Les mots peuvent-ils nous manquer ?
Dissertation : Les mots peuvent-ils nous manquer ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pauline Bs • 7 Février 2017 • Dissertation • 1 838 Mots (8 Pages) • 4 415 Vues
BESSES Pauline – Tle ES 15/11/16
PHILOSOPHIE
Bien souvent, face à l'émotion ou encore face à la particularité d'une situation nous éprouvons ce manque de mots.
Cela voudrait donc dire que dans certaines situations, l’Homme se retrouve devant l’incapacité « d’utiliser » les mots bien qu’il en ressente le besoin. Les mots faisant partie de la catégorie des signes et signifiant une idée.
L'expression « Les mots me manquent » renvoie donc à un écart entre ce que nous voulons dire et ce que le langage nous permet de dire. Elle signifie alors soit que nous ne possédons pas les mots pour le dire ou encore que le langage est trop limité pour exprimer tout ce que nous voulons dire. Cela peut renvoyer à nos propres limites ou encore aux limites inhérentes au langage. Cela pourrait aussi signifier qu'il y aurait un écart entre ce que nous voulons dire et ce que nous pouvons dire, ou encore entre ce que nous pensons et ressentons et ce que le langage permet de dire. Il s'agirait alors de se demander si cette expression ne renvoie pas à un écart entre le langage et la pensée. En effet, en disant que les mots nous manquent, nous témoignons de la distinction entre le langage et la pensée en considérant ce dernier comme un instrument de communication qui pourrait être parfois défaillant.
Toutefois, l’Homme est dotée d’une culture, il est un être de culture et donc est fondamentalement pourvu d’un langage. Langage qui permet d’entrer en contact avec les autres et contribue donc à renforcer le lien social. Il semble donc difficile d’imaginer que les mots puissent manquer puisque quiconque maîtrise correctement une langue ne peut avoir l’impression que les mots lui manque. Peut-être, seulement la clarté de notre pensée elle-même qui nous fait, parfois, défaut.
Est-ce que l’expression « Les mots me manquent » a réellement un sens ?
Dans une première partie, il s’agira de montrer en quoi les mots ne peuvent pas nous manquer puisqu’ils désignent tous une idée, un sentiment, quelque chose de précis. Puis, dans une deuxième partie, que les mots nous manquent parfois car ils ne peuvent trouver sens à notre idée, à ce que l’on ressent, …
Tout d’abord, il semble difficile d’imaginer que les mots puissent nous manquer puisque le langage est une faculté propre à l’homme : il est une construction complexe de signes inaccessible aux animaux. Aujourd’hui c’est la linguistique qui étudie ce principe de construction du sens autour des mots. Ferdinand de Saussure, l’inventeur de cette science montrait que finalement, une langue est un système de signes qui se donne pour objectif de combiner arbitrairement des concepts et des signes acoustiques : « La langue est comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso. ». Cette faculté propre à l’homme qu’est le langage permet donc à ce dernier d’accéder à la connaissance d’une multitudes de signes et d’entrer en communication avec les autres.
Dans l’usage courant, les mots ne manquent pas pour désigner un objet, demander quelque chose, … Les dictionnaires en sont l’exemple. Ferdinand de Saussure disait : C'est cette possibilité de fixer les choses relatives à la langue qui fait qu'un dictionnaire et une grammaire peuvent en être une représentation fidèle. ». A chaque mot correspond donc un sens précis, on ne peut alors pas les employer à la légère. D’où l’importance des dictionnaires qui conviennent de ce qu’un mot peut ou ne pas dire. Dictionnaires qui limitent le sens d’un mot à ce qu’il signifie.
Alors, en connaissant le sens des mots, on s’assure donc d’arriver à communiquer avec les autres. En effet, c’est en connaissant le sens des mots, ce qu’ils veulent dire que nous nous assurons de parvenir à communiquer avec nos semblables, c’est à dire à leur parler mais aussi à comprendre de quoi ils nous parlent en retour. Ferdinand de Saussure dans ses Cours de linguistique générale explique que : « Pour le sujet parlant, il y a entre la langue et la réalité adéquation complète : le signe recouvre et commande la réalité, mieux, il est cette réalité. »
Ce que souligne Ferdinand de Saussure ici, c'est que pour le sujet qui utilise le langage, le mot n'est pas un signe arbitraire choisi pour désigner une chose, le mot constitue la réalité elle-même.
Il est donc possible de souligner que les mots eux-mêmes n'ont de sens qu'en tant qu'ils se rapportent à des pensées. Autrement dit, s'ils signifient quelque chose, c'est parce qu'ils sont compris, voire interprétés, par une conscience qui leur donne du sens. D'une part, c'est parce que celui qui parle veut dire quelque chose que les mots qu'ils emploient ont du sens. D'autre part, c'est parce que celui qui écoute peut investir de sens les mots qu'il entend qu'il les comprend.
Cependant, quand il ne s’agit plus de simplement communiquer mais d’exprimer quelque chose de plus profond, les mots ne peuvent-ils pas nous manquer ?
Tout d’abord, on parlera d'ineffable à propos de certaines modalités de la vie affective, de sentiments, d'émotions, de passions. Serait alors ineffable ce qui nous est le plus intime, le plus personnel. Nous pouvons, en effet, remarquer que nous n'éprouvons aucune difficulté à exprimer ce qui est commun à tous. C'est ainsi que Bergson dira que " celles-là seules de nos idées qui nous appartiennent le moins sont adéquatement exprimables avec des mots ".
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