L’œuvre d’art s’inscrit-elle dans une époque ?

L’œuvre d’art dans sa définition théorique se caractérise un objet physique qui peut avoir une valeur esthétique ou conceptuelle. Il peut s'agir d'une peinture, d'une sculpture, d'une photographie, d'une installation, d'un dessin, d'un collage... la définition philosophique d’une œuvre d’art est plus compliquée à préciser. Selon Hegel «Le besoin général d'art est donc le besoin rationnel qui pousse l'homme à prendre conscience du monde intérieur et extérieur et à en faire un objet dans lequel il se reconnaisse lui-même. »

Ainsi, si l’art est un objet dans lequel l’Homme se reconnaît, celui-ci devrait transcender l’époque pour devenir une œuvre d’une portée universelle. Certaines œuvres comportent même une valeur anticipatrice et structuraliste, comme la série des stations essences de David Lachapelle. N’est-ce pas la caractéristique des plus grands chefs d’œuvre que d’anticiper ainsi sur l’avenir ? Plus fondamentalement encore, n’est-ce pas limiter l’art et minimiser sa valeur que de le comparer à un reflet du temps. Platon ne reprochait-il pas à l’art de n’être que le reflet du réel et par conséquent ontologiquement inférieur à ce dernier ?La vocation de l’art n’est-elle pas d’aller voir se qui se cache de l’autre côté du miroir plutôt que de se contenter de reproduire l’image que ce miroir lui renvoie ? Qu’en est il alors des œuvres d’art représentant fidèlement la réalité, est ce vraiment de l’art ?

L’art représente la vision intérieure d’un artiste ancré dans son temps mais qui dépasse sa condition pour représenter une vision plus fondamentale de l’espèce humaine. On pense par exemple au cri d’Edward Munch, représentant le désespoir sur fond de ciel rouge orangé. On y ressent encore un cri à la solitude et a la douleur même si l’époque de Edward Munch est bien révolu, car les émotions décrites sont, elles, universelles.

On peut y voir aussi une œuvre d’anticipation qui ne s’inscrit donc pas dans une époque mais qui en prévoit une autre, une sorte de prélude aux thèmes du modernisme de la solitude, du désespoir et de l’aliénation qui vont suivre après au 20ème et également au 21ème siècle.

L’art dans sa valeur purement esthétique lui offre aussi une éternité. L’esthétisme invite évidemment une part de jugement personnel, de préférence mais est aussi dupée par des réussites universelles, tel que le chiffre d’or. Le nombre d'or est une proportion en mathématiques égale à x²=x+1. Il est souvent désigné par la lettre grecque phi, en honneur au sculpteur grec Phidias. Il a inspiré pour la première fois les grecs et les égyptiens dans l'antiquité pour leur monuments de cultes Ils étaient ainsi « beau à l’œil » et considérés comme « parfait ». Par la suite, Leonard De Vinci a reprit cette idée pour ses propres œuvres et travaux tels que pour L'Homme de Vitruve ou la Joconde.

Ainsi, même si le chiffre d’or n’est pas la seule manière de voir l’éternité de l’esthétisme, un certain nombre de caractéristiques picturales ou autre transcendent le temps et bafouent les règles de l’ancrage dans l’époque. On peut même y voir une caractéristique d’une grande œuvre.

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