Manuel d’Epictète
Recherche de Documents : Manuel d’Epictète. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dadropeur • 8 Février 2014 • 6 182 Mots (25 Pages) • 921 Vues
Le Manuel d’Epictète
Manuel d’Epictète
Epictète, figure du stoïcisme est un philosophe du Ier siècle après J.C. de condition très modeste. Au départ, c’était l’esclave d’Epaphrodite. Il a pu suivre les enseignements de Musonius Rufus, un philosophe stoïcien. Il fut affranchi par la suite.
A l’époque d’Epictète, le stoïcisme est déjà un enseignement installé. Première figure historique du mouvement : Zénon de Kition. Les stoïciens ont subi plusieurs influences : Socrate, les cyniques (notamment Diogène mais aussi Antisthène). Le nom de stoïcisme vient de stoa = le portique = lieu où ils se réunissaient (pour les Epicuriens c’est le Jardin, pour les aristotéliciens, c’est le Lycée et pour les platoniciens c’est l’Académie).
Après son affranchissement, Epictète se consacre à la philosophie et il s’est fait connaître pour sa pratique de la philosophie. Il était pauvre et ses journées se passaient en « consultation », on venait le voir pour lui demander des conseils sur la vie ou la manière de voir les choses. Arrien, disciple d’Epictète, très marqué par sa philosophie, a jugé utile de faire une « compilation » des pensées d’Epictète (Manuel) + de ses prises de notes (Entretiens).
Pour Epictète, la philosophie ne peut pas être une simple construction théorique, une spéculation – la philosophie, ce doit être un mode de vie. Entrer dans une école philosophique, c’était alors choisir un certain mode de vie. Ceci est très important. Question centrale à se poser : - le constat que « tout ne se passe pas toujours comme on le voudrait et parfois ça peut se passer comme on ne voudrait pas » - tragique de l’existence. Le bonheur a toujours une fin et une brièveté. D’une manière générale, quand on se sent malheureux, on se sent dans l’impuissance. Sentiment qu’on ne maîtrise pas du tout – on n’est pas maître de ce qui nous arrive – Il convient alors de se demander comment faire pour avoir une attitude juste face à l’existence – à ce qui nous arrive. A partir de là, si l’on a ce souci, on ne peut pas se contenter de spéculations purement théoriques. La théorie a son utilité mais ne fait pas tout. Il s’agit de s’exercer à développer une attitude appropriée face à ce qui nous arrive –askésis (ascèse) = travail sur soi, exercice à tous les moments de l’existence – recherche de la sagesse. Epictète était considéré comme un sage. A partir de là, il ne s’agit pas simplement de comprendre intellectuellement ce qu’a dit Epictète mais il s’agit de le mettre en pratique – il faut vivre sa philosophie. Chez Epictète, on trouve un mode de discours qui est l’injonction « impératif » de la 2ème personne du singulier pour inciter le lecteur à se transformer.
Manuel = Enchéiridion (cheir=main) – ce que l’on a en main – faire de la philosophie en toute circonstance. Autre sens (cf. poignard édition G.F.)
Chapitre I
Paragraphe 1 : Nécessité d’un partage entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Il s’agit d’être au clair sur ce qui est en notre pouvoir et sur ce qui ne l’est pas. Il faut bien faire la distinction. Le manuel sert à rappeler quel partage il faut faire (cf. Le poignard qui permet de trancher entre ce qui nous appartient et ce qui ne nous appartient pas).
Ce qui ne dépend pas de nous :
a. Le corps : on ne choisit pas d’avoir le corps que l’on a (morphologie – motricité). Ce qui dépend de moi est ce qui est le produit de ma volonté, c'est-à-dire si je peux directement produire un effet sur cette chose. A ma naissance, je sous pourvu d’une corps que je n’ai pas demandé. Au cours de mon existence, je peux tomber malade et cela ne relève pas de ma volonté. La façon dont mon corps évolue ne dépend pas de moi. Objection : on peut choisir entre mener une vie dissolue et une vie saine et équilibrée. Mais ce n’est pas pour autant que l’on sera à l’abri d’une maladie. L’athlète, parce qu’il s’entraîne et adopte un certain régime, peut avoir un certain pouvoir sur son corps (ce que son corps est devenu est le produit de sa volonté). Ne doit-on pas considérer qu’étant le produit de sa volonté, le corps de l’athlète est ce qui dépend de lui ? Réponse à l’objection : ce que l’athlète a réussi à faire dépend de mécanismes physiologiques que ne sont pas le produit de sa volonté. La motricité de mon corps n’est pas en mon pouvoir – elle ne se décrète pas.
A partir de là, qu’est ce qui nous donne l’impression d’être libre de nos mouvements ? Ce qui nous donne cette impression, c’est que, par habitude, nous ne voulons que des choses que nous nous sachions capables de faire. Le corps est quelque chose qui m’est étranger, c’est la raison pour laquelle Epictète considère que le corps nous est simplement mis à disposition par la nature. Ceci implique qu’un jour ou l’autre, mon corps me sera repris. Ce que je peux faire avec mon corps et les performances que je peux effectuer avec mon corps ne sont pas non plus en mon pouvoir. C’est mon corps qui a « accepté » de devenir ce que je voulais qu’il devienne. Nous n’avons aucun mérite à avoir le corps que nous avons. Le corps relève du domaine de l’intime.
b. Nos possessions : ensemble des choses que nous pouvons posséder (l’avoir). Biens autres que mon corps donc les biens matériels, les êtres auxquels on peut s’attacher effectivement, tout ce à quoi ou tout ceux à qui, on est susceptible de s’attacher effectivement. Donc, pas nécessairement ce sur quoi on a un titre de propriété. La conséquence, c’est que la disparition de ce à quoi je m’attache m’affecte négativement. L’argent fait aussi partie de mes possessions. Tous ces biens que nous possédons ne dépendent pas de nous, même les choses sur lesquelles j’ai un titre de propriété ne dépendent pas de moi parce que ces choses peuvent se dégrader, se casser, s’user – elles peuvent disparaître. Je peux les perdre, par exemple : ruine. Idem pour les êtres que nous pouvons perdre du jour au lendemain. Je n’ai pas de maîtrise, elles sont contingentes. Elles peuvent aussi bien être présentes que ne pas l’être.
c. Les opinions que les autres ont sur nous. La réputation, les honneurs – ce sont des biens auxquels je peux m’attacher même s’ils sont non physiques, ces pensées ne dépendent pas de moi. Ce que les autres pensent de nous ne dépend pas de nous. Ma réputation peut être changée sans que j’en sois la cause (accusation à tort par exemple). Il y a plusieurs intermédiaires entre ce que
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