La raison doit-elle réfuter(rejeter) l’irrationnel ?
Dissertation : La raison doit-elle réfuter(rejeter) l’irrationnel ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marinka Tsitsishvili • 26 Septembre 2022 • Dissertation • 3 174 Mots (13 Pages) • 291 Vues
Séquence XIV : La raison
La raison doit-elle réfuter(rejeter) l’irrationnel ?
Introduction :
Le mot raison vient du latin « ratio » qui signifie « calcul » ou « rapport ». Ce mot, dès son origine, porte en lui une dimension mathématique. C’est pourquoi Descartes l’évoque dans son œuvre « Discours sur la méthode » : « ces longues chaines de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir, pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations ». I
La raison apparait à première vue comme ce qui permet de raisonner, c’est-à-dire d’enchaîner logiquement des propositions entre elles au sein d’un raisonnement, ou un discours. En effet, on peut souligner le fait que « ratio » en latin est la traduction du mot « logos » en grec, qui signifie à la fois « raison » et « discours ».
La raison, au sens donc de raisonnement, se soumet à des normes logiques, fondées sur le principe d’identité et celui de non contradiction, c’est-à-dire qu’une chose est identique à elle-même. Néanmoins, la raison ne doit pas seulement correspondre à des normes logiques, mais elle demande une exigence de cohérence avec le réel. En effet, un discours qualifié de cohérent, c’est-à-dire qui ne comporte pas de contradictions, pourra être qualifié d’irrationnel ou encore d’irraisonnable s’il est complètement inadapté au réel. A titre d’exemple, on peut parler du discours délirant des « platistes », c’est-à-dire ceux qui affirment que la terre est plate, alors qu’il est unanimement et scientifiquement admis que c’est faux. Leur discours repose néanmoins sur une logique et une cohérence, inadaptées au réel.
Ainsi, on admet que la raison doit répondre à deux exigences fondamentales : celle de cohérence et une adéquation au réel.
En conséquence, on définit alors ce qu’est l’irrationnel d’un point de vue philosophique : l’irrationnel, en philosophie, se caractérise par une opposition stricte à la raison, il est ce qui résiste à la raison c’est-à-dire ce que la raison ne peut assimiler ou comprendre.
Depuis la naissance de la philosophie, l’opinion a été l’objet de virulentes critiques de la part des philosophes. Le reproche principal qui lui est fait est de laisser place et donner droit à une certaine forme d’irrationalité dans la pensée. Émettre une opinion, c’est avoir un jugement spontané et donc non réfléchi sur le réel : c’est porter un jugement sans avoir examiné auparavant l’objet de ce jugement. Le terme d’opinion est une traduction du grec « doxa » qui renvoie à la notion « d’évidence », ce qui à première vue nous apparaît juste (la doxa est l’opinion commune, pensez à la première partie d’une dissertation dialectique). Le jugement, quant à lui, traduit une affirmation qui énonce un fait (jugement de réalité), ou qui formule une appréciation (un jugement de valeur).
Ainsi, dans la mesure où l'opinion ne respecte pas les exigences de la raison, l’opinion relève plus de l’irrationnel que du rationnel.
D’après Descartes, pour accéder à la raison, il faut remettre en cause toutes les opinions apprises dès l’enfance. C’est le discours qu’il tient dans son œuvre « Méditations Métaphysiques ». La science ne doit s’appuyer que sur la raison. Par principe, elle doit se détacher et refuser tout ce qui provient de l’opinion puisqu’elle celle-ci appartient de fait à l’irrationnel. Pour cela, Descartes met en place une méthode qui consiste à douter de tout ce qu’il avait toujours tenu pour vrai, ce qu’on appelle le cogito cartésien (on vide tout ce qu’il y a dans nos pensées et on doute de tout).
Le doute cartésien s’attaque au fondement même des opinions « je m’attaquerai d’abord aux principes sur lesquels toutes mes anciennes opinions étaient appuyées ». basée sur opinion
Quelle différence entre un argument rationnel et un argument d’autorité ?
Un argument rationnel repose sur la capacité des hommes à construire un raisonnement et établir des connaissances en ne s’appuyant que sur la raison : on retrouve cela dans le raisonnement mathématique. En effet, d ès lors qu’on connait les signes et symboles mathématiques, on pourra les appliquer de façon universelle. C’est le propre d’un argument rationnel, il est universel.
L’argument d’autorité, en revanche, repose sur une autorité reconnue pour son expertise dans un domaine précis, comme les domaines politique, religieux, moral, artistique etc.… L’argument d’autorité légitime une information et se donne pour objectif de l’affirmer comme vraie, sans s’appuyer sur une rationalité certaine. Comme exemple, on pourrait parler des enseignants, dont la parole constitue un argument d’autorité, sans pour autant que la rationalité de leurs propos soit démontrée.
Ainsi, dès lors que nous prenons l’autorité d’une autre personne ou de la tradition comme guide principal, nous construisons nous-mêmes des représentations et des jugements et ne sommes plus en mesure de penser rationnellement, mais uniquement par préjugés.
C’est ce que Kant définit dans son œuvre « Critique de la faculté de juger », où il définit la notion de préjugé « On appelle préjugé la tendance à la passivité et par conséquent l’hétéronomie de la raison ». La raison est passive lorsque l’homme pense par préjugés. Nous devrions suivre des normes et des règles uniquement approuvées par l’examen critique de la raison. Donc, notre raison est passive lorsqu’elle se soumet à des lois qui lui sont extérieures.
A l’inverse de l’instinct naturel, la raison fonctionne par étapes, par tâtonnements « elle a besoin de s’essayer, de s’exercer, de s’instruire, pour s’avancer d’une manière continue d’un degré d’intelligence à un autre », Kant « Idée d’une histoire universelle ». Dès lors qu’on se soumet à des lois extérieures des domaines où elle est légitimement souveraine, la raison nie la vocation que tout homme a à penser par lui-même. Kant observe que la grande majorité des hommes « restent volontiers toute leur vie dans un état de tutelle », c’est-à-dire qu’ils restent dans un état de minorité intellectuelle et morale. Cet état de tutelle est même vécu comme un état naturel par la plupart des hommes. Quelqu'un pense pour toi
Il existe plusieurs causes d’après Kant à cette tutelle,
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