Analyse de pratique professionnelle IFSI

1. Agir

1.1 Introduction

Le service dans lequel j’effectue mon stage est un centre hépato-biliaire se situant à Villejuif. Il est constitué de 4 étages (consultations, blocs opératoire, réanimation, hôpital de jour, chirurgie...). L’étage où je me trouve est divisé en deux secteurs (nord/sud) accueillant généralement 12 patients chacun.  La plupart des patients nécessitent des soins ainsi que des surveillances post opératoires.

La situation que je m’apprête à vous décrire s’est déroulée lors de ma quatrième semaine de stage alors que j’effectuais l’ablation du drain biliaire de Mr S., un patient de 76 ans hospitalisé dans le service pour surveillances post opération de splénectomie et cholécystectomie sur un cancer colique avec métastases hépatiques. Mr S. est un patient présentant un léger surpoids avec un IMC de 25.6. Il est autonome pour les activités de la vie quotidienne  et communique de manière claire et compréhensible.

1.2 Description de la situation

Un matin, alors que j’effectuais ma «tournée de pansements», l’interne est venu me trouver pour me demander de retirer le drain de Mr S. J’avais déjà réalisé ce soin sous la supervision de ma tutrice et elle m’a dit que je pouvais le réaliser en autonomie. J’ai alors préparé mon matériel afin de réaliser ce soin stérile. Tout se passait bien jusqu’au moment ou je devais tirer sur le drain afin de l’extraire, je me suis rendu compte que j’avais oublié de préparer un paquet de compresses stériles afin de comprimer l’orifice après l’avoir extrait. Je me suis retrouvé à tenir d’une main le drain que je ne pouvais plus lâcher sans déstériliser mon champ et je me suis rendu compte que j’étais alors bloqué dans cette position. J’ai essayé de ne pas paraître déstabilisé devant le patient afin de ne pas l’angoisser mais il a vite compris que je me trouvais dans une position inconfortable et il a alors commencé à s’agiter, ce qui n’a fait que compliquer la situation dans laquelle je me trouvais. Il m’a alors dit : « Vous avez l’air perdu mon grand, vous devriez appeler l’infirmière. Elle a plus d’expérience que vous ! ». J’ai maladroitement essayé de détendre l’atmosphère en lui disant : « Mais non, vous êtes entre de bonnes mains chef, aucun souci à se faire ! » et je me suis immédiatement rendu compte que ma tentative avait plutôt eu l’effet inverse. Au bout d’environ trois longues minutes, ma tutrice est entrée afin de s’assurer que tout allait bien et à tout de suite compris la position dans laquelle je me trouvais. Elle a déposé les compresses sur le champ sans les déstériliser et j’ai pu terminer mon soin sans souci. En rangeant mon matériel j’ai plaisanté avec le patient sur le fait que j’avais manqué d’organisation et je m’en suis excusé. Il s’est montré très compréhensif et m’a dit : « Il n’y a pas de souci jeune homme, il faut bien apprendre et j’espère que je ne vous ai pas trop déstabilisé. »

Je lui ai avoué que j’étais un petit peu stressé mais que cela faisait partie du métier et qu’il fallait apprendre à composer avec. Sur ce j’ai souhaité une bonne journée à Mr S. et je suis allé rejoindre ma tutrice pour débriefer.

1.3 Ressentis et pensées

Nous avons discuté de l’organisation et de la préparation des soins ainsi que du fait de travailler sous pression. Cette situation m’a interpellé car je me suis rendu compte que cette pression pouvait malheureusement pousser à commettre des erreurs pouvant mettre en difficulté l’équipe soignante.

Je me suis senti en «détresse» lors de cette situation car je ne savais pas comment me sortir de ce mauvais pas et l’arrivée de ma tutrice m’a grandement soulagé. J’ai également pu ressentir la nervosité du patient. De plus, sa femme attendait derrière la porte et cela faisait déjà plus de 15 minutes que je lui avais demandé de sortir de la chambre afin de réaliser mon soin, ce qui me mettait une pression supplémentaire dont je n’avais pas besoin..

2. Comprendre

2.1 Analyser la situation

Les compétences en lien avec la situation sont la compétence 7 (Analyser la qualité et améliorer sa pratique professionnelle) et la compétence 9 (Organiser et coordonner les interventions soignantes)

Lors de cette situation, je me suis senti impuissant car je me suis rendu compte de la difficulté à laquelle un soignant pouvait faire face quotidiennement. J’ai tout de même tenté de conserver une attitude professionnelle en cachant mon désarroi et en essayant de montrer de l’assurance dans mes gestes.

En poussant un peu la réflexion, je me suis demandé si les moyens mis en œuvre par l’Hôpital public étaient suffisants pour répondre aux demandes de tous les patients. La charge de travail imposée aux soignants semble parfois bien trop importante et on est en droit de se demander quelles solutions peuvent être apportées à cette problématique.

...