Être conscient est-ce subir sa conscience?
Dissertation : Être conscient est-ce subir sa conscience?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kettu • 27 Octobre 2017 • Dissertation • 1 232 Mots (5 Pages) • 984 Vues
Être conscient est-ce subir ce dont on a conscience ?
Depuis les prémices de la philosophie en Grèce Antique, la capacité de l’homme à penser, à se connaître, et à « se considérer soi-même comme soi-même » est au cœur du questionnement philosophique. La problématique du libre arbitre et de l’auto détermination y trouve ses racines.
Se demander si être conscient, c’est subir ce dont on a conscience, revient à se demander si l’homme est déterminé par sa conscience. Cette dernière ne serait donc pas nécessairement un facteur de liberté : subir sous-entend une absence de liberté. En effet, la conscience est inévitablement rattachée à notre personne et ne peut en être détachée.
Pourtant, dans la pensée commune, l’homme apparaît comme un être libre et responsable : ce qui fait de nous des personnes est notre capacité à penser par nous-même, être capable d’initiatives. Mais la conscience à la fois psychologique (le pouvoir que l’on a de se rapporter à ses actes, pensées et soi comme en étant le centre) et morale (la capacité de distinguer le bien du mal et de s’orienter en vertu de ces valeurs) ne sont-elles pas, en fait, déterminées par des forces extérieures qui nous échappent ? Et si cela est le cas, comment peut-on penser la singularité d’un être conscient dès lors que la conscience censée nous définir comme des êtres libres est le résultat de causes externes, naturelles ou sociales, et donc le principe de notre soumission ?
Dans un premier temps, nous verrons que notre conscience est limitée et qu’en tant que telle, elle n’a aucun impact sur nos actions qui sont déterminées par des causes externes. Dans un second temps, nous verrons comment la conscience se dédouble en conscience de soi, permettant peut-être d’échapper au principe de soumission.
Si l’on suit le point d vue déterministe, on peut avancer que la conscience n’a aucun impact sur nos actions. En effet, selon le principe de déterminisme, tout ce qui se passe dans le monde est dû à des lois rigoureuses et externes. Comme le montre Spinoza avec son exemple de la pierre dans La Lettre à Schuler, tout est déterminé par des causes extérieures. Dans la description de Spinoza, une pierre qui roule (et qu’il imagine dotée de conscience) se croit être maîtresse de ses mouvements. Mais elle est en fait régie par des causes extérieures : en l’occurrence, c’est le vent qui est à l’origine de ses mouvements. Ce qui est vrai pour la pierre l’est tout autant pour l’homme. En effet, ce dernier a l’impression d’être libre de faire les choix qu’il fait. La liberté est souvent définie par le libre arbitre, c’est-à-dire la capacité d’une personne à choisir indépendamment entre les possibles A et B, en pouvant tout à fait faire un choix absurde. Spinoza complète cette définition en disant qu’une chose est libre lorsqu’elle « est et agit par la seule nécessité de sa nature » et qu’une chose est contrainte lorsqu’elle « est déterminée par une autre à exister et à agir d’une certaine façon déterminée ». L’homme, qui pense être seul maître de ses choix vit dans l’illusion de la liberté, à l’instar la pierre. Il se croît maître de ses actions mais n’est en fait que le maillon d’une chaîne dont il subit les effets sans en connaître les causes. L’homme a un sentiment de contrôle qui est illusoire puisqu’il est en fait soumis à ces causes externes nécessaires, c’est-à-dire des relations de causes à effet dans laquelle aucune place pour la liberté n’est pensable. Il s’agit bien de nécessité et non d’obligation, l’obligation étant toujours possible à contredire.
Pour Spinoza, la conscience de l’homme est limitée à la détermination de ses appétits et désirs. L’homme cherche à assouvir ces derniers,
...