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Peut-on Ne Pas Savoir Ce Que L'on Fait ?

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Par   •  5 Janvier 2013  •  1 044 Mots (5 Pages)  •  1 529 Vues

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Ne pas savoir, c'est être - étymologiquement - en état d'" innocence " situation que l'on attribue à l'enfance, ou même à l'humanité pour peu qu'on admette avec Rousseau que l'humanité fut initialement ignorante de la distinction entre le Bien et le Mal.

Mais de cette situation, l'enfant lui- même est appelé à sortir : vient l'" âge de raison ", à partir duquel ses parents attendent qu'il sache en effet ce qu'il fait, c'est-à-dire quelles peuvent être la portée et les conséquences de ses actes. Quant à la théologie classique, elle n'admet en fait aucune innocence absolue, puisque l'enfant lui-même est marqué à sa naissance par un péché originel dont le baptême le lave heureusement.

De l'homme, la tradition philosophique exige, dès Socrate, la lucidité, pas seulement du point de vue de son " savoir " théorique (le fameux " Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien "), mais surtout du point de vue moral si le mal et les comportements qu'il inspire ne sont encore, pour le même Socrate, qu'extérieurs à la volonté (" nul n'est méchant volontairement "), d'autres penseurs, tant religieux (saint Paul) que proprement philosophes (Kant) considèrent au contraire que mal faire résulte d'un véritable choix, et que le sujet est intégralement responsable de sa conduite et de ses effets.

C'est que la même tradition souligne l'existence, dans l'homme, d'une conscience dont la double dimension, psychologique et morale, a pour conséquence son éventuelle culpabilité. Être conscient de soi, c'est aussi être conscient de ce que l'on fait : en envisager les conséquences et les retombées éventuellement nocives, et tenir compte de ces dernières pour agir autrement, c'est-à-dire " comme il faut ".

Sans doute admet-on des cas d'exception, qui atténuent ou même suppriment la responsabilité ; c'est qu'alors l'individu ne sait pas ce qu'il fait. Soit qu'il soit " fou ", donc soumis à des forces " diaboliques " ou au moins étrangères à la raison et perturbatrices de sa conscience ; soit qu'il soit victime de sa " passion ", qui, dit-on, vient également empêcher sa lucidité de s'exercer " normalement " (et du point de vue juridique, le crime passionnel reste un crime pas tout à fait comme les autres). Dans de tels emportements, le sujet est " hors de lui ", aliéné, ce n'est plus à sa volonté qu'il obéit, mais à des pouvoirs étrangers. On voit toutefois que ces exceptions supposent que soit affirmée une nette différence entre le normal et le pathologique : autant le sujet qui est dans le premier état doit savoir ce qu'il fait et en répondre, autant celui qui a le malheur d'être dans le second est excusé.

Les théories freudiennes sont marquantes en ce qu'elles enseignent que l'écart entre le normal et le pathologique n'est pas, comme on le supposait, d'ordre qualitatif, mais est seulement d'ordre quantitatif: un phénomène psychique réputé normal ne s'inverse pas dans la pathologie, il connaît seulement une évolution en continuité qui lui fait outrepasser un certain seuil.

De plus, Freud montre également que la conscience n'a pas les pouvoirs qu'on lui prêtait: outre qu'elle ne représente plus, à ses yeux, qu'une

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