer pour trouver cet état de bonheur.

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