Le langage dans les soins
Fiche de lecture : Le langage dans les soins. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sinthu_1012 • 7 Septembre 2024 • Fiche de lecture • 2 998 Mots (12 Pages) • 57 Vues
Le langage dans les soins
Stratégie soignante
Les relations interpersonnelles avec la personne soignée et la notion de juste distance
The interpersonal relationship with the patient and the notion of right distance. Finding the right distance to establish when caring for a patient requires self-knowledge on the part of the professional. The latter must develop the emotional intelligence and interpersonal skills needed to establish a warm, authentic, and benevolent relationship with the patient.
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La juste distance dans les soins est une notion parfois complexe pour les soignants. Elle paraît tellement évidente que ses contours peuvent devenir flous quand il s'agit de la définir et de la caractériser. Être dans la juste distance requiert de la part du soignant une bonne connaissance de soi. Comment dois-je réagir face à la détresse et la douleur ? Développer des compétences relationnelles en s'impliquant de manière adéquate, ni trop ni trop peu, dans le processus de la relation interpersonnelle avec le patient et sa famille est primordial. Le savoir être du professionnel prend alors tout son sens. Communiquer par la parole semble naturel et aisé. Cependant, à travers les pratiques et les expériences, des dysfonctionnements et des incompréhensions mutuelles apparaissent. Savoir communiquer et soigner, tout en étant dans une juste distance professionnelle, est particulièrement indispensable au soignant. Il s’agit d'un art qui s'apprend, s'entretient et se cultive.
LA PROXÉMIE
I Le terme "proxémie" a été créé par Edward T. Hall, anthropologue américain, pour décrire et comprendre les variations de distance existant dans les relations interpersonnelles. La proxémie se construit lors des processus de socialisation.
L'être humain apprend dès son enfance à mettre de la distance et à la préserver. Chacun possède une bulle protectrice qui règle inconsciemment les interactions. Quatre catégories de distance ont ainsi décrit par Edward T. Hall [1] :
- La distance intime concerne les sens tels que l'ouïe, l'odorat et le toucher. Elle est évaluée à 45 cm. Le soignant s'approche du cops de l'autre, par exemple, pour réaliser une toilette tu lis ou lors d'un transfert lit-fauteuil. Dans ce cas, cette distance peut être vécue comme une intrusion car "imposée" par le soignant parfois guère plus à l'aise dans cette situation où l'intimité et la pudeur sont alors mises à rude épreuve. Il est nécessaire de demander au patient la permission de réaliser les soins, le plus naturellement possible avec tact et subtilité ;
- La distance personnelle se situe entre 0,45 m et 1,20 cm. Elle intervient notamment lors d'un entretien avec le patient. Dans cette distance, le soignant développe la confiance nécessaire aux échanges, à la verbalisation du ressenti et aux confidences livrées par le patient ;
- La distance sociale se situe entre 3,60 et 1,20 m. Elle favorise la communication entre deux personnes au timbre de voix plus élevé. Elle constitue la limite de l'emprise sur l’autre ;
- La distance publique est impersonnelle, supérieure à 3,60 m.
I Ces distances ne sont bien évidemment pas suffisantes pour interpréter les modalités relationnelles. Les mimiques, la gestuelle, la posture du corps ainsi que le ton de la voix sont des éléments à considérer pour évaluer ce qui se joue dans la relation à l'autre et avec l'autre. Connaître ces quatre distances et savoir les repérer contribuent à établir une relation de confiance authentique avec le patient, et ainsi favorisent la communication lors du soin, tout en intégrant la notion de juste distance. En effet, le soignant peut être très proche physiquement du patient et ne manifester que peu d'intérêt à son égard, et inversement, se situer dans une distance personnelle en adoptant une attitude d'écoute et d'empathie.
LA CONNAISSANCE DE SOI
I Dans la relation à l'autre, les manifestations de la personnalité émergent à travers des émotions et des sentiments que chaque personne possède depuis l'enfance. Ces émotions ont très souvent été ensevelies voire modifiées car elles sont parfois difficiles à accepter par les parents et propices à diverses interprétations en société, guère élogieuses [2]. En effet, les individus sont tous conditionnés par des clichés sociaux, culturellement omniprésents et lourds de sens. La tristesse peut être assimilée à un manque de courage, la colère à un caprice, la peur à de la lâcheté et la joie intense à une légèreté, un manque de sérieux dans notre société régie par des codes. Le soignant, pour prendre soin de l'autre, doit accepter que ces émotions fassent partie intégrante de sa personnalité et doit les légitimer. Il fait alors preuve « d'intelligence émotionnelle » [3] en reconnaissant lui-même ses propres émotions et en les maîtrisant.
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