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L'Etat est-il juste ?

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Par   •  15 Octobre 2022  •  Dissertation  •  1 961 Mots (8 Pages)  •  305 Vues

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Dissertation philosophie : L’Etat est-il juste ?

        

        La notion de justice est un principe qui fait partie intégrante des sociétés humaines et organise leur relation. Elle est recherchée autant qu’elle est contestée et sa quête bouleverse le domaine politique. Nous pouvons prendre exemple d’évènements historiques comme la Révolution française : une revendication de justice au sein d’une société fracturés en trois parties (le clergé, la noblesse et le tiers états). Cet exemple semble être l’aboutissement d’un sentiment d’injustice soutenu par l’Etat. Par Etat on insinue un ensemble de pouvoirs d’autorités s’appliquant sur des individus et provoquant leur soumission dans le but de maintenir l’ordre. Le concept de justice implique une idée d’égalité c’est-à-dire d’équilibre entre les relations humaines et se manifeste par un ensemble de loi. Nous nous questionnerons donc sur le principe de justice au sein de l’Etat. Si un Etat est par définition juste il n’y aurait aucune raison de se révolter ou de renverser un Etat. Dans le cas inverse, il faudrait se révolter. Cependant, et compte tenu des exemples et définitions que nous venons de citer, nous voyons bien que dans les faits ce n’est pas si simple. Ce raisonnement nous amène à un problème : l’insurrection est-elle l’aboutissement d’une injustice ? La paix et l’ordre sont-ils obligatoirement finalités de la justice d’un Etat ?

La politique occidentale est reconnue pour sa capacité à laisser aux citoyens le droit d’expression et d’opinion ce qui entraine indirectement le pouvoir de se révolter. Nous pouvons prendre l’exemple de la crise des gilets jaunes ayant aboutit à la révolte de milliers d’ouvriers contre la règle sociale (et notamment économique) que l’autorité publique française a pu mettre en place. De ce fait, nous placerons notre argumentation dans un Etat au sein duquel la révolte est possible et envisageable. Quelles seraient dans ce cas, les conditions d’existence d’une justice pérenne ? Locke, dans son Deuxième Traité du gouvernement civil (chapitre 18) a une vision de la justice comme étant le résultat d’un contrat engageant l’Etat et la société. La nature de ce lien relève de la protection des droits naturelles des individus c’est-à-dire de leur droit relatif à leur statut d’homme comme le (droit à la propriété) en échange de l’ordre permis par la soumission des citoyens. La protection de l’Etat est d’ailleurs la condition favorisant le passage pour un homme d’un état de nature (primitif) à un état civil (participant et se soumettant à une société organisée). La rupture de ce contrat par l’Etat, c’est-à-dire le fait qu’elle ne protège plus la vie et les biens des Hommes à l’état civil rendraient ceux-ci à cette seule condition légitimes de s’insurger. Ainsi, selon Locke tant que le contrat reliant société et Etat est respecté, l’Etat est considéré juste. Cependant, Locke oublie dans son raisonnement les conséquences qu’il y aurait à une révolte. En effet, l’autorité de l’Etat n’étant plus applicable et crédible chaque homme serait livré à lui-même sans la protection d’une autorité publique. De ce fait, il s’imposerait un rapport de force entre les plus forts et les plus faibles (que nous supposons être une grande partie du peuple). Ainsi, on est amenés à penser que le peuple est forcément perdant lorsqu’il souhaite se révolter et renverser l’Etat. Ce système fortifie les plus forts et affaiblit les plus faibles.                                                        En prenant en compte le principe de rapport de force prenant part après la chute d’un pouvoir commun on comprend que le raisonnement de Locke n’est pas assez abouti. La justice d’un Etat ne naît donc pas d’un lien entre Etat et peuple.

[Nous sommes donc amenés dès à présent à inclure le concept de rapport de force dans notre argumentation concernant la justice d’un Etat. Il faudrait donc établir un système au sein duquel la révolte est exclue afin de protéger la société d’un échec certain. Dans Léviathan (chapitre 13), Hobbes se propose de considérer une justice qui n’envisage pas l’idée de révolte, une sorte de toute puissance étatique sur et par la justice. Hobbes redéfinit l’idée de condition à l’existence de la justice. Il pense d’ailleurs que l’Etat est la seule et unique condition à l’existence de celle-ci. Cette sorte de toute puissance sur l’existence humaine serait pour Hobbes un moyen de protection des hommes contre eux-mêmes. Il conçoit la nature humaine comme profondément violente et incapable de s’auto-réguler sans la menace d’un Etat. En raison de cette violence profonde et innée, l’Homme serait incapable de discerner les limites à ne pas franchir : les crimes. Une distinction qui est désormais possible grâce à l’Etat qui est justice et qui de ce fait juge ce qui est moral de ce qui est de l’ordre du crime. Cette distinction n’est réalisable que par la seule intervention de l’Etat qui selon Hobbes est à l’origine de la forme la plus aboutit de justice, est la justice. Il est donc inconcevable pour Hobbes qu’il y’ait séditions car par principe on ne se révolte pas de ce qui est juste et l’Etat est juste selon Hobbes. Toutefois, malgré la conscience des passions naturelles et violentes humaines, Hobbes ne prend pas en compte la psychologie humaine et surtout les devoirs qu’il doit tenir envers et pour cette humanité. La conception hobbesienne de la justice est peut-être trop rigide et laisse pour compte un principe non négligeable qu’est l’Humanité. Si on suit le raisonnement de cet auteur, la légalisation de la peine de mort ne devraient pas être contester ou au moins remise en question du seul fait que l’Etat est absolument juste. Le cas de la guerre est un argument nous permettant de relativiser le point de vue de Hobbes. Selon lui, l’Etat étant indubitablement juste existerait dans le but de réguler la violence humaine. Mais dans le cas où, l’Etat impose cette violence est-il toujours considéré comme juste ? Ici, se pose une limite à la justice de l’Etat. Jusqu’où l’Etat peut-aller dans l’exercice de sa justice tout en le restant ? [Constant au cœur de son œuvre nommé : Principe de politiques applicables à tous les gouvernements représentatifs et particulièrement à la constitution actuelle de la France tente de nous donner des éléments de réponse. L’exercice de la justice étatique s’arrête là où nos droits naturels relatifs à notre humanité commencent. Constant oppose deux types de droits positifs : d’un côté ceux qui vont contre nos droits naturels mais qui favorisent la paix ou le « repos public » (ligne 3) et d’un autre côté, ceux qui vont contre nos droits naturels mais qui en plus de cela « nous déprave » (ligne 10) c’est-à-dire, nous prive d’humanité. En claire, pour Constant, un Etat est juste tant qu’il respecte notre humanité. Sinon nous avons le droit voire le devoir de nous révolter en dépit de l’ordre. Cependant, Constant ne détaille pas assez ce qu’il entend par dépravation ou les limites de ce qui est pour lui humain. Reprenons pour exemple la peine de mort, elle est pour de nombreux pays considérés comme inhumaine et à d’ailleurs été le motif de leur abolition. Cependant certains pays comme les Etats-Unis pratiquent encore cette sentence. Les citoyens doivent-ils se révolter pour autant ? La théorie de justice de Constant prend en compte notre nature humaine mais ne la traite pas assez profondément pour que nous puissions mesurer les limites de notre humanité et donc celle de la justice.

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