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Faut-il renoncer à ses désirs pour être libre?

Dissertation : Faut-il renoncer à ses désirs pour être libre?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Novembre 2016  •  Dissertation  •  2 208 Mots (9 Pages)  •  9 433 Vues

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Dissertation : Faut-il renoncer à ses désirs pour être libre ?

L’Homme est un être désirant. L’objet de ces désirs ne cesse de changer, peut-être sous l’influence de la société ou pour des raisons que le sujet de ces désirs ignore et ne peut maîtriser. Ainsi, l’Homme soumis à ses pulsions ne parvient pas à agir sur celles-ci et en devient esclave. Or, même si l’on considère libre l’Homme qui agit indépendamment de toute contrainte et même de toute raison, sa liberté étant alors réduite au libre-arbitre, cette dernière nécessite toutefois un effort, une certaine volonté, alors que le désir semble être passif et ne pas résulter d’une quelconque liberté. On peut donc se demander si le concept de désir ne s’oppose pas à celui de liberté. Ainsi, faut-il renoncer à ses désirs pour être libre ? Autrement dit, l’homme libre ne satisfait-il aucun désir ? Ce dernier ne rend-il pas en effet l’homme esclave de ses pulsions, ceci conduisant à une domination des plus forts sur les plus faibles dans la société, donc à la disparition de toute liberté ? Pourtant, bien qu’étant un être inéluctablement désirant, l’Homme ne peut-il pas, en usant de sa raison, faculté qui lui est propre, sélectionner ses désirs ? Ainsi, si l’Homme choisit ses désirs, n’est-il pas alors libre, dans le sens où il peut orienter sa vie en prenant des décisions ? Mais la raison ne cache-t-elle pas un désir plus fort que les autres, celui de s’élever au-dessus de la condition animale en atteignant la liberté ? La connaissance de ses désirs n’est-elle donc pas le moteur de la liberté ?

Plan la dissertation :

I) Désirs incompatibles avec la liberté : il faut y renoncer

A) Des désirs insatiables et passifs, alors que la liberté est issue d’un déterminisme

B) Si la liberté est associée à la morale (cf Kant) qui est universelle, alors elle doit se détacher des désirs qui sont empiriques et particuliers

C) La raison, un outil limitant les désirs destructeurs à l’échelle de la société.

II) Limiter ses désirs pour atteindre la liberté

D) Trier les désirs naturels des artificiels, les nécessaires des non nécessaires (Epicure)

E) Utiliser la raison pour maintenir la société et établir la liberté (Kant)

F) Eduquer la raison des hommes pour atteindre l’autonomie (Rousseau). Mais la raison est-elle un outil , ou l’illusion d’un désir profond en l’Homme ?

III) Connaître et écouter les désirs de notre noumène pour être libre

G) Nécessité de la connaissance du mécanisme du désir (Freud)

H) Atteindre une connaissance des essences pour agir librement (Spinoza)

I) Le désir, moteur de la liberté (conatus de Spinoza)

Tout d’abord, force est de constater que le désir est insatiable. Un jour, je désire une chose, puis une fois l’objet de mon désir atteint, un autre se présente, encore plus désirable. L’Homme semble donc se faire manipuler par ses désirs, qui ne seraient pas choisis mais subis. D’ailleurs, Platon, dans le Gorgias, nous permet de comprendre le caractère insatiable du désir à travers la métaphore du pluvier, oiseau qui se remplit et se vide interminablement. On peut également associer cette caractéristique du désir au tonneau percé des Danaïdes. Ces images confèrent au désir un caractère mécanique et instantané. Ainsi, l’homme esclave de ses pulsions ne peut donc agir sur elles, il est par conséquent privé de sa liberté.

De plus, le concept de liberté étant associé à un certain déterminisme, et nécessitant une volonté donc un effort de la part du sujet, certaines personnes se privent volontairement de liberté, par paresse, pour ne pas avoir à réfléchir ni à assumer leurs actes. Le désir de paresse et d’absence de préoccupations semble donc parfois triompher de l’usage de la liberté.

Par ailleurs, si les désirs sont propres à chaque individu, et sans cesse changeant, on pourrait penser que l’action libre en est totalement détachée. D’ailleurs, Kant,

dans Critique de la raison pratique, identifie l’action libre à l’action morale, et exclut de la morale tout ce qui est sensible et empirique, donc en particulier les passions. Par conséquent, selon Kant, l’action libre doit être universalisable, et obéit donc à ce qu’il appelle impératif catégorique, garantissant la stricte appartenance d’une action à la raison. Ainsi, le philosophe écrit : « Je dois toujours agir de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle ». Dès lors, les désirs étant particuliers, et, d’après ce philosophe allemand, l’action libre donc morale devant être universalisable, l’Homme agissant par devoir soit en toute liberté doit renoncer entièrement à ses désirs.

D’autre part, nous connaissons les désastres que peuvent entraîner les désirs à l’échelle de la société. Ainsi, Kant, dans Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique, explique que les hommes sont animés par une « insociable sociabilité », c’est-à-dire qu’ils sont mus par les désirs contradictoires de vivre ensemble, la société permettant à l’Homme de subvenir à ses besoins et de développer ses facultés que sont raison et liberté, et lui est donc indispensable, mais cependant, chacun est naturellement poussé à vouloir dominer et écraser les autres, sous l’emprise de ses désirs. Le désir provenant de la conscience d’un manque, il surgit donc par comparaison à autrui, donc dès l’apparition des premières sociétés, et semblerait donc être à l’origine de la perte de la liberté.

On pourrait donc conclure que l’Homme doit renoncer à ses désirs afin de conserver sa liberté. Cependant, ne peut-on pas envisager que la raison, qui est une faculté propre à l’Homme, permettrait à l’Homme de tirer les conséquences de ses désirs, et d’éliminer ceux susceptibles de lui nuire ? Ainsi, en sélectionnant ses désirs grâce à l’usage de sa raison, l’Homme n’est-il pas libre, puisqu’il peut non seulement prendre des décisions, mais aussi connaître les raisons de son choix ?

Ainsi, sélectionner ses désirs par la raison serait donc un moyen d’atteindre une certaine liberté. D’ailleurs,

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