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L'usage de la technique libère-t-il l'Homme

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Par   •  23 Décembre 2012  •  Dissertation  •  5 579 Mots (23 Pages)  •  8 830 Vues

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L’usage de la technique libère-t-il l’homme ?

Introduction

La technique est à la fois considérée comme un moyen au service de l’homme et comme une menace à l’égard de la nature et de l’homme. D’une part, la technique provoque en l’homme l’espoir d’une libération. Et d’autre part, elle engendre le sentiment de la crainte d’un asservissement, d’une aliénation. Il y a donc une ambivalence qui sous-tend le rapport de l’homme à la technique. Ambivalence parce que la technique confère à l’homme une volonté de puissance sur la nature en paraphrasant l’expression nietzschéenne. Autrement dit, la technique permet à l’homme de devenir tout ce qu’il est possible qu’il devienne par l’accroissement de sa puissance. Ambivalence parce que la technique asservit l’homme par les machines, par sa dépendance.

En général, la technique constitue l’ensemble des moyens mis en œuvre en vue d’une fin. En particulier, la technique est l’ensemble des objets créés par l’homme en vue de maîtriser la nature. En ce sens, la technique est anthropologique et instrumentale comme l’entend Heidegger dans La Question de la technique. Les instruments, les outils, les machines sont des médiats qui permettent de suppléer à la faiblesse naturelle du corps humain et d’alléger la pénibilité du travail humain. La technique instrumentale permet la délégation. Cette délégation libère du temps et de l’énergie. Ainsi l’homme peut-il se consacrer à autre chose. En effet, l’homme libéré peut alors s’adonner aux loisirs et à l’oisiveté.

Toutefois, si la technique donne la liberté à l’homme, c’est certes la promesse d’une tentation mais c’est aussi problématique. D’une part, la promesse d’une tentation permet d’accroître la volonté de puissance de l’homme et de le rendre indépendant à l’égard des contraintes naturelles. Ainsi, la technique serait-elle un facteur de libération progressive de l’homme par rapport à la nature. La technique est le processus de la liberté mise en œuvre. Et d’autre part, c’est aussi problématique car la liberté ne peut se réduire à une plus grande volonté de puissance. En effet, ce serait confondre la liberté avec l’indépendance ce qui aurait pour conséquence de réduire les contraintes et les obstacles extérieurs. Etre libre consisterait à ne rencontrer aucun obstacle, aucune contrainte extérieure. Autrement dit, être libre ce serait faire tout ce qui plaît, tout ce qui est désiré. Un problème alors surgit. C’est entendre la liberté au sens de l’opinion commune qui confond l’indépendance qui est l’absence d’obéissance aux règles et l’autonomie au sens défini par Rousseau au Chapitre VIII « De l’état civil » du Livre I du Contrat social : « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté ».

L’usage de la technique libère-t-il l’homme ? Il y a deux problèmes sous-jacents concernant les rapports entre la technique et la liberté. La liberté se réduit-elle à l’indépendance ? En d’autres termes, la technique permet-elle la liberté comme volonté de puissance ? Et paradoxalement, si la technique permet une plus grande indépendance à l’égard de la nature, n’aliène-t-elle pas autrement l’homme ? Certes, d’abord, nous nous intéresserons aux conditions de libération qu’offre la technique à l’homme. Mais, ensuite, nous analyserons les conséquences de cette libération.

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Première partie : La technique libère l’homme.

En effet, la technique permet la libération de l’homme. Dans Le Protagoras, Platon explique en quoi la technique libère l’homme du joug de la nature. Dans l’Olympe, les dieux s’ennuient. Alors Zeus demande à son fils Héphaïstos, dieu des Forges, qu’il a eu avec sa sœur Héra, de fabriquer quelque chose pour les sortir de l’ennui. Héphaïstos a une idée. Il convoque les dieux olympiens dans sa forge et leur montre ce qu’ils doivent faire. Ils mélangent la terre et le feu pour façonner des créatures. Certains sont à l’image exacte des dieux. Ce sont des hommes. D’autres ont des pattes, des nageoires, des carapaces, des ailes. Ce sont des animaux. D’un souffle (psychè) puissant, Zeus leur donne la vie. Il reste à pourvoir les créatures de qualités pour les rendre autonomes. Zeus charge les titans jumeaux, Prométhée et Epiméthée de répartir les différentes capacités entre les différents êtres vivants de manière équilibrée. Ces jumeaux ne se ressemblent guère. Epiméthée est aussi maladroit et irréfléchi que Prométhée est prudent et réfléchi. Epiméthée exige de faire la distribution. Comme Epiméthée réfléchit après, il a commis un oubli qui se révèle tragique. « L’homme est nu, sans chaussures, sans couverture, sans armes ». Sans protection corporelle, l’homme ne peut s’abriter des intempéries. Dépourvus d’armes, l’homme ne peut se préserver des assauts des autres êtres vivants. L’homme n’a aucun moyen de subsistance car Epiméthée a dilapidé sans y prendre garde toutes les facultés que Zeus lui avait accordées. Alors, la conséquence de la maladresse et de l’imprudence d’Epiméthée est la mort certaine de l’homme. Constatant la faute d’Epiméthée, Prométhée vole chez Héphaïstos, le feu et chez Athéna, le savoir technique. Le don que fait Prométhée à l’homme est incomplet car Prométhée n’a pas eu le temps de pénétrer dans l’Acropole voler à Zeus le savoir politique. Le don de Prométhée est un don d’amour car il remplit un vide originel. Et pour ce vol, Prométhée est condamné. Il est enchaîné. Et les vautours lui dévorent le foie éternellement.

De ce don d’amour, qu’en fait l’homme ? Le don d’amour permet à l’homme de croire aux dieux, de créer l’art, d’où la double étymologie de technè, signifiant à la fois technique et art, de parler, de construire des habitations, de tisser des vêtements et des couvertures, de fabriquer des chaussures, de cultiver la terre. Et le don d’amour de Prométhée permet aussi à l’homme d’acquérir la raison (lόgos). Le feu et le savoir technique ne sont pas des capacités en elles-mêmes. Mais ils sont les moyens par lesquels l’homme acquiert l’ingéniosité. L’art en tant que technè est une méta-capacité. En effet, si nous suivons le mythe de Prométhée, nous voyons que la technique confère à l’impuissant la puissance. Il en est de même chez Hume. Hume pousse plus loin l’inadaptation de l’homme. A la Section 2 « De l’origine de la justice et de la propriété » de la Deuxième partie « De la justice

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