Aristide Saccard
Cours : Aristide Saccard. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar anisdu30 • 5 Janvier 2015 • Cours • 285 Mots (2 Pages) • 950 Vues
ôtait jusqu'au souci de penser et de régler ses affaires. La grande préoccupation de la société
était de savoir à quels amusements elle allait tuer le temps.
Selon l’heureuse expression d’Eugène Rougon, Paris se mettait à table et rêvait gaudriole au
dessert. La politique épouvantait, comme une drogue dangereuse et défendue. Les esprits
lassés se tournaient vers les affaires et les plaisirs. Ceux qui possédaient déterraient leur
argent, et ceux qui ne possédaient pas cherchaient dans les coins les trésors oubliés. Il y avait,
au fond de la cohue, un frémissement sourd, un bruit naissant de pièces de cent sous, des rires
clairs de femmes, des tintements encore affaiblis de vaisselle et de baisers. Dans le grand
silence de l’ordre, dans la paix aplatie du nouveau règne, montaient toutes sortes de rumeurs
aimables, de promesses dorées et voluptueuses [...].
Aristide Saccard, depuis les premiers jours, sentait venir ce flot montant de la spéculation,
dont l’écume allait couvrir Paris entier. Il en suivit les progrès avec une attention profonde. Il
se trouvait au beau milieu de la pluie chaude d’écus tombant dru sur les toits de la cité,
bouleversant les quartiers, comme si des mineurs eussent découvert et fouillé, sous le pavé de
la rue, des sables aurifères.
Dans ses courses continuelles à travers l’Hôtel-de-Ville, il avait surpris le vaste projet de la
transformation de Paris, le plan de ces démolitions, de ces voies nouvelles et de ces quartiers
improvisés, de cet agio formidable sur la vente des terrains et des immeubles, qui allumait,
aux quatre coins de la ville, la bataille des intérêts et le flamboiement du luxe à outrance. Dès
lors, son activité eut un but.
Ce fut à cette époque qu’il devint bon enfant. Il engraissa même un peu, il cessa de courir les
rues comme un chat maigre en quête d’une proie.
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