Les qualités de l'artiste sont-elles celles de l'artisan ?
Dissertation : Les qualités de l'artiste sont-elles celles de l'artisan ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 6 Mai 2012 • Dissertation • 1 752 Mots (8 Pages) • 1 662 Vues
Ce texte nous en apprend sur l'artiste et l'artisan de façon indirecte. Il nous parle de l'intérêt porté à l'objet, du désir. Ce désir n'est pas exclusivement celui de l'artiste ou artisan, ils l'ont en commun avec le spectateur. C'est cependant une de leurs qualités, quand on la combine au savoir-faire. Hegel démarque l'intérêt pratique, ou désir, d'un objet produit par le fabriquant. Ce désir détruit l'objet, car il le consomme, se contente de l'utiliser. Or, il n'y a pas d'utilisation instrumentale d'une oeuvre d'art : l'objet que l'artiste imite est considéré dans son existence singulière, et non utilitaire.
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les Corporations d’artisans regroupaient menuisiers, tailleurs, sculpteurs et peintres. On ne distinguait pas l’artiste de l’artisan, ils étaient réunis et politiquement représentés ensemble. Pour autant, les qualités de l’artiste sont-elles celles de l’artisan ? Ils ont tous les deux en commun un savoir-faire, celui de manipuler un matériau et de confectionner des choses matérielles. Mais une table artisanale n’est pas, en dehors des flatteries, considérée comme une œuvre d’art. Dès lors, quelles qualités faut-il avoir pour créer de l’art ? L’imitation est peut-être ce qui distingue l’artiste de l’artisan, ce qui le placerait en dessous de lui. Mais quelle sorte d’imitation ? Enfin, le rapport au monde des artistes et artisans sera interrogé.
cerner la façon singulière dont l’art approche le monde, Hegel entreprend de la distinguer de deux autres approches du réel : la façon dont notre désir appréhende le réel et, surtout, la façon dont les sciences interprètent toutes choses en vue de leur connaissance. Tout l’enjeu de sa réflexion consiste ici à souligner la façon dont l’œuvre d’art prend en charge l’existence sensible des choses et tend à préserver leur caractère singulier. En effet, si dans l’approche théorique du réel, chaque chose est pensée selon ce qui est universel en elle, si, de même, dans l’approche pratique du monde, les choses ne valent que dans la mesure où elles se plient à nos désirs, l’expression artistique, au contraire, est attentive à la particularité de chaque chose, à son individualité qu’elle cherche à révéler et à préserver. En ce sens, si nous cherchons sans cesse à soumettre les choses à nos désirs ou bien encore à abstraire leurs particularités afin de les connaître, l’art est cette expression singulière qui ne cherche pas à soumettre le réel à notre volonté, qu’elle soit rationnelle ou irrationnelle.
Partant, ne faut-il pas reconnaître une forme de vérité essentielle dans l’art, parce qu’il laisse ainsi chaque chose libre face à nous ? Qu’est-ce qui, dès lors, est le plus à même de nous faire approcher une vérité sur le monde : une connaissance universelle, qui nie chaque chose dans sa particularité, ou bien une expression qui s’efforce de préserver la différence, la singularité de chaque être ? Ainsi, l’art, plus encore que les sciences, n’est-il pas porteur d’une vérité sur le monde, une vérité qui nous renvoie à l’individualité sensible et à la singularité de toutes choses ? Loin ainsi de réduire l’art à un simple divertissement, Hegel s’efforce ici d’en révéler la vérité : l’œuvre d’art prend en charge une vérité sensible du monde, préserve la singularité de toutes choses, quand les autres activités humaines, pratiques ou théoriques, ignorent, détruisent ou font abstraction de cette vérité singulière.
Il s’agit donc, par opposition et contraste, de souligner la spécificité de l’art en le distinguant de l’approche théorique du réel qui définit l’objectivité des sciences. L’enjeu d’une telle opposition est sans doute de mettre en question l’idée selon laquelle l’approche scientifique et objective du réel serait, seule, porteuse d’une vérité sur le monde : Hegel, comme nous le verrons, attribue ici une force de vérité à l’expression artistique, dans la mesure où elle se soucie de l’individualité des choses et préserve leur singularité. En quoi consiste ainsi l’approche théorique du réel qui définit l’esprit des sciences ? Il est tout d’abord remarquable que Hegel n’accorde à cette approche théorique du réel que la valeur d’une interprétation parmi d’autres, la considérant comme un « point de vue » possible sur les choses (ligne 1), ce qui laisse clairement supposer que telle n’est pas l’unique manière d’exprimer une vérité sur le réel et de connaître le monde. Comme il le souligne d’emblée, ce qui caractérise une telle approche théorique du réel est un souci d’universalité : l’effort rationnel qui définit les sciences consiste à isoler, au sein de la diversité du réel et de la multiplicité des formes, des relations universelles et nécessaires. Hegel reprend ici à son compte une définition traditionnelle de la science, telle qu’elle est déjà affirmée par les penseurs de l’Antiquité. Ainsi, selon Platon, on ne saurait approcher une vérité sur le monde qu’en dépassant l’apparence sensible des choses, jugée trompeuse, en vue d’approcher leur essence, ce qui en elles demeure toujours identique et est l’expression de leur vérité propre. Ce faisant, l’universalité consiste à dégager l’unité au sein de la multiplicité, l’identité au sein de la diversité, la permanence au sein du mouvement et du devenir. Dès lors, un tel souci d’universalité n’est pas sans engager une certaine méfiance vis-à-vis de l’immédiateté sensible des choses
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