Cours sur le désir
Mémoire : Cours sur le désir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ILME • 23 Novembre 2012 • 2 214 Mots (9 Pages) • 3 076 Vues
voici la leçon du désir sous forme de dissertation distribué par mon professeur !
INTRODUCTION :
le désir, c'est une tendance, un appétit, vers un objet que l'on a pas et qu'on se représente. A la différence du besoin naturel, qui est défini par la nature dans ses buts, dans ses moyens et dans sa quantité, le désir est conçu par l'esprit. C'est pourquoi il est susceptible d'objets et de formes toujours renouvelés, ce qui le rend potentiellement illimité; nous pouvons toujours désirer quelque chose d'autre. Alors, si la nature ne limite pas les désirs, n'est-il pas nécessaire et sage de limiter volontairement nos désirs ? La sagesse ne consiste-t-elle pas à mesurer et à réduire nos désirs afin de ne pas en être esclaves et de ne pas être sans cesse dans l'insatisfaction ? Mais alors, s'il s'agit de réduire nos désirs, la vie ne consiste-t-elle pas dans le renoncement, l'austérité, l'économie ? N'est-ce pas là une vie morne, tiède, fade ? La grande âme n'est-elle pas celle qui a de grands désirs ? Et n'est-ce pas l'absence d'ambition, de rêves, de désirs qui appauvrit la vie ? Ne s'agit-il pas d'augmenter nos désirs plutôt que de les limiter ?
I- Le désir comme malheur de la conscience :
Le désir, on l'a vu, est sans limites. Déjà, le besoin est indéfini, sans fin, car il renaît sans cesse. Mais le
désir ajoute à cela son incessante relance : à chaque fois qu'un objet du désir nous est donné, il nous en faut un autre, différent, nouveau, ressuscitant ainsi le désir émoussé. Sans mesure naturelle, il est infini et insatiable. C'est pourquoi il ne permet aucune satisfaction, aucun bonheur durable et réel. " L'homme oscille, comme un pendule, de droite à gauche entre la souffrance et l'ennui " peut dire ainsi Schopenhauer : il passe de la souffrance du manque au vide de la consommation. On reconnaîtra là le nihilisme profond qui ronge le désir infini, celui d'un Don Juan qui doit multiplier les conquêtes pour ne pas ressentir le vide de la jouissance ( la jouissance sexuelle est appelée parfois " la petite mort " ) jusqu'à rencontrer le gouffre de la Mort, de la vraie, que son nihilisme appelle ; ou celui, plus vulgaire, des sociétés de consommation, qui doivent sans cesse renouveler l'offre et sont en définitive des sociétés du déchet.
C'est pourquoi la sagesse antique consiste le plus souvent à réduire le désir pour y trouver la source du bonheur. Ainsi, le philosophe Epicure propose un hédonisme paradoxal : ce n'est pas en multipliant les désirs que l'on trouvera le plaisir, mais au contraire en le limitant. Trouvera la satisfaction, et en particulier ce plaisir suprême qu'est la quiétude de l'âme,
l'ataraxie, celui qui aura su réduire ses désirs à ce qui est naturel, simple ; le plaisir ne se trouve pas dans la quantité, mais dans la qualité. Apprenons à jouir de la vie, dans ses formes les plus humbles, et nous serons heureux. De manière encore plus radicale, le stoïcisme propose de réduire le désir à ce qui dépend de nous, voire à le supprimer. " Supporte et abstiens-toi ". Il faut accepter ce qui nous arrive et limiter nos désirs à ce qui est à notre portée. En contenant le désir, je me donne la possibilité de la satisfaction et ne me fais dépendre ni des choses ni des autres. Apprenons à moins désirer pour mieux aimer ce qui est entre nos mains. Carpe diem, dit le poète stoïcien Horace, profite de l'instant. Et, plus radicalement, Epictète donnera ce conseil d'acceptation totale : " Ne souhaite pas que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles sont ; et tu seras heureux. "
Le désir est au contraire un tourment : comment ne pas penser à l'objet qui nous manque ? Le désir est donc une absence qui nous fait souffrir et nous obsède : l'objet du désir est d'autant plus là que nous l'avons pas. De là son lien avec l'imagination que la pensée classique, qui voit en cette dernière la " folle du logis ", et Descartes en particulier, ont analysé. Plus je désire un objet
et plus l'imagination en accroît la valeur ; et plus j'exagère sa valeur et plus je le désire. Le désir ne se contente pas de nous tromper ; il nous enferme dans un monde d'illusion, d'autant plus dangereuses qu'elles sont désirées. Cette obsession n'est donc pas une ouverture de l'esprit : le désir restreint le champ de conscience à l'objet désiré en nous empêchant de voir les autres possibilités de la vie. Ne peuvent alors venir que " regrets, dédains et repentirs " ( lettre à Mme Elisabeth ).
le désir manque ainsi de justesse : il fantasme le réel. Mais il manque aussi de justice. D'une part, il est mimétique : il désire le désir d'autrui. La chose est aimée que parce que l'autre la désire : alors, soit je possède l'objet, et je me sens valorisé parce qu'autrui ne la possède pas ; ou bien, je ne le possède pas alors que l'autre le possède, et je suis jaloux et envieux. Dans les deux cas, le désir me met dans la concurrence avec autrui, et me fait avoir des " passions tristes ", pour parler comme Spinoza, c'est-à-dire mesquines, marquant une dimension d'être. Pire encore, le désir, lorsqu'il est désir d'un autre, introduit une relation d'esclavage : en voulant posséder autrui, je veux en être le maître, pour qu'il réponde et corresponde à mon désir, et en même temps, je m'en fais l'esclave, soumettant
mon existence à son caprice. Quant aux autres personnes, elles ne sont vues que par rapport à mon propre désir, comme obstacles ou comme moyens. Le désir doit donc être limité par la justice et le respect que l'on doit aux autres, c'est-à-dire la reconnaissance de leur valeur propre, indépendante de mon désir.
Ainsi, le désir semble-t-il être ce qu'il faut tenir par la bride pour ne pas être malheureux et injuste. Cela signifie-t-il que la modération puisse seule nous apporter le bonheur ? N'est-ce pas avoir de la vie une conception bien terne ?
II- Accroître le désir :
" Malheur à qui n'a rien à désirer " rappelle Rousseau. En effet, un
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